La transition énergétique est un leurre

Par Benjamin Zycher
8 avril 2023 14:34 Mis à jour: 10 avril 2023 10:11

La « transition énergétique » continue de recevoir un tonnerre d’applaudissements de la part des suspects habituels du Beltway [idiome pour caractériser les représentants du gouvernement fédéral américain, s’agissant d’une autoroute qui ceinture Washington, Ndlr], un groupe fantaisiste ahurissant à observer. Pour les citoyens ordinaires qui n’ont pas le luxe de s’intéresser aux fantaisies : la « transition énergétique » est un changement majeur, totalement artificiel et politisé, s’agissant de passer des énergies conventionnelles, peu coûteuses, fiables et très propres lorsqu’encadrées de manière appropriée, vers des technologies non conventionnelles telles que l’éolien et l’énergie solaire. Ces technologies sont coûteuses, peu fiables et profondément problématiques sur le plan environnemental en termes de pollution par les métaux, de destruction de la faune et de la flore, d’utilisation massive et inesthétique des sols, d’émissions de polluants et, dans un contexte plus large, de réductions importantes et inexorables de la richesse collective, et donc de la capacité à réinvestir dans la protection de l’environnement.

Mais le Beltway étant ce qu’il est, les fantaisistes sont imperméables à la réalité – jusqu’à ce que les coûts exorbitants, les bouleversements et les absurdités deviennent impossibles à ignorer. Même s’ils reviennent sur leurs déclarations autrefois confiantes selon lesquelles l’économie moderne peut être alimentée par un trois fois rien d’énergie, ils affirment que les problèmes émergents ne sont guère plus que quelques inconforts passagers liés à certaines rigidités actuelles, et que tout ira bien avec un peu plus de temps, de subventions et de pensée magique.

En fait, non. La « transition énergétique » se heurte à des obstacles fondamentaux. Ils relèvent de la nature même de l’énergie non conventionnelle. Ils engendrent des coûts exorbitants. Ils ont des contraintes techniques, d’ingénierie et d’intrants physiques nécessaires bien réelles. Au niveau politique, les installations de production d’énergie non conventionnelle qui sont au cœur de la « transition » font face à une opposition croissante de la part des communautés locales.

Ces réalités – ce mot est important – sont examinées en détail dans un important rapport publié récemment par Mark P. Mills, chercheur principal au Manhattan Institute. Ce court article ne peut lui rendre justice, mais voici un extrait du rapport de M. Mills :

« Dans ces circonstances, les décideurs politiques commencent à comprendre l’énorme difficulté qu’il y a à remplacer ne serait-ce que 10% des hydrocarbures mondiaux – la part fournie par la Russie – sans parler de l’impossibilité de remplacer l’ensemble des hydrocarbures par les technologies solaires, éoliennes et de stockage d’énergie (Solar, wind and battery, SWB). Deux décennies de politiques ambitieuses et des milliers de milliards de dollars de dépenses, allouées pour la plupart aux technologies SWB, n’ont pas abouti l’élimination des hydrocarbures pour la « transition énergétique ». Indépendamment des intentions liées au climat, il est dangereux de croire qu’en dépensant encore plus, et plus rapidement, il en sera possible. Les leçons tirées de la dernière décennie montrent clairement que les technologies SWB ne peuvent pas être utilisées en cas de besoin, ne sont pas intrinsèquement « propres », nécessitent tout de même des hydrocarbures, et ne sont pas bon marché ».

Mills met en évidence un certain nombre de dures réalités, dont les suivantes :

– Les contraintes relevant de la physique, de l’ingénierie et de l’économie des systèmes d’énergies sont indépendantes de toute croyance sur les changements climatiques.
– Les nations, dont l’Europe, les États-Unis, le Canada, l’Australie, qui ont mis en place des réseaux électriques comportant une part plus importante d’électricité éolienne et solaire ont toutes connu de fortes augmentations des coûts de l’électricité, sans compter les importantes subventions financées par les contribuables.
– Le stockage par des batteries au lithium de l’équivalent d’énergétique d’un baril de pétrole coûte au moins 30 dollars. Cela qui explique pourquoi les batteries ne peuvent pas compenser le manque de fiabilité de l’énergie éolienne et solaire, même pour quelques jours, et encore moins pour quelques semaines. « Ni la physique, et encore moins l’ingénierie ou l’économies d’échelle » ne permettrait de surmonter cet inconvénient en termes de coûts.
– Le coût attribué au temps nécessaire à la recharge d’un véhicule électrique rend, à lui seul, ces véhicules non compétitifs, et ce, même en faisant fi du coût des batteries et ceux associés à d’autres problèmes.
– Selon l’Agence internationale de l’énergie, une transition énergétique partielle nécessiterait une augmentation des approvisionnements en lithium, en graphite, en nickel et en terres rares de 4200%, 2500%, 1900% et 700%, respectivement, d’ici à 2040. Cet important enjeu d’approvisionnement en matières premières est « inhérent à la nature des technologies SWB », signifiant que les coûts associés aux énergies non conventionnelles risquent d’augmenter encore plus.

Néanmoins, les illusions se poursuivent. M. Amos Hochstein, un responsable au département d’État, a récemment déclaré devant une commission sénatoriale qu’il est « impératif de diversifier [les sources d’approvisionnement énergétique] et de mettre fin à la dépendance [des États-Unis] à la Russie tout en accélérant la transition vers des énergies propres ». Il ajoute que « le moyen le plus efficace de réduire la demande en combustibles fossiles russes est de réduire la dépendance à l’égard de tous les combustibles fossiles ».

Vous avez entendu ? Si les Européens réduisent leur dépendance à l’égard du gaz naturel russe peu fiable et augmentent leur dépendance à l’égard d’énergies non conventionnelles encore moins fiables, la « sécurité énergétique » de l’Europe s’en trouvera renforcée. Ouah !

Comme le démontre Mark P. Mills de manière irréfutable, il s’agit là d’un véritable délire. Mais le Beltway continue d’incarner le monde de George Orwell, où « la guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage et l’ignorance c’est la force ». Transposé à la « transition énergétique » : « L’énergie chère est bon marché, l’énergie polluante est propre, et la planification centralisée mène à l’utopie ». Seuls les imbéciles peuvent croire de telles choses. Or, une grande partie du Beltway y croit.

Tiré de RealClearWire

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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