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plus-iconL’ère du silence

Le ghosting, symptôme le plus flagrant du déclin de la civilité

Autrefois perçu comme une lâcheté, le ghosting est désormais devenu une habitude, aussi bien dans le monde du travail que dans les relations personnelles.

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Photo: beton studio/Shutterstock

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Durée de lecture: 6 Min.

Les bonnes manières et le savoir-vivre connaissent un déclin manifeste, et nulle part cela n’est plus visible que dans la montée du ghosting (de l’anglais ‘to ghost’, « ne plus donner signe de vie »), ou la fantômisation. Jadis considéré comme un comportement lâche, il s’est banalisé sous l’effet des technologies et de l’évolution des normes sociales.
Autrefois jugé impoli et lâche, le ghosting est devenu une zone de confort. Les jeunes générations, souvent anxieuses à l’idée d’une confrontation directe, trouvent refuge derrière l’écran pour éviter tout malaise. La technologie a déformé notre boussole morale, instaurant une culture du moi d’abord, où le confort personnel prime sur la courtoisie et la conclusion respectueuse d’une relation.
Au lieu de chercher à renforcer leur confiance, à améliorer leurs compétences sociales ou à surmonter leur anxiété, beaucoup attendent désormais que « le monde s’adapte à leurs difficultés ». Le ghosting leur permet d’éviter leurs propres problèmes en en transférant la responsabilité sur autrui.
Cette tendance s’inscrit dans un contexte plus large d’érosion de la civilité. Au début des années 2000, Internet et les réseaux sociaux ont commencé à monopoliser notre attention. Ce qui était autrefois des objectifs nobles, contribuant à la communauté, à la responsabilité civique et aux bonnes manières, s’est transformé en impératifs moraux définis par la politique et l’identité. Plutôt que de rechercher un terrain d’entente, on nous demande de nous attarder sur les griefs du passé.
Le résultat, c’est une ère de la susceptibilité. S’exprimer exige désormais de marcher sur des œufs pour ne heurter la sensibilité de personne.
De nombreux influenceurs prônent la mise en place de « limites » et la rupture avec les personnes jugées « toxiques ». Ces limites peuvent être saines, mais lorsqu’elles deviennent des règles absolues, elles fragilisent les liens familiaux, les amitiés, la collégialité et, plus largement, le tissu social.
La vérité est simple : on ne peut pas contrôler le comportement d’autrui. La civilité, l’empathie ou le professionnalisme ne se décrètent pas par la loi. L’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 protège la liberté d’expression, y compris lorsqu’elle prend la forme du silence ou de l’impolitesse.

Deux points essentiels sont à garder à l’esprit au sujet du ghosting :

  1. Vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un d’y avoir recours.
  2. Vous n’avez aucun droit constitutionnel à ce que l’on vous réponde.
La vie numérique rend le ghosting d’une facilité déconcertante. En quelques secondes, il est possible de passer d’une accessibilité totale à un silence complet, sans conséquence apparente. Ce sentiment d’impunité nous aveugle sur l’essentiel : ce comportement blesse parce qu’il réveille en chacun le besoin fondamental d’appartenance et d’amour.
C’est pourquoi les demandeurs d’emploi sont souvent les plus virulents à dénoncer le ghosting. Selon une enquête menée en 2024 par la plateforme de recrutement Greenhouse, 61 % des candidats affirment avoir été ignorés après un entretien. Bien qu’internationale, l’étude reflète également la frustration des postulants canadiens. À l’inverse, un sondage réalisé en 2023 par Indeed révèle que 37 % des candidats canadiens reconnaissent avoir eux-mêmes pratiqué le ghosting, notamment en ne se présentant pas aux entretiens sans prévenir.
Le ghosting est-il paresseux et vil ? Absolument. Mais le comparer à de la maltraitance est exagéré. Dans un monde où de véritables atrocités sont commises, le ghosting est un affront mineur. Comme nous le rappelle la prière de la Sérénité : « Acceptez ce que vous ne pouvez pas changer, changez ce que vous pouvez changer, et sachez faire la différence. »
Au fond, le ghosting est une question de contrôle. En disparaissant, on prive l’autre de toute possibilité d’influer sur sa décision. Une conversation pourrait mener à des reproches, des tensions, voire à des complications juridiques dans le cas d’un recrutement. Pour ceux qui le pratiquent, le silence devient un bouclier.
Certains affirment que le ghosting nuit à la réputation. Mais une entreprise a-t-elle déjà été sérieusement affectée pour avoir ignoré des candidats ? Peut-on démontrer une perte financière liée à cette pratique ? Connaissez-vous quelqu’un dont la réputation ait souffert simplement pour avoir pratiqué le ghosting ?
Dans une société obsédée par la commodité et le jetable, il n’est guère surprenant que cet état d’esprit ait gagné nos relations personnelles. Le ghosting n’est pas le signe d’un progrès, mais d’un déclin. C’est la manière la plus simple – et la moins risquée – de dire : « J’en ai fini avec toi. »
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position d’Epoch Times.
Nick Kossovan, un vétéran chevronné du monde de l'entreprise, donne des conseils pour la recherche d'emploi.

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