Recommandation
Le rôle vital du foie : moteur clé de la santé métabolique
Quand on pense au foie, c’est souvent le mot « détox » qui vient à l’esprit. Pourtant, cet organe puissant est bien plus qu’un simple filtre : il est le centre de commande de notre métabolisme. Il régule la glycémie, transforme les graisses, stocke des nutriments essentiels… bref, il est indispensable à notre survie.

Un adulte américain sur trois pourrait avoir un foie gras, mais la plupart l’ignorent. Avec la progression constante de la résistance à l’insuline et des maladies hépatiques liées au métabolisme, comprendre le fonctionnement du foie, les raisons de son surmenage et ce que l’on peut faire pour le soutenir n’est plus optionnel : c’est essentiel.
En France, plus de 8 millions de personnes présentent un excès de graisse dans le foie (stéatose hépatique, souvent appelée « foie gras ») et sur ce total, environ 1 million ont développé une forme avancée avec maladies associées comme la MASH ou NASH. Près de 220 000 à 440.000 personnes sont atteintes, à des stades sévères, de cette maladie pouvant évoluer vers la cirrhose ou le cancer du foie.
La prévalence globale de la stéatose hépatique métabolique chez l’adulte est estimée entre 17% et 20%. La maladie du foie gras (stéatose, NASH/MASH) tue déjà environ 7000 personnes par an en France. La progression de la maladie est étroitement liée à la sédentarité et à l’alimentation déséquilibrée (malbouffe, excès de sucre et de graisse).
Comme son nom l’indique, la maladie du foie gras est due à l’accumulation de graisse dans le foie. L’accumulation excessive de graisse dans le foie qui n’est pas liée à la consommation excessive de boissons alcoolisées correspond à la NAFLD (Non Alcoholic Fatty Liver Disease).
Mais alors, quelle différence entre la NAFLD et la NASH ? En fait, il faut savoir que la NASH (Non-Alcoholic SteatoHepatitis) est la manifestation la plus sévère de la NAFLD. Généralement, on parle de NASH lorsque les graisses accumulées dans le foie représentent plus de 5 % du poids du foie.
« Le foie est un organe central du métabolisme, absolument vital au quotidien », rappelle Andrew Koutnik, chercheur en santé métabolique, docteur en pharmacologie moléculaire. « On ne peut pas se passer d’un foie fonctionnel. »
Foie gras et résistance à l’insuline : un duo dangereux
La relation entre foie gras et résistance à l’insuline fonctionne dans les deux sens :
• La résistance à l’insuline favorise le dépôt de graisses dans le foie en augmentant la production et l’apport de lipides ;
• En retour, un foie gras accroît la résistance à l’insuline en perturbant la signalisation hormonale, en déclenchant l’inflammation et en libérant des sous-produits toxiques des lipides.
Ce cercle vicieux participe au développement du diabète de type 2, de l’obésité et du syndrome métabolique, faisant des deux affections des cibles prioritaires pour la prévention et le traitement.
Les missions métaboliques essentielles du foie
Le foie remplit plus de 500 fonctions vitales. Celles qui touchent directement au métabolisme sont notamment :
• Réguler la glycémie : stocker l’excédent de glucose sous forme de glycogène et le libérer entre les repas pour stabiliser l’énergie.
• Métaboliser graisses et protéines : transformer les lipides, produire du cholestérol, gérer les triglycérides, convertir les acides aminés en formes utilisables et éliminer les déchets.
• Détoxifier l’organisme : filtrer l’alcool, les perturbateurs endocriniens et autres substances nocives.
• Équilibrer les hormones : métaboliser des hormones comme les œstrogènes.
Avec autant de fonctions, il n’est pas surprenant que la surcharge lipidique du foie ait des répercussions dans tout l’organisme.
Comment se forme un foie gras ?
On peut littéralement devenir « obèse » au niveau cellulaire lorsque des cellules, puis des tissus et enfin des organes perdent leur fonction. Quand cela touche le foie, on parle de maladie hépatique stéatosique associée à la dysfonction métabolique (anciennement appelée stéatose hépatique non alcoolique, ou NAFLD). Le foie n’a pas été conçu pour stocker des graisses ; celles-ci s’accumulent par déséquilibre nutritionnel, résultant à la fois des lipides alimentaires et de la conversion des excès de glucides en graisses au sein du foie. Ces deux sources contribuent à l’accumulation lorsque le stockage dépasse l’élimination. Le foie travaille en continu pour éliminer cet excès et maintenir l’homéostasie.
Qu’est-ce qui fait que le stockage l’emporte sur l’élimination ? Simplement : une consommation excessive de graisses et de glucides.
Les signes d’un foie sous tension
Comme beaucoup de troubles métaboliques, la maladie hépatique évolue souvent en silence, avec peu de symptômes au début. Un foie sain est mou et spongieux, mais quand les lésions et les cicatrices apparaissent, il devient ferme — presque comme une brique. Or cette transformation échappe souvent aux examens classiques : les analyses sanguines standard ne détectent pas toujours les premiers stades.
Les enzymes hépatiques (ASAT — aspartate aminotransférase — et ALAT — alanine aminotransférase) n’augmentent souvent qu’après l’apparition de lésions, ce qui les rend peu fiables pour dépister les stades précoces. De même, l’échographie peut manquer les premiers dépôts de graisse, et l’IRM, plus précise, reste souvent inaccessible à cause de son coût.
