Le Kremlin accuse Washington d’aider l’Ukraine à frapper au cœur du territoire russe

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, attend avant la rencontre entre le président russe et le premier ministre éthiopien à Moscou, le 25 septembre 2025. (Photo by Ramil Sitdikov / POOL / AFP)
Photo: by RAMIL SITDIKOV/POOL/AFP via Getty Images
Le Kremlin a déclaré le 2 octobre qu’il estime que les États-Unis et l’OTAN fournissent déjà à l’Ukraine des renseignements opérationnels réguliers, réagissant à des informations de la presse américaine selon lesquelles Washington s’apprête à partager des données de ciblage plus précises pour des frappes en profondeur sur le territoire russe.
Selon le Wall Street Journal et Reuters, les États-Unis envisagent de transmettre à Kiev des renseignements sur des infrastructures énergétiques russes telles que des raffineries, des oléoducs et des centrales électriques. Les mêmes articles indiquent que Washington a également demandé aux alliés de l’OTAN d’apporter un soutien similaire, tout en évaluant l’envoi de missiles à plus longue portée à l’Ukraine.
« Les États-Unis d’Amérique transmettent des renseignements à l’Ukraine de manière régulière et en temps réel », a déclaré aux journalistes à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
« Le recours et l’utilisation de l’ensemble de l’infrastructure de l’OTAN et des États-Unis pour collecter et transférer des renseignements aux Ukrainiens sont évidents. »
La Maison-Blanche n’a pas répondu aux demandes de commentaires sur les déclarations de M. Peskov, ni confirmé si l’administration Trump prévoit effectivement de fournir à l’Ukraine des renseignements visant des infrastructures énergétiques en profondeur à l’intérieur de la Russie.
Les améliorations des missiles russes dépassent les défenses
L’Ukraine éprouve des difficultés croissantes à contrer l’évolution des tactiques russes en matière de missiles.
Les forces ukrainiennes ont intercepté 37 % des missiles balistiques russes en juillet, un taux qui s’est effondré à 6 % en septembre, selon un rapport du Financial Times, qui attribue cette chute à des améliorations des systèmes russes rendant l’interception plus difficile.
Au lieu de suivre une trajectoire prévisible, les missiles manœuvrent désormais brutalement en phase terminale, piquant à forte inclinaison ou changeant de cap pour déjouer les systèmes Patriot américains. Un responsable ukrainien cité dans l’article a qualifié ces évolutions de « game changer » en faveur de la Russie.
Une évaluation récente de l’Agence de renseignement de la défense américaine corrobore ce constat, soulignant que l’Ukraine peine à employer efficacement les Patriots « en raison des récents perfectionnements tactiques russes, notamment des améliorations permettant à leurs missiles de modifier leur trajectoire et d’effectuer des manœuvres plutôt que de voler selon une trajectoire balistique traditionnelle ».
Cette évaluation indique également que la Russie a affiné ses tactiques de missiles et de drones en combinant des variations d’altitude et des approches d’encerclement, notamment autour de Kiev, afin de saturer les radars depuis plusieurs axes.
Au-delà des missiles, les forces russes ont intensifié l’emploi de drones guidés par fibre optique résistants au brouillage, et déployé des drones dits « dormants » qui restent en veille sur le champ de bataille avant d’exploser contre des véhicules ukrainiens.
Selon la DIA (Defense Intelligence Agency : agence du renseignement de la Défense, ndlr), ces adaptations témoignent d’un effort constant de Moscou pour sonder les faiblesses de la défense aérienne ukrainienne et s’ajuster plus rapidement que Kiev et ses partenaires occidentaux ne peuvent adapter les Patriot et autres systèmes d’interception.
Kiev vise des frappes lointaines avec des missiles américains
Ces informations interviennent alors que les États-Unis étudient aussi une demande ukrainienne portant sur l’acquisition de missiles Tomahawk, dont la portée de 2500 kilomètres permettrait d’atteindre aisément Moscou et la majeure partie de la Russie occidentale depuis l’Ukraine.
L’Ukraine a également développé son propre missile de longue portée baptisé Flamingo, mais les volumes restent inconnus, l’engin n’en étant qu’à ses débuts de production.
Le vice-président JD Vance a confirmé que l’administration examine la demande de Kiev, le président Trump devant rendre la décision finale.
« Nous étudions la question, et nous examinons un certain nombre de requêtes européennes », a déclaré M. Vance à Fox News, lors d’un entretien vidéo.
« Ce que fera le président, ce sera [en fonction de] l’intérêt supérieur des États-Unis d’Amérique. »
« C’est la boussole qui guide ses décisions de politique étrangère comme de défense, et ce sera la même heuristique que nous appliquerons pour répondre à la question des Tomahawk. »
Moscou a averti que tout transfert de Tomahawk par les États-Unis constituerait une escalade « dangereuse ». Dmitri Peskov a déclaré aux journalistes, le 2 octobre, qu’une telle décision appellerait une réponse de la Russie.
« En effet, des représentants de la direction américaine ont, dans un entretien cette semaine, évoqué de possibles livraisons de tels missiles, et, plus largement, admis la possibilité de frappes en profondeur sur le territoire russe », a indiqué le porte-parole du Kremlin, selon l’agence publique russe Tass.
« C’est, bien sûr, un symptôme très préoccupant, et Moscou ne peut l’ignorer. Nous l’avons relevé. Et si cela se produit, cela marquera une nouvelle escalade majeure des tensions qui appellera une réponse adéquate de la part de la Russie. »

Tom possède une vaste expérience du journalisme, de l'assurance-dépôts, du marketing et de la communication, ainsi que de l'éducation des adultes. Le meilleur conseil en écriture qu’il ait jamais écouté est celui de Roy Peter Clark : « Atteignez d'abord votre objectif » et « gardez le meilleur pour la fin ».
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