L’accord sur les fins de carrière à la SNCF « détricote les acquis de la réforme des retraites », a dénoncé Bruno Retailleau

Par Vincent Solacroup
24 avril 2024 10:40 Mis à jour: 24 avril 2024 12:03

Les Républicains ont vivement critiqué la signature lundi d’un accord sur les fins de carrière des cheminots entre la SNCF et les quatre syndicats représentatifs de la SNCF, dans un contexte de menace d’une nouvelle grève des  contrôleurs lors des ponts du mois de mai. « Le chantage à la grève a payé, la gréviculture a gagné », a déclaré sur Cnews le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Les élus Les Républicains ainsi que le think thank IREF dénoncent les privilèges obtenus pas les cheminots, Jean-Pierre Farandou, président-directeur général de la SNCF, voulant éviter de nouvelles grèves.

Après la CGT-Cheminots, l’Unsa-Ferroviaire et la CFDT-Cheminots la semaine dernière, Sud-Rail a annoncé ce lundi son intention de signer cet accord après consultation de ses adhérents, une unanimité rare au sein du groupe ferroviaire public. L’accord prévoit entre autres une amélioration du dispositif de retraite anticipée, en particulier pour les cheminots ayant occupé des postes à la pénibilité avérée.

Ces derniers, dont font partie les conducteurs, pourront entamer une « cessation anticipée d’activité » 30 mois avant leur retraite avec 15 mois travaillés rémunérés à 100% et 15 mois non travaillés rémunérés à 75%. Pour les contrôleurs, le dispositif est encore plus avantageux avec une cessation d’activité s’étalant sur 36 mois dont 18 mois non travaillés rémunérés à 75%.

D’autres dispositions dans l’accord sont prévues sur le temps partiel de fin de carrière, rémunéré 10% de plus que le temps réellement effectué. La direction a également proposé la création d’un échelon d’ancienneté supplémentaire pour améliorer la rémunération des cheminots en fin de carrière.

« la SNCF achète la paix sociale sur le dos du contribuable, sur celui des usagers »

« C’est une capitulation (…) la SNCF achète la paix sociale sur le dos du contribuable, sur celui des usagers », a déclaré Bruno Retailleau sur CNEWS. Sur les 20 milliards d’euros de subventions publiques reçues par la SNCF (2022), 3,3 milliards sont destinées aux pensions des agents, pointe L’IREF. L’Institut précise également que les contribuables financent plus de 60 % de la pension d’un agent SNCF.

« Ça va se chiffrer en dizaines de millions d’euros : un coût que va encaisser la SNCF et qui va se répercuter sur le coût du train. Il ne faut pas s’étonner si, aujourd’hui, les billets de train sont chers », a encore pointé Bruno Retailleau denonçant le coût d’un tel accord. Cet accord va plomber les comptes de la SNCF, dans un contexte où la rigueur est de mise dans les comptes publics.

En conséquence de la signature de l’accord, Sud-Rail a décidé de ne pas appeler à la grève au mois de mai, comme le syndicat menaçait de le faire après le premier coup de semonce de la grève des contrôleurs en plein week-end de vacances scolaires au mois de février.

Le collectif informel réunissant les contrôleurs, le Collectif national ASCT (CNA), a lui aussi fait savoir qu’il n’appellerait pas à la mobilisation. Sud avait déposé un préavis pour tout le mois de mai pour peser sur les négociations sur les fins de carrière, initialement prévues plus tard dans l’année mais avancées pour désamorcer le conflit des contrôleurs.

Détricotage de la réforme des retraites

L’accord permet de « compenser en partie les effets néfastes de la réforme des retraites », a déclaré à l’AFP le secrétaire fédéral de Sud-Rail, Érik Meyer. Les adhérents du syndicat se sont massivement prononcés en faveur d’une signature. « C’est un accord qui détricote consciencieusement les acquis de la réforme des retraites », a dénoncé Bruno Retailleau (LR).

Une « nouvelle illustration que nous ne sommes pas tous égaux face aux droits sociaux : le monopole et le chantage l’emportent en France sur l’équité, le bon sens et le dialogue », a déclaré David Lisnard le maire LR de Cannes.

Sur la question de la pénibilité, le sénateur LR Philippe Tabarot interroge pointe les avantages accordés alors qu’« il y a d’autres métiers tout aussi pénibles qui n’ont pas ces mêmes avantages ».

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