Logo Epoch Times

Recommandation

plus-iconTransmission et lien social

Le dîner familial, un rituel fondateur

Au-delà du simple repas, le dîner en famille est un moment d’échange et de transmission. Des études confirment ses bienfaits durables sur les enfants et les adolescents. Pourtant, cette tradition tend à s’effacer dans certaines familles.

top-article-image

Photo: bbernard/Shutterstock

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

Je m’en souviens encore très clairement. J’avais seize ans et je dînais avec mes parents à Fort Wayne, dans l’Indiana. Autour de cette table, j’écoutais mes parents – mon père, un modeste entrepreneur en peinture, et ma mère, femme au foyer – exprimer leurs inquiétudes sur l’état du pays. L’inflation galopante conjuguée à une récession, que l’on qualifiait alors de « stagflation », pesait lourdement sur leurs esprits.

Pour mon père, cette situation économique signifiait qu’il devait licencier certains de ses employés – une épreuve qu’il détestait. Il souffrait de devoir annoncer à des ouvriers fidèles, souvent pères de famille, que le travail se faisait rare. Ses inquiétudes portaient non seulement sur l’avenir de notre famille, mais aussi sur celui de ces hommes qu’il respectait profondément.

Ces conversations m’ont profondément marqué. Les réflexions partagées autour de ce dîner familial ont joué un rôle décisif dans l’orientation de ma vie – une trajectoire qui m’a conduit de mes modestes origines dans l’Indiana jusqu’à la Maison-Blanche.

Un lieu de transmission et de dialogue

Les repas en famille sont souvent des moments de lien, où chacun, jeunes comme aînés, peut s’exprimer librement. Pour les plus âgés, c’est l’occasion de transmettre un héritage, de parler d’histoire – comme le fait régulièrement un ami à moi avec sa fille adolescente.

Malheureusement, certains perçoivent aujourd’hui ces repas comme une contrainte plutôt qu’une bénédiction. C’est le cas d’Erin O. White, qui  a expliqué dans le New York Times avoir renoncé à l’effort nécessaire pour maintenir les dîners familiaux. Elle préfère désormais regarder la télévision avec sa famille – un piètre substitut aux conversations sincères et animées qui naissent autour d’une table.

« Tout grand changement commence autour de la table »

Dans son discours d’adieu de janvier 1989, le président Ronald Reagan avait déclaré : « Tout grand changement en Amérique commence autour de la table du dîner. Alors, demain soir, dans la cuisine, j’espère que la conversation commencera. »

Comme le rappelait le président, parler ne se fait pas devant un écran. Contrairement à ce qu’affirme Mme White, regarder des rediffusions de Gilmore Girls en mangeant n’équivaut pas à un véritable échange familial.

Des effets mesurables sur les enfants

Les effets de ces repas peuvent être profonds, notamment sur les enfants. Jane Waldfogel, professeure à l’université Columbia, souligne dans son ouvrage What Children Need : « Les jeunes qui dînent avec leurs parents au moins cinq fois par semaine obtiennent de meilleurs résultats dans de nombreux domaines : ils sont moins enclins à fumer, à boire, à consommer de la marijuana, à se battre, à avoir des relations sexuelles précoces ou à être suspendus de l’école. »

D’autres chercheurs confirment cette observation. Le American College of Pediatricians rappelle : « Les repas en famille ont un pouvoir particulier. Ils sollicitent tous nos sens – la vue, le toucher, le goût, l’odorat et l’écoute des conversations. Ces repas permettent de passer du temps ensemble, de se reconnecter après une journée chargée, de communiquer, d’échanger des valeurs, des idées, et de résoudre des problèmes. »

L’organisation cite des études montrant que les adolescents qui dînent souvent avec leurs parents déclarent entretenir d’excellentes relations familiales. Dans une enquête, 71% des jeunes affirmaient que discuter et passer du temps avec leurs proches constituait le meilleur aspect de ces repas. D’autres recherches font état d’une diminution des troubles alimentaires chez les filles, ainsi que d’une baisse de la consommation d’alcool et de drogues chez les adolescents, garçons comme filles, qui partagent régulièrement le dîner en famille.

Redonner sa place au repas familial

Ainsi, le dîner familial devient l’une des lignes de partage entre ceux qui trouvent leur équilibre dans la vie et ceux qui peinent à le faire.

Plutôt que d’abandonner ces moments, comme le suggère Mme White, il conviendrait de leur redonner la place qu’ils méritent. C’est là, selon les mots du président Reagan, que « le grand changement » peut commencer – un changement porteur d’effets positifs, aujourd’hui comme demain.

Un rituel qui forge les destins

Pour ma part, c’est autour de cette table modeste que s’est dessinée ma voie, me menant du foyer d’un entrepreneur en peinture de Fort Wayne jusqu’au bureau d’un conseiller du président des États-Unis.

Mon parcours a commencé autour d’un simple dîner en famille. Et je suis convaincu que d’innombrables jeunes, hier comme aujourd’hui, continueront de tracer le leur à la lumière de ce même rituel essentiel.

Les repas en famille sont une bénédiction, non un fardeau – et l’on peut espérer qu’ils perdurent longtemps encore.

Timothy S. Goeglein est vice-président de Focus on the Family, Washington, D.C., et auteur du nouveau livre "Toward a More Perfect Union : The Cultural and Moral Case for Teaching the Great American Story" (Fidelis Publishing, 2023).

Articles actuels de l’auteur