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Le PCC renforce le contrôle de la religion avec un nouveau code de conduite en ligne

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Deux hommes contemplent l’église Saint-Joseph, également appelée église catholique de Wangfujing, à Pékin, le 22 octobre 2020, jour où un accord secret conclu en 2018 entre Pékin et le Vatican a été renouvelé pour deux années supplémentaires.

Photo: GREG BAKER/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le Parti communiste chinois (PCC) a adopté de nouvelles règles visant les activités en ligne des responsables religieux, renforçant encore son emprise sur les groupes confessionnels. Selon des analystes, ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large du PCC pour étouffer l’expression publique des convictions religieuses et contrôler les citoyens ordinaires.
Le 16 septembre, l’Administration nationale des affaires religieuses de Chine a publié un nouveau code de conduite destiné au comportement en ligne du clergé.
Le nouveau code interdit aux personnalités religieuses de s’impliquer dans « l’infiltration religieuse étrangère, les idéologies extrémistes, les sectes et les pseudo-religions ». Il souligne également que les personnalités religieuses en Chine doivent adhérer au « patriotisme, au socialisme et au leadership du PCC ».
Nouvelles règles après le scandale du temple Shaolin
Certains analystes estiment que cette initiative pourrait être liée à la récente chute de Shi Yongxin, l’ancien abbé du célèbre temple Shaolin. M. Shi a été exclu du clergé bouddhiste en juillet et fait l’objet d’une enquête pour détournement de fonds, corruption, et relations sentimentales ayant donné lieu à plusieurs enfants hors mariage, ce qui est interdit dans le bouddhisme chinois. Il a également été accusé d’avoir transformé le temple en une machine à profits avec des attractions payantes et diverses activités commerciales.
Le commentateur des affaires chinoises Li Linyi a confié à Epoch Times que, même si ce scandale a probablement été l’élément déclencheur à Pékin, les nouvelles règles vont bien au-delà d’un seul individu.
« Les soi-disant lois et règlements précédemment promulgués par le PCC n’avaient aucun effet sur les figures puissantes comme Shi Yongxin, qui bénéficiaient d’un soutien politique », explique-t-il. « Maintenant que M. Shi est tombé en disgrâce, ils instaurent une nouvelle réglementation. Les autorités s’en serviront également comme prétexte pour s’en prendre aux activités religieuses ordinaires, réprimer les droits humains et multiplier les prétextes pour infliger des amendes partout. »
Un filet de contrôle élargi
Le nouveau code de conduite interdit au clergé d’utiliser les plateformes en ligne, à savoir les diffusions en direct, les courtes vidéos, les réunions en ligne, les groupes WeChat et même les comptes personnels sur les réseaux sociaux, pour prêcher, célébrer des offices en ligne ou participer à des activités telles que des prières, des baptêmes ou des ordinations. Il souligne également que les activités en ligne doivent respecter la direction du PCC et ne doivent pas contenir de contenu jugé « subversif envers le pouvoir de l’État » ou remettant en cause l’autorité du Parti.
Ces règles s’appliquent non seulement à la Chine continentale, mais également au personnel religieux de Hong Kong, Macao, Taïwan, ainsi qu’aux étrangers présents en Chine.
Des critiques estiment que cette politique vise moins à réguler les chefs religieux qu’à contrôler la communication publique.
« En surface, elle vise le clergé, mais dans les faits, elle touche les citoyens ordinaires », analyse Lin Bin, docteur en sciences politiques de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (Australie). « Pour beaucoup de Chinois, WeChat est aussi un lien vital avec l’étranger. Le durcissement du PCC limite désormais la capacité des habitants de Chine continentale à communiquer avec les communautés chinoises d’outre-mer. »
Un chercheur indépendant basé en Chine, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité, a déclaré à Epoch Times que le moment choisi révèle l’insécurité du régime.
« L’idéologie du PCC s’est effondrée, et avec une économie qui se détériore, les gens recherchent un réconfort spirituel », explique-t-il. « Le PCC craint un réveil rapide de la population, c’est pourquoi il interdit ce type d’expression. »
Offensive plus large contre la liberté religieuse
Les observateurs notent que ces mesures s’inscrivent dans une campagne beaucoup plus vaste contre la liberté religieuse menée sous l’égide de Xi Jinping.
Il y a plus de trois ans, en mars 2022, Pékin avait introduit les « Mesures sur l’administration des services d’information religieuse sur Internet ». Ce texte obligeait tout acteur souhaitant diffuser des enseignements, des offices ou des activités religieuses en ligne — via sites web, applications, blogs, livestreams ou messageries instantanées — à obtenir une autorisation officielle préalable.
Lors d’une audition au Congrès américain en 2022 à Washington, Nury Turkel, ancien président de la Commission des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, alertait que ce règlement avait instauré un « climat de peur » parmi les communautés de croyants en Chine, en particulier les groupes non enregistrés, en criminalisant une large part de leur présence numérique.
Désormais, avec ce nouveau code de conduite, Pékin fait de la religion un nouveau terrain pour la surveillance et la censure, soulignent les experts.
Ning Haizhong et Luo Ya ont contribué à la rédaction de cet article.