Le président Trump se rend au Moyen-Orient : voici ce à quoi il faut s’attendre

Le président Donald Trump débarque d'Air Force One à son arrivée à la base conjointe Andrews dans le Maryland, le 4 mai 2025.
Photo: Saul Loeb/AFP via Getty Images
RIYADH, Arabie saoudite – Le président Donald Trump se rendra au Moyen-Orient du 13 au 16 mai, avec des escales prévues en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis. Il s’agit de son premier grand voyage à l’étranger depuis le début de son second mandat, après sa récente visite au Vatican pour les funérailles du pape François, il y a deux semaines.
M. Trump devrait annoncer une série d’accords d’investissement majeurs visant à attirer l’argent du Golfe dans des secteurs clés des États-Unis tels que la défense, la technologie et l’intelligence artificielle (IA). Ses réunions porteront également sur des questions régionales urgentes, notamment la guerre entre Israël et le groupe terroriste du Hamas et les négociations nucléaires en cours avec l’Iran.
La première destination de M. Trump est Riyad, où le prince héritier Mohammed bin Salman devrait l’accueillir lors d’une cérémonie somptueuse, semblable à celle organisée par le prince lors de sa visite au cours de son premier mandat, qui contrastait fortement avec l’accueil froid que le président Joe Biden avait reçu en 2022, lorsque M. Bin Salman s’était contenté de lui donner un touché du poing.
Comme lors de son premier mandat, M. Trump a choisi de se rendre d’abord au Moyen-Orient, mais contrairement à ce qui s’était passé il y a huit ans, Israël n’est pas à l’ordre du jour cette fois-ci.
Voici ce sur quoi le président Trump devrait mettre l’accent lors de sa tournée dans le Golfe.
Investissements ‘America First’
Donald Trump a clairement indiqué que ses visites à l’étranger donneraient la priorité aux pays qui s’engagent à réaliser des investissements substantiels aux États-Unis.
L’Arabie saoudite s’est récemment engagée à investir 600 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. De leur côté, les Émirats arabes unis se sont dits prêts à investir 1400 milliards de dollars aux États-Unis au cours de la prochaine décennie, en ciblant l’infrastructure de l’intelligence artificielle et des semi-conducteurs, le secteur de l’énergie et l’industrie manufacturière.
Le premier grand voyage à l’étranger du président américain « symbolise la valeur qu’il accorde aux alliés du Golfe », selon Joel Rubin, expert du Moyen-Orient et ancien fonctionnaire du département d’État sous la présidence de Barack Obama.
« Ce symbolisme signifie beaucoup en termes de positionnement des États-Unis dans le monde et de fermeté de ces relations », a-t-il indiqué à Epoch Times.
Au cours de son voyage, M. Trump s’attachera à faire avancer son programme économique en obtenant des engagements d’investissement majeurs des pays du Golfe, a ajouté M. Rubin.
Le président Trump devrait également se concentrer sur les principaux contrats d’armement, notamment un paquet d’armes potentiel pour l’Arabie saoudite d’une valeur de plus de 100 milliards de dollars, ainsi que d’importantes ventes d’armes au Qatar.
Le département d’État des États-Unis a récemment approuvé la vente à l’Arabie saoudite de missiles air-air avancés de moyenne portée AIM-120C-8, pour un montant éventuel de 3,5 milliards de dollars.
M. Trump devrait également assister au forum d’investissement américano-saoudien le 13 mai, qui réunira des chefs d’entreprise américains et saoudiens afin d’explorer de nouvelles opportunités d’investissement.
Jon Alterman, vice-président et directeur du programme Moyen-Orient au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS : Center for Strategic and International Studies), prévoit que les réunions du président Trump dans la région donneront lieu à des investissements importants.
« Des accords commerciaux et d’investissement seront annoncés, qui redoreront l’image du Président en tant que négociateur », a estimé M. Alterman lors d’une conférence de presse présentant le voyage en avant-première. « Je m’attends à ce que certains de ces accords portent sur des domaines tels que l’IA et les cryptomonnaies. »
En février, M. Trump a prononcé un discours lors du sommet prioritaire de l’initiative sur le futur de l’investissement, parrainé par l’Arabie saoudite, à Miami, annonçant qu’il se rendrait dans le Royaume pour finaliser un accord d’un montant de mille milliards de dollars.
