« L’ascension de la foi » est le seul moyen de se rendre dans cette église chrétienne creusée dans une falaise en Éthiopie, il y a des siècles

Par Michael Wing
5 mai 2023 09:46 Mis à jour: 5 mai 2023 09:46

La foi est mise à l’épreuve pour tous ceux qui entreprennent le périlleux pèlerinage d’Abuna Yemata Guh, l’église troglodyte monolithique du nord de l’Éthiopie, qui s’élève à 122 mètres au-dessus du fond de la vallée.

C’est au Ve siècle que le père Yemata, prêtre chrétien égyptien, aurait pénétré dans la région du Tigré, en Afrique, et, selon la légende locale, aurait érigé un monastère en haut d’une flèche rocheuse, soit pour atteindre le ciel, soit pour se mettre à l’abri de ses adversaires. L’église a été taillée directement dans le grès et la flèche elle-même offre une protection constituée de falaises abruptes de tous côtés.

Il n’y a qu’un seul moyen d’accéder à ce monastère, c’est de faire l’ascension périlleuse de la flèche.

De nos jours, les Éthiopiens considèrent la montée de ces pentes abruptes, pieds nus, comme l’épreuve de la foi, pour mieux s’y agripper, dans un effort grandiose pour s’approcher de Dieu. Les jeunes mères font également ce voyage en portant leur nouveau-né pour le faire baptiser.

Une flèche monolithique domine une vallée du Tigré, en Éthiopie, et abrite une église, Abuna Yemata Guh, taillée dans le calcaire. (chiakto/Shutterstock)
Vue des montagnes du Tigré, en Éthiopie, où se trouve le monastère d’Abuna Yemata Guh, perché au sommet d’une flèche de calcaire. (Tvede/Shutterstock)
Vue de l’église d’Abuna Yemata Guh, dans la région du Tigré, en Éthiopie. (Matyas Rehak/Shutterstock)

Le mystérieux monastère est encore habité aujourd’hui par une vingtaine d’ecclésiastiques chrétiens, dont certains vivent dans ces hauteurs depuis 30 à 40 ans, selon le Daily Mail.

Le prêtre responsable du temple actuellement, Gebre Rufael Asresseha, effectue chaque jour, depuis plus de 50 ans, cette ascension précaire malgré le danger. Il est chargé d’accueillir les visiteurs. Bien que les voyageurs passent devant des tombes où des membres de leur famille ont enterré leurs proches décédés, les récits locaux affirment que personne n’est jamais mort d’une chute au cours de ce voyage.

Le pèlerinage d’Abuna Yemata Guh commence avant même d’atteindre les flèches elles-mêmes. Le trekking fatigant du fond de la vallée jusqu’au flanc de la falaise offre de nombreuses difficultés avant d’atteindre les pieds rocheux du monolithe. Ici, les guides demandent aux voyageurs de se déchausser avant de poser le pied et la main dans les prises latérales polies par des siècles d’utilisation par l’homme.

Lors d’un séjour en 2014, le photographe Philip Lee Harvey, en mission pour Lonely Planet, a expliqué que le vent furieux « vous permet de rester au frais, mais il ne fait que renforcer votre nervosité » lors de l’ascension intimidante qui dure deux heures.

L’ascension pour atteindre l’église d’Abuna Yemata Guh est semée d’embûches. (Tvede/Shutterstock)
Vue aérienne de l’église d’Abuna Yemata Guh dans le Tigré, en Éthiopie. (Evan Williams/CC BY-SA 4.0)
Une étroite corniche mène à l’entrée d’Abuna Yemata Guh, dans la région du Tigré, en Éthiopie. (Matyas Rehak/Shutterstock)

Le sentier vertical est bordé d’un pont de fortune ridiculement branlant, d’un mur de roche à pic de 10 mètres de haut et d’un trou terrifiant entre deux flèches titanesques menant à la dernière étape de l’excursion.

La dernière ligne droite n’offre guère de répit, car il faut longer la falaise sur un rebord de 50 cm de large, surplombant une chute mortelle de 200 mètres de haut vers le canyon en contrebas. Certains disent qu’ils se sentent plus proches de Dieu là-haut.

Jusqu’à ce que l’on soit accueilli par un moine vêtu d’une robe à l’entrée du monastère – un portail taillé directement dans la roche brute – pour découvrir le sanctuaire. C’est peut-être sous l’effet d’un mélange d’adrénaline et de peur de la mort que les visiteurs respirent un moment de sublimité lorsqu’ils posent le pied à l’intérieur d’Abuna Yemata Guh.

Certains habitants de la région attribuent au monastère une présence divine que ne possèdent pas les autres monastères construits en pierre taillée qui jonchent la région du Tigré.

(À gauche) Un moine accueille les visiteurs au bout d’une étroite corniche qui mène à l’entrée de l’église ; (À droite) Vue sur la vallée en contrebas depuis l’entrée d’Abuna Yemata Guh. À gauche : (Charliefleurene/CC BY 4.0) ; à droite : (Felix Friebe/Shutterstock)
Un moine se repose au milieu de peintures vieilles de plusieurs siècles dans l’église Abuna Yemata Guh. (Vladimir Melnik/Shutterstock)
Des peintures réalisées à la tempera aux XVe et XVIe siècles représentent des anges et des apôtres sur le plâtre des murs de l’église. (Matyas Rehak/Shutterstock)
Des peintures à la tempera sur plâtre représentent neuf des douze apôtres dans un ensemble de motifs décoratifs chrétiens. (Matyas Rehak/Shutterstock)

À l’intérieur d’Abuna Yemata Guh, des flaques de cire de bougies jonchent le sol, tandis que les murs sculptés et le plafond de la coupole sont ornés de peintures représentant des figures d’anges et neuf des douze apôtres. Les œuvres, exécutées à la tempera sur plâtre, témoignent d’un style, d’une iconographie et d’une méthode qui remontent au XVe ou au XVIe siècle. La précieuse Bible en peau de chèvre, entre autres, est un trésor qui attire les fidèles depuis des siècles.

Tout en photographiant les moines dévots portant des cierges qui ont élu domicile dans ces chambres surélevées, le photographe Philip Lee Harvey a qualifié cet endroit de « lieu le plus extraordinaire où j’ai jamais été », mais aussi de « lieu le plus inaccessible où l’on m’ait jamais demandé de prendre des photos ».

Le prêtre Gebre Rufael Asresseha, chef du monastère d’Abuna Yemata Guh, tient une Bible en peau de chèvre, qui attire les visiteurs dans cette église depuis des siècles. (Kanokwann/Shutterstock)
Des peintures ornent l’intérieur d’Abuna Yemata Guh, qui se trouve dans la région du Tigré, en Éthiopie. (Framalicious/Shutterstock)
Le Christ et Marie avec les apôtres de part et d’autre sur les murs de l’église d’Abuna Yemata Guh. (Matyas Rehak/Shutterstock)

Selon lui, « il est plus facile de se rendre en Antarctique », mais « cela en vaut la peine ».

Si les fidèles remettent leur vie entre les mains d’une puissance supérieure pour arriver jusqu’ici, ils doivent aussi redescendre. L’Éthiopie abrite quelques-uns des plus anciens vestiges de la chrétienté sur Terre, notamment des églises souterraines et des monastères inaccessibles comme celui-ci. Abuna Yemata Guh, qui est peut-être le plus estimé de tous. Il peut apporter aux visiteurs un réconfort ultime sur le chemin du retour.

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