La répression des Ouïghours dans le Xinjiang se poursuit sans relâche, explique un avocat

Par Hannah Ng & Tiffany Meier
9 février 2023 08:00 Mis à jour: 9 février 2023 08:05

Selon Salih Hudayar, avocat et Premier ministre du gouvernement en exil du Turkestan oriental, la dure répression des Ouïghours dans la région du Xinjiang, à l’extrême ouest de la Chine, se poursuit malgré le fait que les États-Unis et d’autres pays aient reconnu ces atrocités comme relevant d’un génocide.

Selon les estimations des chercheurs, le régime chinois a déjà détenu plus d’un million de Ouïghours et d’autres minorités ethniques dans des camps d’internement du Xinjiang. Ils sont soumis à des tortures, des viols, des travaux forcés et un endoctrinement politique dispensé par le Parti communiste chinois (PCC).

La répression des Ouïghours par Pékin a été qualifiée de génocide par l’administration Trump en 2020.

« La reconnaissance du génocide par les États-Unis a conduit à des déclarations similaires dans près d’une dizaine de parlements de l’Union européenne, du Royaume-Uni, du Canada… et ainsi de suite. Cette reconnaissance a également permis une meilleure prise de conscience quant à la situation des Ouïghours et des autres peuples turcs du Turkestan oriental », déclare M. Hudayar lors de l’émission « China in Focus » du 18 janvier sur NTD, le média partenaire d’Epoch Times.

« Mais hélas, ces mesures n’ont pas suffi pour mettre un terme à ce génocide. Le gouvernement chinois continue de perpétrer un génocide, et ce, même en 2023. Il continue de nier le fait qu’il se livre à un génocide. »

M. Hudayar explique qu’en dépit de la décision prise par le PCC de renoncer à sa politique zéro Covid à l’échelle nationale, la situation reste inchangée dans la région du Xinjiang.

« Le gouvernement chinois, bien qu’il ait officiellement déclaré avoir mis fin aux quarantaines et à la politique draconienne zéro Covid, continue malheureusement à construire des installations dites de quarantaine et des camps d’internement dans les déserts du Turkestan oriental. »

« Donc rien n’a changé en ce qui concerne les Ouïghours. Le génocide se poursuit, la manipulation orchestrée par le gouvernement chinois, et ses mensonges se perpétuent. »

M. Hudayar évoque le Uyghur Forced Labor Prevention Act (Loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours), promulguée par Joe Biden a promulguée en décembre 2021. Elle est entrée en vigueur au mois de juin, interdisant les importations en provenance du Xinjiang à moins que les entreprises prouvent que les produits n’ont pas été fabriqués grâce au travail forcé.

Les Ouïghours estiment que la législation n’est pas assez forte pour mettre fin à cette pratique du travail forcé.

« Nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement du Turkestan oriental [Xinjiang], mais que le gouvernement chinois déplace massivement les Ouïghours, qu’il les déplace de force vers d’autres provinces chinoises, où ils continuent d’être exploités comme des esclaves. »

Pour mettre efficacement fin au travail forcé dans le Xinjiang, l’avocat suggère « la mise en place d’une législation qui interdirait tous les produits fabriqués en Chine ».

« C’est le seul moyen de mettre fin au travail forcé en attendant que la Chine en finisse avec son génocide– En attendant qu’elle autorise des enquêteurs indépendants à se rendre en Chine, pour aller dans le Turkestan oriental, et confirmer qu’elle n’y a pas recours. »

« Ils utilisent le mensonge comme outil diplomatique et comme outil de gouvernance. Nous devons donc prendre ce que dit le gouvernement chinois avec beaucoup de précautions, mener notre propre enquête et évaluer la situation en conséquence. »

Déclin de la population

Alors que les autorités ont annoncé la première baisse démographique annuelle de la Chine depuis des décennies, le génocide de l’ethnie ouïghoure a contribué de manière significative à ce déclin, selon M. Hudayar.

Selon un communiqué du Bureau national des statistiques de Chine, la population du pays a diminué d’environ 850.000 personnes. Elle s’élève à 1,41175 milliard en 2022. Il s’agit de la première baisse annuelle officielle de la population chinoise depuis 1961, dernière année de la Grande famine.

Le déclin de la population ouïghoure représente une part importante de ce chiffre, déclare M. Hudayar. « Depuis 2017, la croissance de notre population a chuté pour atteindre 0% dans certaines régions en raison de la stérilisation forcée, la politique de mariages forcés et la politique d’internement de masse adoptées par le gouvernement chinois. »

Selon un rapport publié en 2021 (pdf) par le Newlines Institute for Strategy and Policy, les femmes ouïghoures sont soumises à des poses forcées de stérilet, des avortements, des injections ou des traitements qui entraînent l’arrêt de leur cycle menstruel, tandis que les hommes ouïghours en âge de procréer sont internés. La population ouïghoure est privée de sa capacité à se reproduire.

En raison de toutes ces politiques qui se rejoignent, les taux de croissance dans les zones à concentration ouïghoure s’approchent toujours plus de zéro, indique le rapport.

Naveen Athrappully a contribué à cet article.

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