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Là où le vent et les vagues vous appellent : souvenirs du lac Ontario

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Le lac Ontario, le plus à l'est et le plus petit des cinq Grands Lacs d’Amérique du Nord, offre d'excellentes possibilités de navigation et est réputé pour ses vents réguliers et ses paysages magnifiques.

Photo: Kelly Ann Tierney/Getty Images

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Durée de lecture: 12 Min.

    Le lac Huron roule, le lac Supérieur chante,
    Dans les salles de son manoir d’eau glacée.
    Le vieux Michigan fume comme les rêves d’un jeune homme ;
    Les îles et les baies sont pour les sportifs.
    Et plus loin, le lac Ontario
    Accueille ce que le lac Érié peut lui envoyer
Traduction libre d’un extrait de The Wreck of the Edmund Fitzgerald, 1976, par Gordon Lightfoot
Il y a une route qui serpente si joliment à travers les peupliers et les vergers de pommiers sauvages qu’on pourrait penser qu’il s’agit du point culminant de son parcours plutôt que du prélude à une attraction plus grande encore.
Au bout de ces douces courbes bucoliques, le bleu saisissant du grand lac Ontario apparaît. L’horizon aquatique occupe la moitié du ciel, laissant le spectateur perplexe quant à la raison pour laquelle l’eau ne se précipite pas vers la terre devant elle. Les scientifiques attribueraient probablement ce phénomène à la courbe de la Terre, à la réfraction atmosphérique ou à une illusion d’optique d’échelle. Mais tout cela importe peu, car ce qui compte, c’est que ce spectacle ne manquera pas de couper le souffle à quiconque le voit pour la première fois.
Bien que j’aie grandi à quelques kilomètres seulement du lac, cette vue impressionnante, que l’on retrouve dans d’autres régions du littoral, me fascine toujours autant. C’est peut-être parce que mes parents considéraient chaque visite à cette immense étendue d’eau comme un spectacle à attendre avec impatience, à accueillir avec joie et à contempler avec respect.
« Attendez de voir le lac ! » nous disaient-ils juste avant qu’il n’apparaisse à l’horizon.
« Waouh ! » s’exclamait alors l’un d’entre nous, le souffle coupé.
« Il est magnifique aujourd’hui ! » s’exclamait un autre.
Puis, après avoir cherché l’endroit idéal, mes parents se tenaient debout et contemplaient avec amour le lac, comme pour enseigner à leur nouvelle génération de canetons l’importance de l’eau.

Le Fair Haven Beach State Park offre des plages de sable et des falaises pittoresques surplombant le lac Ontario à Sterling, dans l’État de New York. (Matt Champlin/Getty Images)

Quel que soit le temps, beau temps ou mauvais temps, une foule de gens, certains en voiture, d’autres à pied, se pressait sur le rivage, cherchant le réconfort dans le sein spirituel de cette mer intérieure. Si cette description vous semble trop idyllique, considérez l’observation plus analytique de mon frère, selon laquelle ces rassemblements ne sont qu’une variante mineure des mouches à fruits qui se pressent sur le bord d’un verre, contemplant le jus de raisin.
Herman Melville a décrit les « contemplateurs de l’eau » dans son chef-d’œuvre, Moby-Dick : « Mais regardez ! Voici d’autres foules qui se dirigent droit vers l’eau, semblant vouloir plonger. »
« Étrange ! Rien ne les satisfait si ce n’est la limite extrême de la terre. […] Ils doivent s’approcher le plus possible de l’eau sans y tomber. Ils se tiennent là, à des kilomètres, à des lieues. Tous des habitants de l’intérieur des terres […] Pourtant, ici, ils sont tous unis. »
Tout le monde se rendait au bord du lac, car les étés sur le lac Ontario devaient compenser toutes les chutes de neige dues à l’effet du lac et les hivers rigoureux. C’est peut-être pour cette raison que mes parents veillaient à ce que nous passions chaque instant de chaleur estivale immergés dans la nature.

Le phare d’Oswego Harbor West Pierhead est situé à l’embouchure de la rivière Oswego, sur le lac Ontario. (James Mirakian/Pexels)

