Le « Great Reset », un « grand recul »

Par Gabriël Moens et Augusto Zimmermannn
18 mars 2022 20:19 Mis à jour: 19 mars 2022 14:04

« Vous ne posséderez rien et vous serez heureux. » Cette déclaration déconcertante émane du Forum économique mondial (WEF), une organisation internationale de lobbying non gouvernementale créée en 1971 par l’ingénieur et économiste allemand Klaus Schwab.

Le forum siège en Suisse et, depuis sa création, il a parrainé des projets adoptés avec enthousiasme par ceux qui cherchent à renverser l’ordre économique mondial existant.

Le WEF organise le célèbre forum de Davos, où des économistes de premier plan, hommes politiques, voire quelques têtes couronnées, partagent leurs points de vue sur les développements sociaux, financiers, économiques et politiques dans le monde. Dernièrement, le WEF promeut avec force le « Great Reset ». Mais de quoi s’agit‑il ?

Klaus Schwab et Thierry Malleret ont publié un livre en juillet 2020, intitulé « Covid‑19 : The Great Reset ». L’ouvrage tend à identifier les faiblesses du capitalisme exposées grâce la pandémie.

Mais l’idée remonte à 1971, lorsque Klaus Schwab fondait le WEF et lançait le concept de « capitalisme participatif » [« skateholder capitalism » aussi traduit par « capitalisme des parties prenantes », ndlr.], qui encourage les entreprises à renoncer à leur but lucratif pour embrasser une finalité purement sociale. L’expression Great Reset est devenue courante à partir de 2010, après la publication du livre « The Great Reset » de Richard Florida.

Le Great Reset peut être décrit comme un plan radical international‑socialiste conçu pour formater l’économie mondiale. L’objectif est d’installer un système totalitaire hautement centralisé et fortement réglementé, semblable au système de crédit social en Chine.

Un trader se frotte la tête à la bourse de Francfort, en Allemagne, le 25 juillet 2002. (Sean Gallup/Getty Images)

À noter que Klaus Schwab ne manque jamais de faire l’éloge du chef du Parti communiste chinois (PCC), Xi Jinping. Cette année, par exemple, il a déclaré devant le chef d’État que la Chine avait accompli « d’importantes réalisations sociales et économiques sous sa direction ».

Suite à la pandémie de Covid‑19, le Great Reset offre de reconstruire la société « durablement ». Ce processus nécessite le démantèlement du système actuel de « capitalisme actionnarial » et la disqualification de « l’individualisme ».

Klaus Schwab et d’autres leaders du Great Reset avance des arguments contre le capitalisme actionnarial depuis les années 1970.

Aujourd’hui, la pandémie du Covid‑19 représente une opportunité unique de transformer le monde en renforçant la révolution numérique et en sauvant la planète des effets supposés du changement climatique.

La révolution numérique a une portée considérable et permettra de s’immiscer dans tous les aspects de la vie, y compris nos pensées et aspirations personnelles, de remodeler les sociétés et les économies grâce à une technologie invasive.

Elle implique le remplacement de la forme traditionnelle du capitalisme actionnarial par le capitalisme participatif, le rejet d’un modèle entrepreneurial visant à maximiser le profit des actionnaires.

Le capitalisme participatif défend l’idée que les entreprises doivent servir le bonheur et le confort de toutes les parties prenantes, de tous les membres de la société.

Cette idée justifie l’effort pharaonique de redistribution des richesses et toutes les mesures visant à réduire les différences économiques entre les pays.

À ce titre, le Great Reset s’inspire du type de « capitalisme » promu en République populaire de Chine, décrit comme « une économie à deux niveaux, avec des monopoles rentables et l’État en haut, en bas, le socialisme qui régit la majorité ».

Bien entendu, l’idée selon laquelle les entreprises devraient renoncer à faire des bénéfices et poursuivre le bien‑être général des populations et de l’ensemble du monde est déroutante. On demande aux entreprises de balayer leur fonctionnement de toujours, traditionnel et intuitif.

Dans un article éclairant, l’universitaire américain Michael Rectenwald affirme que « le capitalisme participatif exige non seulement des entreprises qu’elles réagissent aux pandémies et aux problèmes écologiques tels que le changement climatique », mais aussi qu’elles repensent entièrement leurs devoirs envers les populations vulnérables dans leurs environnements (écosystèmes variés).

Il note qu’à cet effet, la communauté internationale a déjà développé l’indice environnemental, social et de gouvernance (ESG) pour « faire en sorte que la propriété et le contrôle de la production échappent à ceux qui ne se réveillent pas ou ne s’y conforment pas ».

Le capitalisme participatif implique la collaboration du monde des affaires avec un gouvernement mondial pour écraser l’esprit d’individualisme, cet esprit même qui alimente le modèle actionnarial.

La pandémie de Covid‑19 a beaucoup avantagé les partisans du Great Reset, elle a permis la faillite de nombreuses petites entreprises, elle a facilité la mise en place de systèmes autoritaires, mis à mal l’esprit de compétition en économie, celle‑ci étant désormais sous la tutelle insoutenable de l’État‑providence. Enfin, tout en écrasant les secteurs indépendants de l’économie, la pandémie a aussi porté un coup terrible dans le système éducatif des enfants.

