Le Kremlin conteste l’affirmation américaine qui attribue à une filiale de Daech la responsabilité de l’attentat de Moscou

Poutine, semble vouloir jeter la responsabilité sur Kiev et son puissant allié occidental.

Par Adam Morrow
26 mars 2024 12:27 Mis à jour: 26 mars 2024 15:32

Moscou a contesté l’affirmation de Washington selon laquelle une branche du groupe terroriste État islamique (Daech) est à l’origine de l’attaque de masse perpétrée la semaine dernière à Moscou, qui a fait des dizaines de morts.

« Une question pour la Maison Blanche : Êtes-vous sûrs qu’il s’agit de Daech, ou allez-vous changer d’avis plus tard ? » a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, le 25 mars.

Dans des propos cités par l’agence de presse russe TASS, elle a affirmé que Washington cherchait à « dissimuler » sa propre implication et celle de ses alliés à Kiev en imputant l’incident meurtrier au groupe terroriste.

« Les ingénieurs politiques américains se sont mis dans le pétrin en affirmant que Daech aurait perpétré l’attentat », a déclaré Mme Zakharova.

Washington, a-t-elle ajouté, a cherché à « se couvrir ainsi que son mandataire, le régime [de Kiev], en recourant au croquemitaine de Daech ».

Dans la soirée du 23 mars, quatre hommes armés sont entrés dans le Crocus City Hall de Moscou et ont ouvert le feu sans distinction sur la foule qui assistait à un concert.

À la fin de l’attaque, au moins 137 personnes ont trouvé la mort, dont plusieurs enfants, et plus de 180 personnes ont été blessées.

Cet attentat pourrait être l’incident terroriste le plus meurtrier survenu en Russie depuis vingt ans.

Selon les autorités russes, 11 hommes, dont les quatre tireurs présumés, ont été arrêtés.

Plusieurs des suspects ont été arrêtés à Briansk, dans l’ouest de la Russie, alors qu’ils tentaient de franchir la frontière avec l’Ukraine voisine.

Ils sont actuellement interrogés par les autorités russes.

Une vue de la salle de concert Crocus City Hall en feu suite à la fusillade qui s’est produite à Krasnogorsk, dans la banlieue de Moscou, le 22 mars 2024. (STRINGER/AFP via Getty Images)

Poutine pointe du doigt Kiev

Les autorités russes se sont empressées de rejeter la responsabilité de l’attaque sur l’Ukraine, dont les régions orientales subissent une invasion russe depuis le début de l’année 2022.

Lors d’une allocution télévisée, le président russe Vladimir Poutine a affirmé que les auteurs de l’attentat ont tenté de fuir en Ukraine après la tragédie.

« Ils se sont dirigés vers l’Ukraine où, selon des données préliminaires, une fenêtre leur était ouverte du côté ukrainien pour franchir la frontière », a affirmé Poutine, sans fournir de preuves.

Kiev, pour sa part, nie catégoriquement tout rôle dans l’incident.

« Il serait à la fois cynique et contre-productif pour la Russie et la sécurité de ses citoyens d’utiliser ce prétexte contre l’Ukraine », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy dans un message vidéo.

Quelques heures après l’attentat, Washington a semblé exclure l’implication de Kiev, affirmant disposer de renseignements confirmant que Daech était responsable.

Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, a déclaré que les autorités américaines avaient averti leurs homologues russes au début du mois de l’existence d’un « projet d’attentat terroriste à Moscou pouvant viser de grands rassemblements ».

Ces informations, a-t-elle ajouté, ont « incité le département d’État à émettre un avis public à l’intention des Américains vivant en Russie ».

« Le gouvernement américain a également partagé ces informations avec les autorités russes, comme il le fait dans ces cas, face à son ‘devoir d’avertir' », a poursuivi Mme Watson.

Un responsable américain cité par Reuters a semblé attribuer l’attaque à une filiale de Daech connue sous le nom de Daech-Khorasan (Daech-K), qui aurait émergé en Afghanistan il y a une dizaine d’années.

