La Nouvelle-Zélande interdit le tabac pour les jeunes nés après 2009, une loi historique

Par Rebecca Zhu
15 décembre 2022 23:22 Mis à jour: 16 décembre 2022 08:23

La Nouvelle‑Zélande a approuvé une loi historique qui interdit aux jeunes nés après le 1er janvier 2009 d’acheter du tabac. Le pays cible un objectif zéro tabac d’ici 2025.

En vertu de cette loi, les Néo‑Zélandais nés après cette date ne pourront jamais acheter légalement de cigarettes.

La législation accélère les progrès vers un avenir sans tabac pour la prochaine génération en vue d’aider la population, a déclaré la ministre adjointe de la Santé, Ayesha Verrall.

« Des milliers de personnes vivront plus longtemps et en meilleure santé, et le système de santé bénéficiera de 5 milliards de dollars (3,2 milliards de dollars américains) en n’ayant pas à traiter les maladies causées par le tabagisme, comme de nombreux types de cancer, des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des amputations », a‑t‑elle déclaré.

Actuellement, 8% des adultes néo‑zélandais sont des fumeurs, ce qui représente la moitié du taux d’il y a dix ans.

« Nous avons bien fait en tant que pays pour en arriver là, mais il y a encore beaucoup à faire. C’est pourquoi la législation adoptée aujourd’hui est si importante. Elle nous place fermement sur la voie du Smokefree 2025 », a ajouté Ayesha Verrall.

(JUSTIN TALLIS/AFP via Getty Images)

La mesure a été adoptée avec le soutien des travaillistes, des Verts et du Te Pati Maori, tandis que les partis National et ACT s’y sont opposés.

Brooke van Velden, cheffe adjointe du parti ACT, a déclaré qu’un tel objectif était théoriquement bon mais qu’il mettrait les magasins locaux en difficulté tout en entraînant un marché noir du tabac.

« Personne ne veut voir les gens fumer… mais nous vivons dans la réalité, et nous savons que cela arrive, et que certaines personnes vont fumer », a‑t‑elle déclaré au Parlement.

« Ce projet de loi, plutôt que d’aider nos communautés, est simplement une prohibition de l’État providence qui causera plus de problèmes dans notre société parce que, en réalité, l’effet est qu’il créera un grand marché noir, il tuera nos magasins de proximité, et il augmentera l’activité illégale et le préjudice dans nos communautés. »

Elle a également noté que le projet de loi, qui limite aussi la quantité de nicotine dans chaque cigarette, obligera les personnes dépendantes à dépenser plus d’argent.

« S’ils fument plus de cigarettes pour obtenir le même effet, ils augmenteront leur consommation de goudron, ce qui est en fait pire pour leur santé. Cela affectera les familles qui peuvent le moins se le permettre. »

Le parti National soutient la réduction de la nicotine et l’objectif d’un avenir sans tabac, mais n’est pas d’accord avec le calendrier précipité des travaillistes pour y parvenir, affirmant que les petits détaillants seront les plus durement touchés.

Nicola Willis, cheffe adjointe du Parti national, a déclaré qu’elle souhaitait voir une réduction progressive du tabagisme au fil du temps afin de minimiser tout dommage collatéral.

« Nous pensons que la dénicotinisation des produits du tabac devrait se faire d’abord, et ensuite, leur retrait progressif du commerce au détail », a‑t‑elle déclaré à Radio NZ.

« En l’état actuel des choses, la proposition consiste à réduire le nombre de détaillants de produits du tabac de 6000 à 600 l’année prochaine. C’est… une réduction drastique, et nous craignons qu’il n’y ait pas eu d’efforts préliminaires pour évaluer les besoins en nicotine dans les produits. »

Les jeunes, plus attirés par le vapotage

La loi ne concerne que les cigarettes à base de tabac et ne couvrent pas les cigarettes électroniques, qui attirent bien plus les jeunes.

Une enquête menée auprès d’élèves de seconde par l’Asthma and Respiratory Foundation NZ (ARFNZ) a révélé que seuls 1,1% d’entre eux fumaient des cigarettes à base de tabac au quotidien, tandis qu’un sur dix (env. 10%) vapotait.

La fondation se réjouit de voir que le vapotage régulier a légèrement diminué, pour la première fois, passant de 20% en 2021 à 18% en 2022.

Letitia Harding, directrice générale de l’ARFNZ, a déclaré que des efforts ciblés continus seraient nécessaires pour « renverser la tendance » au vapotage chez les jeunes.

« Nous ne pouvons pas lever le pied maintenant », a‑t‑elle déclaré le 1er décembre. « Nous devons veiller à ce que les initiatives de lutte contre le vapotage soient également bien dotées en ressources et soutenues afin de protéger la santé de notre rangatahi (jeune génération). »

En 2021, Scott Harding a déclaré que le vapotage pouvait être un outil utile pour les adultes, afin de les aider à arrêter de fumer, mais que l’accès aux cigarettes électroniques pour les jeunes était « vraiment inquiétant ».

Le professeur Scott Harding, cardiologue, a déclaré que si le vapotage peut être moins nocif que les cigarettes classiques, il expose tout de même les utilisateurs à des substances toxiques qui ont des effets dévastateurs sur la santé.

Les substances chimiques addictives comme la nicotine présentent de nombreux risques pour les adolescents. Comme leur cerveau est encore en développement, en particulier les régions responsables de la prise de décision et de la logique, la nicotine peut entraver le développement neurologique, ce qui les expose à un risque accru de dépendance.

Aux États‑Unis, une épidémie d’EVALI (e‑cigarette ou lésion pulmonaire aiguë liée au vapotage) a émergé, atteignant un pic en 2019, et on entend régulièrement parler d’adolescents nécessitant une transplantation pulmonaire.

E-liquides proposés au Smoke Depot le 13 septembre 2018 à Chicago (Scott Olson/Getty Images)

En Australie, une enquête menée par le Bureau australien des statistiques auprès de jeunes de 18 à 24 ans a révélé que plus d’un sur cinq avait essayé le vapotage, tandis que plus de 83% n’avaient jamais fumé de cigarette.

Le Pr Harding a appelé à un renforcement de la réglementation sur le vapotage et a demandé « de toute urgence » que les niveaux maximums de nicotine autorisés dans les cigarettes électroniques soient ramenés de 50 mg/ml à 20 mg/ml, conformément aux niveaux de l’UE.

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