La Maison-Blanche a également démenti les informations faisant état de l’intention de M. Trump d’accepter de la famille royale du Qatar un avion de luxe Boeing 747-8 pour l’utiliser comme Air Force One lors d’une visite dans le richissime État du Golfe.
Un fonctionnaire de la Maison-Blanche a affirmé à Epoch Times le 11 mai que le Qatar avait proposé de faire don d’un avion au ministère de la Défense, mais il a précisé que le cadeau ne serait pas présenté ou accepté cette semaine au Qatar.
Le gouvernement qatari a fait savoir que le transfert était encore « à l’étude ».
Séparément, la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé dans un communiqué adressé à Epoch Times : « Tout cadeau offert par un gouvernement étranger est toujours accepté dans le respect total de toutes les lois applicables. L’administration du président Trump s’engage à une transparence totale. »
Normalisation israélo-saoudienne
Si l’objectif premier de M. Trump est d’annoncer d’importants investissements et contrats d’armement, il devrait également aborder des questions clés en matière de sécurité régionale au cours de son voyage. La guerre en cours entre Israël et le Hamas, ainsi que la question plus large de la normalisation israélo-saoudienne, sont au premier rang de ces questions.
Il s’agira notamment de pousser l’Arabie saoudite à adhérer officiellement aux accords d’Abraham, un arrangement qui a permis d’établir des relations diplomatiques entre Israël et plusieurs voisins arabes à la fin de l’année 2020. Les accords d’Abraham ont été une réalisation importante de la première présidence de M. Trump en matière de politique étrangère.
Toutefois, le prince héritier saoudien a publiquement déclaré que la normalisation avec Israël était subordonnée à des progrès concrets vers la création d’un État palestinien, condition que le gouvernement israélien actuel rejette fermement.
Par conséquent, les attentes d’une percée sur ce front restent faibles.
« La normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël se fait attendre », a déclaré M. Rubin. « Elle s’éloigne de plus en plus de ce qu’elle était dans le passé. »
Le prix à payer pour formaliser les relations diplomatiques entre Tel-Aviv et Riyad est « très élevé » car il s’agit d’amener « le gouvernement israélien à accepter un processus de paix qui aboutisse à une solution à deux États ».
Négociations sur le nucléaire iranien
Une autre question urgente en matière de sécurité que M. Trump devrait aborder avec les dirigeants arabes lors de sa visite dans le Golfe est l’état des négociations avec l’Iran sur son programme nucléaire.
Les pays du Golfe sont de plus en plus préoccupés par les tensions entre l’Iran et Israël, craignant qu’un conflit régional plus large ne mette en péril leur stabilité économique.
« Ils craignent qu’une action militaire avec l’Iran ne les mette dans la zone de risque », a souligné M. Alterman.
Ils estiment également que le moment est venu pour Washington de conclure un accord avec l’Iran, compte tenu de la vulnérabilité actuelle du régime islamique et de ses graves problèmes économiques.
« À un degré remarquable, les États du Golfe soutiennent beaucoup plus les pourparlers entre les États-Unis et l’Iran aujourd’hui qu’ils ne le faisaient en 2015 », a expliqué M. Alterman, ajoutant que les pays arabes font davantage confiance à la capacité de M. Trump à résoudre ce problème que les présidents américains précédents.
Les États-Unis ont organisé dimanche à Oman un quatrième cycle de négociations avec l’Iran.
M. Trump a déclaré précédemment que les États-Unis n’avaient pas encore décidé si l’Iran pouvait enrichir de l’uranium sur son territoire dans le cadre du nouvel accord en cours de négociation.
« Nous n’avons pas encore pris cette décision », a affirmé M. Trump à la presse le 9 mai. « Nous le ferons. »
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Sayyid Abbas Araghchi, a toutefois affirmé le lendemain que Téhéran ne reviendrait jamais sur ses « droits nucléaires » malgré les pressions américaines.