Fin 2022, le groupe Daech-K aurait revendiqué un attentat contre l’ambassade de Russie à Kaboul, qui a fait six morts, dont deux employés de l’ambassade.

Début janvier, Daech a réclamé la responsabilité de deux attentats suicides qui ont fait des dizaines de morts dans la ville de Kerman, dans le sud-est de l’Iran.

Au moment des faits, Reuters, citant des sources des services de renseignement américains, a rapporté que des communications interceptées avaient confirmé le rôle de Daech-K dans l’attentat, le plus meurtrier de l’histoire moderne de l’Iran.

La semaine dernière, le même groupe a reconnu être à l’origine d’un attentat suicide dans la ville afghane de Kandahar, qui a fait trois morts, selon des sources locales.

Depuis, Daech a également revendiqué – par l’intermédiaire de son agence de presse Amaq – l’attentat meurtrier perpétré la semaine dernière à Moscou, en diffusant des images vidéo montrant apparemment l’attentat en cours.

Le 25 mars, la France a rejoint les États-Unis en affirmant disposer de renseignements qui indiquent que l’attentat de Moscou a été perpétré par Daech.

« Les informations dont nous disposons (…) et nos principaux partenaires, indiquent effectivement qu’une entité de l’État islamique serait à l’origine de cette attaque », a déclaré à la presse Emmanuel Macron.

Des personnes blessées par deux explosions successives qui ont frappé une foule célébrant l’anniversaire de l’assassinat en 2020 du général de la Garde Qasem Soleimani, arrivent dans un hôpital de la ville de Kerman, dans le sud de l’Iran, le 3 janvier 2024. (SARE TAJALLI/ISNA/AFP via Getty Images)

Daech « reste une menace », déclare une envoyée des États-Unis

Présenté comme une branche d’Al-Qaïda, Daech s’est emparé de vastes pans de la Syrie et de l’Irak en 2014.

En 2019, le groupe a été en grande partie éradiqué par des forces dirigées par les États-Unis et l’armée russe, cette dernière collaborant avec l’armée syrienne depuis 2015.

Quelque 2500 soldats américains sont toujours présents en Irak (et 900 autres en Syrie) et font partie d’une coalition internationale spécifiquement chargée d’empêcher toute résurgence du groupe.

Les forces américaines déployées en Irak sont maintenues dans le pays en vertu d’un accord passé avec Bagdad.

Au lendemain de l’attentat de Moscou, Alina Romanowski, ambassadrice des États-Unis en Irak, a insisté sur le fait que Daech continuait à représenter une menace sérieuse.

« Daech est toujours une menace ici [en Irak] », a-t-elle déclaré à Reuters, tout en admettant que le groupe avait « fortement diminué ».

« Comme nous le rappelle cet événement [à Moscou], Daech est un ennemi terroriste commun qui doit être combattu partout », a souligné Mme Romanowski.

Mais des personnalités politiques irakiennes de premier plan, dont le premier ministre Mohammed al-Sudani, ont contesté cette affirmation, estimant que le groupe ne constituait plus une menace significative et que la coalition dirigée par les États-Unis était devenue superflue.

Après une récente série de frappes américaines sur des cibles « terroristes » en Irak, un porte-parole de M. Al-Sudani a déclaré que la coalition était devenue « un facteur d’instabilité ».

En janvier, M. Al-Sudani a fait part de sa « position ferme sur la question de la dissolution de la coalition internationale [en Irak], à présent que la justification de son existence n’existe plus ».

Dans ses derniers commentaires, Mme Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a affirmé que les interventions répétées des États-Unis au Moyen-Orient avaient conduit à l’émergence de groupes terroristes.

Elle a ensuite accusé Washington de favoriser ce qu’elle a décrit comme un « chaos contrôlé » dans la région par l’utilisation de mandataires terroristes.

Epoch Times a demandé au Département d’État américain de commenter les affirmations de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, mais n’a reçu aucune réponse à l’heure de la publication de cet article.

Reuters a contribué à la rédaction de cet article.

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