Un chantier de tramway fermé dans le quartier central des affaires de Parramatta à Sydney, en Australie, le 31 juillet 2021. (Lisa Maree Williams/Getty Images)

Par ailleurs, la pandémie a également accéléré le contrôle numérique des populations et permis l’avancée phénoménale des technologies de reconnaissance faciale et de collecte de données. Grâce à la crise sanitaire, ces technologies ont pu accompagner des mécanismes de contrôle qui n’ont rencontré aucune entrave, des décrets obligatoires sur les vaccins qui se sont imposés sans difficulté. Désormais, d’énormes problèmes d’approvisionnement sont soigneusement éludés tandis que prospère la rhétorique illusoire du « zéro émission nette ».

La réaction autoritaire des gouvernements face à la pandémie a plongé le monde dans une dimension dystopique.

Les changements liés à la révolution numérique, en eux‑mêmes, ne sont ni inhabituels ni indésirables, mais le détournement de ces progrès technologiques pour réaliser le Great Reset constitue véritablement une menace.

La cancel culture, le politiquement correct, les mouvements type BLM (Black Lives Matter), autant de tendances sociales qui visent à favoriser le Great Reset.

La principale fondatrice de BLM, Patrisse Khan‑Cullors, a décrit le mouvement dans son best‑seller « When They Call You a Terrorist : A Black Lives Matter Memoir » [Quand ils vous traitent de terroriste : mémoire de Black Lives Matter, ndt.], n’hésitant pas à faire part de sa « reconnaissance pour le travail du Parti communiste américain, en particulier des communistes noirs ».

Quant à la cancel culture, Alan Dershowitz, professeur de droit de la Chaire Felix Frankfurter à l’université de Harvard, la décrit comme le « nouveau maccarthysme de la génération ‘woke' ».

Comme avec l’ancien maccarthysme, explique‑t‑il, « elle met fin à des carrières, détruit des héritages, brise des familles et entraîne même des suicides – sans un semblant de procédure régulière ou possibilité de réfuter des accusations souvent fausses ou exagérées ».

Enfin, le « politiquement correct ». Alan Dershowitz explique comment « le terme même a été inventé sous le régime stalinien pour imposer des limites à la liberté d’expression, à la liberté de pensée et à d’autres libertés ».

Tous ces mouvements internationaux‑socialistes convergent vers un objectif commun, celui de supprimer tout ce qui peut s’opposer à l’agenda communiste du Great Reset. La délation, l’anéantissement de la liberté d’expression, l’écrasement de l’individualisme, l’intelligence artificielle, la reconnaissance faciale, la discrimination punitive orchestrée par les gouvernements contre les non‑vaccinés, l’attribution d’un score de crédit social autant de remaniements visant à faciliter l’avènement d’un nouvel ordre économique mondial.

Un trader sur le parquet de la bourse de New York lors de la clôture du Dow Jones, à New York, le 8 juin 2017. (Bryan R. Smith/AFP/Getty Images)

Il est difficile de croire qu’un « capitalisme participatif » puisse jamais fonctionner. En effet, pourquoi voudrait‑on monter une entreprise si ce n’est pour en tirer des bénéfices ?

Il est à prévoir que si le Great Reset fonctionne, ce sera un frein à la création d’entreprises, et le « capitalisme » n’aura que peu à voir avec ce qu’il est aujourd’hui. En effet, le « capitalisme participatif » méconnaît fondamentalement la nature de l’homme, qui est de s’occuper de lui‑même, sans être entravé par un « Great Reset » ni un « capitalisme communiste ».

L’Australie progresse rapidement dans cette nouvelle voie subversive et prépare courageusement « le meilleur des mondes ». À cette fin, le gouvernement fédéral a lancé l’Industry 4.0 Advanced Manufacturing Forum, dont le site Web promeut le raccord du monde physique avec le monde numérique qui « compensera les défis traditionnels tels que les coûts élevés de la main‑d’œuvre ou la distance [pour accéder à certains] marchés ».

En analysant ses tentatives résolues pour changer le fonctionnement et la finalité des entreprises, Michael Rectenwald conclut que le « Great Reset » est davantage un « grand recul ». Il conclut son article avec optimisme en prédisant que le Great Reset échouera car ses objectifs « dépendent de l’oblitération non seulement des marchés libres mais aussi de la liberté individuelle et du libre arbitre ».

Selon lui, la réinitialisation est vouée à l’échec si nous la combattons « de toutes nos forces ».

Espérons que ses prévisions soient justes, car la formule du WEF « vous ne posséderez rien et vous serez heureux » est totalement insensée et semble oublier que notre société est composée d’individus dotés du libre‑arbitre.

Pour conclure, les partisans du Great Reset considèrent la pandémie du Covid‑19 comme une opportunité d’introduire un nouveau type de communisme du 21e siècle. Si leur projet devait réussir, le système économique actuel serait remplacé par un système économique centralisé piétinant les droits individuels.

Ceux qui attachent de l’importance à la vie privée, la propriété, la liberté d’expression, une gouvernance démocratique, doivent prêter attention au programme suspect du Great Reset et à sa mise en œuvre par le gouvernement fédéral australien en ce moment même.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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