L’Allemagne suspend l’accueil de migrants en provenance d’Italie «jusqu’à nouvel ordre»

Par Anais Duroy
14 septembre 2023 09:37 Mis à jour: 14 septembre 2023 10:35

L’Allemagne a annoncé mercredi suspendre l’accueil volontaire de demandeurs d’asile en provenance d’Italie, prévu par les accords européens, en raison d’une « forte pression migratoire » et du refus de Rome d’appliquer ces mêmes accords. Le gouvernement allemand a informé Rome de sa décision « fin août », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Cette suspension « jusqu’à nouvel ordre » concerne le « mécanisme volontaire de solidarité européen » qui organise une relocalisation des demandeurs d’asile à partir du pays d’arrivée dans l’UE vers d’autres États membres volontaires, afin de soulager des États comme l’Italie et la Grèce, qui sont des portes d’entrée vers l’Europe.

Berlin explique cette décision par « la forte pression migratoire actuelle vers l’Allemagne » ainsi que par « la suspension persistante des transferts de Dublin par certains États membres », dont l’Italie, qui « renforce les défis majeurs pour l’Allemagne en termes de capacités d’accueil et d’hébergement ».

L’Italie souhaite « arrêter les arrivées » de migrants

Le règlement de Dublin, très controversé parmi les Vingt-sept, prévoit que le pays d’arrivée d’un migrant dans l’UE traite sa demande d’asile. Or, a écrit le journal allemand Die Welt, le gouvernement italien de Giorgia Meloni ne reprend plus les demandeurs d’asile que veulent lui transférer d’autres pays, ayant fait savoir en décembre 2022 à ses partenaires que l’Italie n’avait plus les capacités d’accueil suffisantes.

« Sur plus de 12.400 demandes de prise en charge faites à l’Italie cette année jusqu’à fin août, dix transferts ont été réalisés jusqu’à présent », a confirmé Maximilian Kall, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, au cours d’un point presse gouvernemental.

Giorgia Meloni, qui a remporté les élections législatives il y a un an sur la promesse de mettre un terme à l’immigration massive, a assuré mercredi qu’elle n’était pas surprise par la décision de Berlin. « Le problème de la relocalisation est secondaire », a-t-elle martelé dans un entretien qui sera diffusé mercredi et dont des extraits ont été publiés par les agences de presse italiennes.

« La question (…) est d’arrêter les arrivées en Italie. Je ne vois toujours pas de réponses concrètes », a-t-elle déclaré. Elle a réitéré son appel à davantage d’aide de l’UE, ajoutant : « Nos sites d’accueil (des migrants) sont pleins ».

6000 personnes hébergées pour seulement 400 places

L’Italie est depuis des années l’une des principales portes d’entrée des migrants allant en bateau de l’Afrique du Nord vers l’Europe. Le nombre de ces personnes arrivant par cet itinéraire sur le territoire italien a bondi cette année à près de 124.000 depuis janvier, contre 65.500 au cours de la même période en 2022, d’après les données du gouvernement.

Beaucoup se retrouvent sur l’île de Lampedusa, où le centre d’accueil a prévenu mercredi que sa capacité risquait d’atteindre un « seuil critique ». La Croix-Rouge italienne, qui gère depuis juin ces installations prévues pour moins de 400 personnes, a déploré que plus de 6000 y soient désormais hébergées.

Dans le cadre du mécanisme volontaire de relocalisation, l’Allemagne a jusqu’à présent accepté le transfert de 1700 demandeurs d’asile arrivés dans le sud de l’Europe, sur les 3500 personnes qu’elle s’est engagée à accueillir. « Nous sommes aujourd’hui confrontés à une situation très tendue dans de nombreuses communes d’Allemagne », a insisté le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

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