Le capitaine d’un navire de la flotte fantôme russe arrêté au large des côtes françaises

Le président Emmanuel Macron s'adresse aux journalistes à son arrivée à une réunion informelle des chefs d'État et de gouvernement de l'UE au palais de Christiansborg à Copenhague, le 1er octobre 2025.
Photo: THOMAS TRAASDAHL/Ritzau Scanpix/AFP via Getty Images
La police française a arrêté le capitaine et le second d’un pétrolier, le Boracay, que le président Emmanuel Macron affirme appartenir à la flotte fantôme de la Russie et qui a été lié à des incidents de drones au Danemark et en Norvège.
Stéphane Kellenberger, procureur de la République à Brest, dans l’ouest de la France, a déclaré le 2 octobre que les deux membres d’équipage étaient en garde à vue depuis au moins le 1er octobre.
M. Kellenberger a indiqué qu’une enquête préliminaire avait été ouverte pour « refus de coopérer » et « incapacité à justifier la nationalité du navire », après un signalement du préfet maritime de l’Atlantique aux autorités judiciaires.
Le 1er octobre, M. Macron a déclaré que l’équipage du Boracay avait commis « des fautes très graves » après que le navire eut été lié à des incursions de drones au‑dessus du Danemark.
Les aéroports de Copenhague et d’Oslo, en Norvège, ont dû fermer le 22 septembre après des signalements de drones, et le 25 septembre, le Danemark a indiqué envisager d’invoquer l’article 4 du traité de l’OTAN à la suite de nouvelles incursions dans son espace aérien, qui ont également affecté des bases militaires.
Le 2 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a déclaré sur X : « Merci à nos commandos marine et aux équipages de la Marine nationale qui sont intervenus ce week‑end à bord d’un pétrolier de la flotte fantôme russe, actuellement au mouillage au large de Saint‑Nazaire dans le cadre d’une enquête d’État ».
Selon le site Marine Traffic, le Boracay était destiné à la raffinerie de Vadinar en Inde, sanctionnée par l’Union européenne en juillet pour l’achat de pétrole russe.
Marine Traffic indique que le navire est également connu sous le nom de Pushpa et bat pavillon du Bénin.
D’après Marine Traffic, le Boracay a quitté le terminal pétrolier russe de Primorsk, près de Saint‑Pétersbourg, le 20 septembre, a traversé la Baltique et contourné le Danemark le week‑end dernier, et est désormais au mouillage au large de Saint‑Nazaire, dans l’ouest de la France.
Le président Macron, qui participait à un sommet des dirigeants de l’Union européenne au Danemark, a salué l’intervention de la police française et déclaré : « C’est une bonne chose que ce travail ait été accompli et que nous ayons pu mettre fin à ces agissements. »
« Il y a eu des fautes très graves commises par cet équipage, c’est pourquoi des poursuites judiciaires sont en cours », a‑t‑il déclaré.
Le chef de l’État a estimé que l’incident mettait en lumière « l’existence et la réalité d’un phénomène que nous décrivons et dénonçons depuis longtemps ».
« Flotte fantôme » notoire
Il a affirmé qu’entre 600 et 1000 navires de cette « flotte fantôme » transportent du pétrole russe malgré les sanctions imposées après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Ce secteur est estimé à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
La Russie développe depuis plusieurs années sa flotte de transport clandestine, mais les inquiétudes se sont accrues l’an dernier après que certains de ces navires ont été liés à une série d’incidents visant des infrastructures sous‑marines.
Le mois dernier, Nir Ayalon, fondateur et directeur général de Cydome, une entreprise israélienne de cybersécurité maritime, a expliqué à Epoch Times que les opérateurs de navires, y compris ceux de la flotte fantôme, recourent souvent au « spoofing » GPS (Usurpation d’identité) afin de dissimuler leur position ou leur identité.
Il a estimé qu’environ 1000 « navires fantômes » existent et a ajouté : « De toute évidence, leurs données sont manipulées. Nous savons qu’il ne s’agit pas de données réelles, ou alors ils ne sont pas enregistrés. »
En décembre 2024, l’Allemagne, le Danemark, le Royaume‑Uni et neuf autres pays européens ont convenu de mesures visant à « perturber et dissuader » la flotte fantôme russe.
Le 1er octobre, le porte‑parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué ne pas avoir d’informations sur le navire, tout en affirmant que l’armée russe devait parfois intervenir pour rétablir l’ordre lorsque des pays étrangers adoptaient ce qu’il a qualifié d’« actions provocatrices ».
Les navires russes qui partent des ports de la Baltique, comme Primorsk, ne peuvent atteindre la haute mer qu’en empruntant les détroits entre le Danemark et la Suède, connus sous le nom de Kattegat.
En vertu du traité de Copenhague de 1857, le droit international empêche l’interception de tout navire en transit dans ces détroits.
Cette clause a été scrupuleusement respectée tout au long de la guerre froide, lorsque des sous‑marins et des bâtiments soviétiques transitaient vers le large.
Avec l’Associated Press Reuters

Chris Summers est un journaliste basé au Royaume-Uni qui couvre un large éventail de sujets nationaux, avec un intérêt particulier pour la criminalité, la police et la loi.
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