Au bord du lac, ma mère nous recommandait de rester à l’écart des falaises lorsque des éclairs apparaissaient, tandis que mon père nous apprenait à scruter le ciel pour détecter les orages soudains. Je sens encore mon corps s’adapter aux eaux glacées du lac Ontario, flotter sur les vagues et faire comme s’il n’y avait rien d’autre au monde que l’eau et moi.
Finalement, je sortais de l’eau en éclaboussant tout sur mon passage et courais sur le sable chaud vers les chaises longues et les serviettes de plage chaudes qui m’attendaient. Que quelqu’un ose prétendre qu’il existe des plages plus époustouflantes ou des panoramas plus satisfaisants ailleurs dans le monde, et je le défierai en duel.
Les falaises majestueuses offrent des vues imprenables. Techniquement, une « falaise » désigne une caractéristique topographique, telle qu’une falaise ou un talus, s’élevant à plus de huit mètres au-dessus du niveau des hautes eaux.
Dans l’État de New York, les falaises sont formées par l’érosion des drumlins, des collines en forme de goutte d’eau composées de roche, de sable et d’argile, laissées par le retrait ou la fonte des glaciers.
La région des Finger Lakes, dans le nord de l’État de New York, est sans doute le meilleur endroit au monde pour observer ces formations glaciaires rares appelées drumlins. Si vous visitez les charmants Finger Lakes et que vous roulez vers le nord jusqu’à la rive sud du lac Ontario, vous comprendrez mieux ce qu’est une falaise. Des recherches montrent que les drumlins se prolongent même sous le lac, dans la région connue sous le nom de bassin de Rochester.
Sur la rive nord du lac Ontario, près de Toronto, se trouvent les falaises de Scarborough, que certains comparent aux White Cliffs of Dover (falaises blanches de Douvres, dans le sud-est de l’Angleterre, ndlr). Cependant, le côté américain possède ses propres sites magnifiques, tels que le Chimney Bluffs State Park, avec ses pics et ses pinacles imposants et escarpés, issus de l’érosion glaciaire. Les falaises de Sodus Point, Braddock Bay, Hamlin Beach et Fair Haven Beach State Parks ne sont pas en reste.

Le parc d’État Chimney Bluffs borde la rive sud du lac Ontario. (Elizabeth Caron/Shutterstock)

Pour apprécier pleinement les merveilles géologiques de la région, il faut assister au jeu spectaculaire entre la terre et le ciel, où les falaises encadrent non seulement le paysage, mais servent également de toile de fond à des couchers de soleil inoubliables.
Alors que le soleil descend vers l’eau, des exclamations familières résonnent à travers les générations : « Ça va être beau ce soir », « Dépêchez-vous, le soleil est presque couché » et enfin « Et voilà ! » lorsque le soleil disparaît sous l’horizon, annonçant le crépuscule. Les couchers de soleil sont le moyen utilisé par Dieu pour rassembler les gens, et cela fonctionne depuis des milliers d’années.
Le nom Ontario, dérivé d’un mot iroquois signifiant « eau scintillante », est confirmé de manière éclatante par la vue imprenable depuis le phare d’Oswego Harbor West Pierhead, où la lumière du soleil se reflète sur la surface du lac comme un tapis de diamants scintillants.
Plusieurs autres phares bordent les rives du lac Ontario, depuis le phare de Fort Niagara, à l’extrême ouest, jusqu’au phare de Tibbetts Point, à Cape Vincent, dans l’État de New York. C’est ici que les Grands Lacs se jettent avec révérence dans le fleuve Saint-Laurent, dans leur quête éternelle vers l’océan.
Ces Grands Lacs, ainsi que les voies navigables qui les relient, forment le plus grand réseau d’eau douce de surface de la planète, avec les majestueuses chutes du Niagara comme joyau.

Le lac Ontario compte 53 phares le long de ses rives. (Kvitka Nastroyu/Shutterstock)

La véritable splendeur des chutes du Niagara ne réside pas seulement dans leur hauteur vertigineuse, leurs torrents incessants ou leur puissance impressionnante. Ce qui les rend vraiment extraordinaires, c’est l’union monumentale des quatre Grands Lacs : Supérieur, Michigan, Huron et Érié. Ils canalisent leur puissance collective vers les chutes, descendent la rivière Niagara et se jettent dans les bras du lac Ontario, offrant un spectacle à couper le souffle de l’unité et de la force de la nature. Comme l’écrivait l’auteur et historien français Alexis de Tocqueville en 1831, « rien ne prépare à ce spectacle ».
En 2024, une partie du lac Ontario au large de la côte new-yorkaise a été désignée sanctuaire marin national par la National Oceanic and Atmospheric Administration (Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique). Son site web indique que « les épaves oubliées et les ressources archéologiques cachées dans ces eaux froides et douces sont parmi les mieux préservées au monde, offrant une occasion d’apprendre, de partager et de se connecter au passé ».
Bien qu’il soit célébré dans les chansons, immortalisé dans la poésie, relaté par les historiens et honoré par une désignation nationale, le lac Ontario restera toujours le meilleur ami avec lequel j’ai grandi. Pour chaque contemplateur de plan d’eau debout sur les falaises, observant la brise souffler et les vagues se briser, il parle de manière personnelle et profonde, invitant ces contemplateurs d’eau à revenir, peu importe le nombre d’années qui passent ou la distance qu’ils parcourent.