Le président Trump a également lancé récemment l’idée de changer le nom de Golfe de Perse en Golfe d’Arabie.
« Je ne sais pas si des personnes vont se sentir blessées », a avoué M. Trump à la presse le 7 mai, ajoutant qu’il annoncerait sa décision de renommer le Golfe lors de son voyage au Proche-Orient.
Prix du pétrole
M. Trump se concentre sur la baisse des prix de l’essence dans son pays afin de freiner l’inflation et devrait faire pression sur les États du Golfe pour qu’ils maintiennent les prix du pétrole à un faible niveau. Outre l’inflation, une autre motivation essentielle de cette pression est d’affaiblir les recettes pétrolières de Moscou.
En janvier, il a demandé à l’Arabie saoudite et à l’OPEP de faire baisser les prix du pétrole. Ces dernières semaines, le prix du pétrole Brent a chuté de plus de 10 dollars le baril, tombant dans les 60 dollars, une baisse largement due à la pression exercée par l’Arabie saoudite en faveur d’une augmentation de la production plus importante que prévu en mai, ce qui a permis à M. Trump de remporter une victoire importante avant sa visite.
Toutefois, il n’est pas certain que Riyad puisse maintenir les prix à ce niveau, car le seuil de rentabilité fiscale du pays est estimé à environ 100 dollars le baril, selon les experts du CSIS.
Lors d’un discours prononcé le 23 janvier au Forum économique mondial de Davos, M. Trump avait déclaré : « Si le prix baissait, la guerre entre la Russie et l’Ukraine prendrait fin immédiatement ».
Il estime que la baisse des prix du pétrole accélérerait la fin de la guerre en privant Moscou de revenus essentiels qu’il utilise pour financer sa campagne militaire.
Marché des terres rares
L’Arabie saoudite se positionne comme un acteur majeur sur le marché des terres rares et a réalisé des progrès significatifs dans le secteur minier au cours des 15 dernières années.
Le royaume islamique dispose actuellement de réserves minérales estimées à 2500 milliards de dollars et recherche activement des investisseurs pour exploiter ce potentiel.
Au cours de son voyage, M. Trump pourrait renforcer les liens avec l’Arabie saoudite dans l’exploitation et la prospection de minerais essentiels.
Il s’agit d’une priorité stratégique croissante pour l’administration Trump, comme en témoignent les initiatives au Congo et en Ukraine, a déclaré Gracelin Baskaran, directrice du programme de sécurité des minéraux critiques au CSIS, lors de la conférence de presse.
« Pour les États-Unis, où le traitement des minerais reste le point d’étranglement le plus critique et où la Chine contrôle 60 à 90 % des capacités, un partenariat plus approfondi entre les États-Unis et l’Arabie saoudite offre une opportunité stratégique d’accroître les capacités de traitement, de réduire la dépendance à l’égard de la Chine et de renforcer la sécurité de la chaîne d’approvisionnement à long terme », a-t-elle expliqué.
L’Arabie saoudite a fortement développé son secteur minier dans le cadre de son programme Vision 2030, qui cherche à diversifier son économie en s’affranchissant de la dépendance au pétrole.
La semaine dernière, le Cabinet saoudien a annoncé que le royaume envisageait de conclure avec les États-Unis un accord officiel portant sur la coopération dans le domaine de l’exploitation minière et des minéraux.
M. Trump a quant à lui laissé entendre qu’il ferait une annonce importante avant son voyage au Moyen-Orient.
« Ce sera l’une des annonces les plus importantes faites depuis de nombreuses années sur un certain sujet, un sujet très important », a révélé M. Trump à la presse le 6 mai.
Il l’a ensuite qualifiée d’événement « de véritables bouleversements » pour les États-Unis.

Emel Akan est journaliste spécialiste de la politique économique à la Maison-Blanche à Washington, D.C. Auparavant, elle a travaillé dans le secteur financier en tant que banquière d'investissement chez JPMorgan et en tant que consultante chez PwC. Elle est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’université de Georgetown.
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