Le Parlement vénézuélien choisit son président, Guaido confiant dans sa réélection

Par Epoch Times avec AFP
5 janvier 2020 07:55 Mis à jour: 5 janvier 2020 08:09

Le Parlement vénézuélien, unique institution contrôlée par l’opposition à Nicolas Maduro, élit dimanche son président pour 2020, un poste auquel Juan Guaido se dit certain d’être reconduit, ce qui lui permettra de continuer le « combat » qu’il mène depuis un an pour évincer le chef d’Etat socialiste.

Le vote des 167 députés, qui doit commencer à 11h00 (15H00 GMT), est crucial pour le jeune opposant. C’est en vertu de son statut de président du Parlement unicaméral qu’il s’était proclamé président par intérim du Venezuela le 23 janvier 2019, engageant un bras de fer avec le pouvoir chaviste qui dure toujours.

Pour Juan Guaido, Nicolas Maduro est un « dictateur » qui « usurpe » la fonction de chef de l’Etat depuis la présidentielle « frauduleuse » de 2018 et il le rend responsable de l’effroyable crise économique et sociale que traverse le pays aux plus grandes réserves de pétrole au monde.

Sa reconduction au perchoir lui permettra de continuer à se prévaloir du titre de président par intérim que lui reconnaît une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.

La présidence du Parlement change de titulaire chaque année

En principe, la présidence de l’hémicycle change de titulaire chaque année. Mais les députés de l’opposition au président socialiste, majoritaires à l’Assemblée nationale, se sont mis d’accord pour que Juan Guaido soit reconduit et qu’il continue sa campagne pour tenter de bouter Nicolas Maduro hors du palais de Miraflores.

Les manifestations anti-Maduro attirent de moins en moins de Vénézuéliens et les pourparlers avec le gouvernement organisées sous l’égide de la Norvège à Oslo puis à La Barbade ont fait long feu, tout comme l’appel au soulèvement lancé par Juan Guaido le 30 avril à l’armée.

L’état-major, clef de voûte du système politique vénézuélien, est en effet toujours loyal à Nicolas Maduro qui continue, lui, de jouir de l’appui de la Russie, de Cuba et de la Chine.

Au moins 84 soufrages nécessaires pour être réélu

Pour être réélu président du Parlement, Juan Guaido a besoin d’au moins 84 suffrages. Dans un communiqué adressé à « la communauté internationale » vendredi, il a fait part de sa certitude « d’être confirmé » dans ses fonctions.

L’opposition dispose de 112 sièges depuis les législatives de 2015. Mais depuis, les batailles intestines se sont multipliées et, surtout, une trentaine de députés se sont exilés ou réfugiés dans des ambassades pour échapper aux poursuites lancées contre eux par le pouvoir.

En outre, Juan Guaido affirme que des « pots-de-vin » ont été distribués à des parlementaires pour qu’ils ne votent pas en sa faveur. Il dit malgré tout disposer de « plus de votes qu’il n’en faut ».

Des députés exilés ou réfugiés dans les ambassades

Pour surmonter le problème des députés qui seront absents dimanche parce qu’exilés ou réfugiés dans des ambassades, le Parlement a adopté le 17 décembre une réforme qui permet la « participation virtuelle » par voie électronique aux votes.

Mais deux jours plus tard, la Cour suprême, que l’opposition accuse d’être aux ordres du pouvoir, a « annulé » cette réforme.

De manière générale, la Cour suprême frappe de nullité la totalité des décisions prises par le Parlement depuis trois ans. Dans la pratique, le travail législatif est effectué depuis 2017 par une Assemblée constituante uniquement composée de chavistes.

Malgré cette offensive du pouvoir destinée à « neutraliser l’Assemblée nationale et aller au conflit », le politologue Luis Vicente Leon estime que la réélection de Juan Guaido est le « scénario le plus probable ».

Cette étape passée, « les perspectives pour l’opposition sont sombres » cette année, estime David Smilde, spécialiste du Venezuela à l’université américaine de Tulane.

En 2020, la législature de cinq ans arrive à son terme et des législatives doivent avoir lieu. Mais Juan Guaido et les partis qui le soutiennent affirment vouloir boycotter le scrutin, car il est organisé par le gouvernement.

L’opposition, déjà très divisée dans sa marche contre Nicolas Maduro, va donc devoir se mettre d’accord sur « une stratégie claire et consensuelle », au risque d’être « balayée du Parlement, unique institution où elle a la majorité », prévient David Smilde.

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