L’apparence physique peut aussi être trompeuse : « Il n’est pas rare que des personnes ayant un IMC normal, voire bas, présentent un foie gras », note Michelle Hurn, diététicienne diplômée et diététicienne en chef.
Andrew Koutnik précise que la plupart des personnes qui répondent aux critères d’obésité et de prédiabète sont très susceptibles d’avoir également une accumulation de graisses hépatiques. Ce groupe est donc une cible prioritaire pour le dépistage et l’intervention.
Parmi les signaux qui peuvent alerter :
• Symptômes physiques : fatigue, brouillard mental, ballonnements, digestion lente, peau irritée.
• Signes métaboliques : variations de la glycémie, tour de taille persistant, triglycérides élevés, syndrome des ovaires polykystiques, diabète de type 2, cholestérol élevé, syndrome métabolique.
Michelle Hurn précise aussi que se sentir étourdi, tremblant, irritable ou en sueur après plus de trois heures sans manger peut être un signe de mauvaise santé métabolique.
Soutenir son foie naturellement
La bonne nouvelle : le foie est résilient et les lésions sont souvent réversibles jusqu’à un certain point. Soutenir le foie, ce n’est pas une cure « détox » ponctuelle, mais une maintenance métabolique quotidienne.
L’alimentation, pilier de la santé hépatique
Limiter la stimulation constante de l’insuline est au cœur de la stratégie. Michelle Hurn recommande une approche parfois stricte — souvent temporaire — pour les personnes présentant des signes précoces de dysfonction métabolique. Ce schéma privilégie protéines animales, graisses et éventuellement quelques légumes fibreux. « Votre corps ne tolère plus les glucides », dit-elle. « Est-ce pour toujours ? Pas nécessairement. Une fois le métabolisme rétabli, la plupart des gens peuvent réintroduire certains glucides. »
Andrew Koutnik souligne que le déficit calorique amène l’organisme à puiser dans les réserves lipidiques, y compris dans le foie, réduisant ainsi le stockage et augmentant l’utilisation des graisses. Mais l’apport en glucides a un rôle direct dans le contrôle de l’insuline. « Les glucides sont le macronutriment qui élève le plus l’insuline, de façon dose-dépendante », explique-t-il, ajoutant que leur effet sur l’insuline est nettement supérieur à celui des protéines, tandis que les graisses n’ont pratiquement pas d’effet.
Michelle Hurn renchérit : la forte élévation de la glycémie liée aux glucides maintient des taux d’insuline élevés, ce qui favorise le stockage de graisses dans le foie. « On ne peut pas brûler de graisses quand l’insuline est présente », dit-elle. « À l’inverse, on ne peut pas stocker des graisses sans insuline. »
Réduire les glucides peut donc être une méthode efficace pour perdre du poids et améliorer la santé du foie, même sans restriction calorique stricte. Michelle Hurn juge cette approche plus soutenable que les régimes hypocaloriques traditionnels : « Nous avons lamentablement failli au public en lui proposant ces régimes hypocaloriques, pauvres en graisses et très restrictifs. On ne peut pas demander aux gens d’avoir faim pendant de longues périodes. »
Dans sa pratique, Michelle Hurn observe que certaines personnes ont perdu du poids en consommant 2000 calories par jour, alors qu’elles stagnaient ou prenaient du poids à 1500 calories, lorsque le profil glucides/insuline était mieux adapté.
« Ce n’est pas normal de devoir manger toutes les deux à trois heures », ajoute-t-elle. La répétition des repas et des collations riches en glucides entraîne une stimulation insulinique quasi permanente et ne laisse pas le foie se « reposer ».
Le mode de vie compte tout autant
Outre l’alimentation, plusieurs habitudes quotidiennes influencent la santé du foie :
• Limiter l’alcool : l’alcool surcharge les voies de détoxification hépatiques. Une étude publiée en juillet dans Biomedicine & Pharmacotherapy montre que, chez les personnes présentant une dysfonction métabolique, l’alcool accélère la progression de la maladie hépatique — l’effet des deux facteurs étant synergique.
• Soigner le sommeil : trop ou trop peu de sommeil, ainsi que les troubles du sommeil, sont liés à un risque accru de stéatose hépatique associée au métabolisme. Selon une étude publiée dans BMC gériatrics, le manque de sommeil peut inhiber la signalisation de l’insuline, déclencher une résistance à l’insuline, favoriser la synthèse lipidique hépatique et provoquer des lésions hépatiques via l’inflammation et le stress oxydatif.
• Bouger régulièrement : l’activité physique améliore la sensibilité à l’insuline et réduit directement la graisse hépatique. Une méta-analyse de 2023 confirme que 150 minutes par semaine d’activité aérobique d’intensité modérée (par exemple la marche rapide) suffisent à diminuer la graisse hépatique chez les patients atteints de stéatose non alcoolique, indépendamment de la perte de poids.
• Préserver le microbiote : un intestin sain limite le passage de toxines vers le foie.
• Réduire l’exposition aux toxines : polluants, produits chimiques, métaux lourds.
• Gérer le stress : la méditation et d’autres techniques réduisent cortisol, symptômes liés au stress, comportements alimentaires et inflammation (une étude 2023 dans Nutrients le montre).
• S’hydrater suffisamment : l’eau aide le foie à filtrer les déchets et à remplir ses fonctions métaboliques.
Articles actuels de l’auteur









