Le Nuad, l’art millénaire du massage thaï, candidat à l’Unesco

Par Epochtimes.fr avec AFP
9 décembre 2019 11:52 Mis à jour: 9 décembre 2019 12:33

Sari s’assied sur les pieds de son partenaire, couché sur le ventre, et enfonce profondément ses deux pouces le long de sa colonne vertébrale. Elle apprend l’art du Nuad, le massage thaïlandais, une discipline millénaire qui pourrait bientôt être inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.

La Thaïlande s’est portée candidate et l’organisation doit rendre sa décision à Bogota, où elle se réunit du 9 au 14 décembre.

Sari, masseuse de profession, est venue spécialement pour se perfectionner à l’école du temple du Bouddha couché (Wat Pho) de Bangkok, la plus ancienne à dispenser des cours de massage dans le royaume.

« L’enseignement est exigeant, la technique très précise. Il y a tellement de gestes à connaître. Il faut aussi être dans un bon état d’esprit pour rester connectée avec le patient afin de lui apporter le meilleur soin », sourit la Chilienne de 34 ans, effectuant avec ses paumes de lentes rotations sur le crâne d’un étudiant.

-Sur cette photo prise le 3 décembre 2019, des touristes sont massés au centre de massage traditionnel thaïlandais Wat Po, à coté du temple Wat Po à Bangkok. Photo de Romeo GACAD / AFP via Getty Images.

Pressions avec les pouces, coudes, genoux et pieds, étirements, contorsions: les élèves apprennent une chorégraphie de plusieurs dizaines d’étapes parfaitement orchestrées sur dix lignes énergétiques du corps.

Le Nuad  longtemps transmis oralement, de maître à élève

« 200.000 étudiants ont été formés. Ils exercent aujourd’hui dans 145 pays », raconte à l’AFP Preeda Tangtrongchitr, directeur de l’école du Wat Pho.

Importé d’Inde il y a environ 2.500 ans par des médecins et des moines bouddhistes, le Nuad s’est longtemps transmis oralement, de maître à élève, dans les temples puis les familles.

Au XIXe siècle, sous l’impulsion du roi Rama III, des savants gravèrent dans des pierres du Wat Pho leurs connaissances en la matière.

Chaque année des étudiants au Wat Pho

Mais il faudra attendre la création de l’école en 1962 pour que cette technique se répande petit à petit en Occident où aujourd’hui les salons de massage thaïlandais prolifèrent.

5 à 10.000 élèves, moitié thaïs, moitié étrangers, viennent chaque année étudier au Wat Pho.

« Quand la situation économique est mauvaise nous avons plus d’étudiants », note le directeur. « Pour beaucoup de gens qu’ils soient handicapés, endettés, ce métier est une opportunité car il ne nécessite aucun matériel, seulement ses mains et la connaissance ».

Une fois rentré en France, Matthieu, infirmier dans la région de Lyon, espère pouvoir aider les personnes âgées qu’il soigne à moins souffrir. « Cela pourrait aussi me permettre de gagner un peu plus », relève-t-il.

-Le 3 décembre 2019, un instructeur thaïlandais forme son élève de Hong Kong à l’école de massage traditionnel thaïlandais Wat Po, au complexe du temple Wat Po à Bangkok. Photo de ROMEO GACAD / AFP via Getty Images.

Institution en Thaïlande

Le massage thaïlandais est devenu une institution en Thaïlande qui dégage plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires chaque année.

Pratiqué dans les salons qui pullulent dans les villes, la rue, les marchés, les gares ou à la plage, il fait partie intégrante de la vie locale.

Il est aussi considéré depuis une dizaine d’années comme un traitement thérapeutique à part entière, dispensé dans plusieurs centaines d’hôpitaux du royaume.

De nombreuses problèmes traités

Outre ses bienfaits relaxants, de nombreuses études ont en effet mis en avant ses propriétés pour aider à soulager douleurs dorsales, problèmes de circulation, maux de tête, insomnies ou anxiété.

L’image du Nuad a été quelque peu ternie à partir de la guerre du Vietnam et de l’arrivée de dizaines de milliers de soldats américains en Thaïlande. Depuis, certains salons de massage proposent aussi des services sexuels.

« Je laisse chacun à sa conscience. Le Nuad est une thérapie et uniquement une thérapie », souligne Preeda Tangtrongchitr qui escompte vivement une réponse favorable de l’Unesco afin de lui redonner totalement ses lettres de noblesse.

 

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