La répression du régime chinois contre la liberté religieuse ne fait que s’intensifier depuis la Révolution culturelle, selon un panel d’experts

Par Andrew Chen
30 octobre 2020 20:21 Mis à jour: 30 octobre 2020 20:21

La répression du Parti communiste chinois à l’encontre des chrétiens et d’autres groupes religieux s’est intensifiée ces dernières années, et le Canada ne doit pas rester silencieux sur cette question, selon une table ronde organisée par l’Institut de Cardus Religious Freedom.

La discussion du webinaire, intitulée Mao contre Dieu : le contrôle de l’État sur les églises en Chine sous le dirigeant Xi Jinping, s’est concentré sur la persécution par le PCC des chrétiens, des musulmans ouïgours du Xinjiang, des bouddhistes tibétains et des pratiquants de la pratique spirituelle du Falun Gong.

Le régime communiste a accru l’oppression des droits religieux au cours des dernières années, a déclaré le panéliste Benedict Rogers, co-fondateur et directeur général de Hong Kong Watch, lors du webinaire qui s’est tenu le 26 octobre.

« La Chine connaît aujourd’hui ce que je décrirais comme la pire répression des droits de l’homme dans son ensemble depuis le massacre de Tian’anmen, et la pire atteinte à la liberté religieuse depuis la Révolution culturelle », a déclaré M. Rogers, qui est également membre du groupe consultatif de la campagne Stop au génocide des Ouïgours (Stop Uyghur Genocide).

Le webinaire a également entendu David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada auprès de la Chine de 2009 à 2012. Il a déclaré que le Canada doit s’exprimer avec audace contre la persécution religieuse en Chine.

« Le Canada n’a pas été très déterminé à parler de la persécution religieuse en Chine », a expliqué M. Mulroney.

« L’idée que vous pouvez faire avancer une cause en n’en parlant pas honnêtement est tout simplement de la mauvaise diplomatie. Le gouvernement chinois ne modérera pas son comportement en échange de notre silence ; il assimilera astucieusement notre silence à un consentement. L’évitement ne fonctionne jamais avec le Parti communiste chinois. »

David Mulroney a précisé avoir été témoin du harcèlement de musulmans et de catholiques par des fonctionnaires communistes lorsqu’il était ambassadeur canadien en Chine. Il a également été suivi et menacé par des « voyous » lors de sa visite à Xinjiang – une région de Chine connue pour ses énormes camps de concentration où près de 2 millions de Ouïghours et d’autres musulmans turcs ont été détenus.

« Ces séances ont renforcé mon sentiment que la formation professionnelle des fonctionnaires chinois les rend incapables de comprendre la religion autrement que comme étant une superstition », a-t-il fait remarquer.

« Ce profond manque de compréhension et d’expérience, aggravé par des décennies de propagande anti-religieuse, a engendré l’ignorance et l’intolérance, voire la peur de la religion. »

Benedict Rogers a martelé que le PCC était hostile aux religions parce que le régime officiellement athée s’oppose idéologiquement à la religion. Le gouvernement totalitaire est également inquiet face à tout ce qu’il ne peut pas contrôler, en particulier le rassemblement de grands groupes de personnes, a-t-il dit.

Il a ajouté que la pandémie du Covid-19 a entraîné un réveil de la conscience du grand public à l’égard de la Chine.

« D’après mon expérience en matière de droits de l’homme, ce régime oppressif et tyrannique ne s’arrêtera jamais à un seul groupe de personnes », a ajouté le modérateur David Sweet, député conservateur et fervent défenseur des droits de l’homme. « Ainsi, lorsque nous nous battons pour la liberté religieuse, nous ne nous battons pas seulement pour notre propre camp, mais chaque fois que nous nous battons pour quelqu’un, nous nous battons pour tous. »

Le 27 octobre, le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne a souligné la Journée internationale de la liberté religieuse en notant des cas de persécution religieuse dans des pays comme la Chine, l’Iran et la Corée du Nord, en déclarant qu’il est important de reconnaître le droit des personnes à pratiquer librement leur religion.

« Le Canada reste préoccupé par la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie, la persécution continue des musulmans ouïghours, des bouddhistes tibétains, des pratiquants de Falun Gong et d’autres communautés de foi et de croyance en Chine, l’exclusion économique persistante des bahá’ís en Iran et l’emprisonnement de chrétiens en Corée du Nord », a déclaré M. Champagne dans un communiqué.

« Le Canada continuera à demander aux gouvernements d’accorder aux procédures spéciales de l’ONU un accès immédiat, sans entrave et significatif. »

Persécution religieuse en Chine

Le consensus du webinaire était que l’oppression de la croyance et des croyants par le PCC s’est intensifiée ces dernières années.

« Bien qu’il y ait un fort élément de continuité dans l’antagonisme officiel chinois envers la religion, son approche n’a pas été uniforme au fil des années », a déclaré M. Mulroney.

« L’extrémisme anti-religieux durant la Révolution culturelle a été suivi par une tolérance croissante au début des années 1990 et 2000 – la campagne sanglante du Parti contre le Falun Gong représentant une exception notable et tragique. »

Le Falun Gong, une discipline méditative et spirituelle basée sur les valeurs+ de vérité, bienveillance et tolérance, a gagné une large popularité en Chine dans les années 1990. Craignant sa propagation rapide, l’ancien dirigeant du PCC, Jiang Zemin, a lancé une campagne brutale contre le Falun Gong en 1999. Des dizaines de milliers de sympathisants ont ainsi été emprisonnés, torturés et même soumis à des prélèvements forcés d’organes. Cette campagne a été rendue publique pour la première fois en 2006 par l’avocat canadien des droits de l’homme David Matas et l’ancien membre du cabinet David Kilgour, après la publication d’un rapport d’enquête sur la question.

Après une brève période de relâchement relatif du contrôle sur la religion, la pression a refait surface de façon spectaculaire en 2008, alors que les pays occidentaux étaient mis à mal par la crise économique mondiale.

Les politiques chinoises en matière de restrictions religieuses variaient d’une province à l’autre avant l’administration Xi Jinping, mais en 2018, une réglementation révisée sur les religions est entrée en vigueur, entraînant un renforcement des restrictions contre les chrétiens, a déclaré Benedict Rogers.

« Et ces dernières années, nous avons témoigné de la destruction, incluant le dynamitage d’églises, la destruction de milliers de croix, la fermeture d’églises et l’arrestation de pasteurs », a-t-il indiqué. « Notamment le cas de l’église Living Stone à Guizhou, l’église Early Rain à Chengdu, et en juin 2020 l’église Xingguang à Xiamen. »

Benedict Rogers a également souligné que le PCC tentait de produire une nouvelle version de la Bible pour qu’elle se conforme au programme du Parti communiste, citant Wang Yang, le président de la Conférence consultative politique du peuple chinois.

Lors d’une réunion sur les Affaires religieuses en novembre 2019, Wang Yang a appelé à une « évaluation complète des classiques religieux existants visant des contenus qui ne sont pas conformes au progrès de l’époque ».

Kevin Garratt, un citoyen canadien qui a été emprisonné pendant deux ans en Chine, a également partagé son expérience lors du webinaire.

« Nous devons nous lever, nous devons aborder cette question sur la scène mondiale, mais je sais aussi que nous devons l’aborder dans la prière », a-t-il soumis.

Le Cardus Religious Freedom Institute est un groupe de réflexion basé à Ottawa qui vise à « favoriser l’émergence d’une nouvelle recherche, à faciliter le débat public et à faire participer les institutions démocratiques de notre pays ».

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