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Métabolisme : et si la vraie santé n’était pas celle qu’on croit ?

Imaginons-nous nous réveiller reposés, sans somnolence ni besoin de caféine. Notre énergie reste stable toute la journée, notre esprit alerte. Après les repas, nous sommes rassasié, sans fringales, ballonnements ni inconfort. Cela peut sembler utopique, mais c’est ainsi que se manifeste une bonne santé métabolique — devenue de plus en plus rare.

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Photo: Illustration par Epoch Times, Shutterstock

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Durée de lecture: 14 Min.

Environ 93 % des occidentaux  présentent un certain degré de dysfonction métabolique, tandis que les maladies chroniques progressent. Comprendre la santé métabolique n’a donc jamais été aussi crucial.
« Plus on agit tôt, plus les chances de vivre longtemps, en meilleure santé, avec une meilleure qualité de vie augmentent », souligne le Dr Adonis Saremi, spécialiste de la médecine de l’obésité.

Le coupable silencieux

La dysfonction métabolique est une épidémie discrète, dont les premiers signes passent souvent inaperçus. Ses effets dépassent largement la simple accumulation de graisse visible. Beaucoup l’associent au poids, mais ce n’est qu’une partie du problème. On ignore encore si cette dysfonction précède, accompagne ou suit l’obésité.

On peut avoir un poids normal tout en étant métaboliquement malsain, et inversement, une personne en surpoids ou obèse peut présenter des marqueurs métaboliques sains. L’indice de masse corporelle (IMC) ne distingue pas la masse musculaire de la graisse ni la répartition des graisses, si bien qu’un bilan normal n’est pas une garantie de bonne santé métabolique.

« On n’a pas besoin d’avoir l’air malade métaboliquement pour l’être », rappelle le Dr Saremi.

Selon lui, notre environnement moderne nous prédispose aux maladies. Alimentation ultra-transformée, sédentarité, stress chronique et sommeil insuffisant, combinés à la génétique, créent une tempête parfaite pour le déséquilibre métabolique. Une étude publiée dans JAMA Internal Medicine a montré qu’un apport plus élevé en aliments ultra-transformés augmentait le risque de diabète de type 2 : 5 % de risque supplémentaire pour chaque 100 grammes consommés quotidiennement, comme une canette de soda ou une part de pizza surgelée. « Il est très difficile de rester physiquement actif avec notre mode de vie : on se déplace en voiture partout et on marche très peu », souligne Karen Hawkins, diététicienne et éducatrice certifiée en diabète.

Une norme floue

Définir la santé métabolique aujourd’hui est complexe. Urban Kiernan, docteur en chimie bioanalytique, explique que le problème vient de la manière dont la science définit le “normal”.
« C’est difficile d’établir une définition, car tout repose sur des statistiques. Il faut trouver la norme statistique. Mais si la population est déjà majoritairement malade, la moyenne ne reflète pas la vraie santé », dit-il.

Autrement dit, quand la grande majorité des occidentaux sont métaboliquement malsains, la norme statistique ne correspond plus à une santé réelle.

Le Dr Kiernan a raison. Une étude de 2022 menée par des chercheurs de l’Université Tufts (USA) a révélé que moins de 7 % des adultes occidentaux présentaient une santé cardiométabolique optimale. Les termes santé métabolique et santé cardiométabolique sont souvent utilisés de manière interchangeable, car ils reflètent tous deux la capacité du corps à réguler l’énergie et à maintenir la fonction cardiovasculaire.

Pour établir une vraie référence, il faudrait remonter aux années 1960-70, époque où la santé métabolique était probablement meilleure. En attendant, on se base sur des concepts clés et des biomarqueurs pour avoir une idée plus précise, explique le Dr Kiernan.

Une personne métaboliquement saine

La santé métabolique repose avant tout sur l’équilibre. Selon Karen Hawkins, diététicienne : « C’est quand tous les systèmes corporels sont en équilibre pour maintenir le poids, la tension artérielle et la glycémie. C’est une santé équilibrée dans l’ensemble ».

Elle dépend aussi de la flexibilité métabolique : la capacité du corps à passer facilement de la combustion des glucides à celle des graisses selon les besoins. Une personne métaboliquement flexible peut digérer un repas riche en glucides sans pic prolongé de glycémie, jeûner quelques heures sans sensation de faiblesse ou de faim extrême, et puiser efficacement dans ses réserves de graisse pour produire de l’énergie.

La santé métabolique se définit par l’efficacité avec laquelle le corps transforme les aliments en énergie pour assurer la digestion, le mouvement ou la réparation cellulaire, et par l’harmonie entre ses différents systèmes.

Principaux biomarqueurs

Pour dépister une dysfonction métabolique, les médecins vérifient généralement :

• Glycémie à jeun : optimale < 100 mg/dL.

• Tension artérielle : idéale autour de 120/80 mmHg ; >130/80 mmHg indique une hypertension.

• Profil lipidique : triglycérides < 100 mg/dL, HDL (« bon » cholestérol) > 60 mg/dL, LDL (« mauvais » cholestérol) bas.

• Tour de taille : < 88 cm pour les femmes, < 100 cm pour les hommes.

Ces indicateurs servent de“bulletin de santé”. Un ou plusieurs marqueurs hors normes signale une dysfonction métabolique ; trois ou plus définissent le syndrome métabolique.

Un marqueur souvent négligé mais crucial est la masse musculaire. Les muscles maigres soutiennent la sensibilité à l’insuline, la flexibilité métabolique et un vieillissement sain, mais sont rarement évalués. « Nous faisons face à une véritable épidémie de perte de masse musculaire, peut-être plus importante que l’obésité », note le Dr Kiernan, soulignant que « nos muscles sont des moteurs métaboliques majeurs ».

Au-delà des analyses

Les chiffres comptent, mais ne racontent pas toute l’histoire. Comment on se sent, comment on fonctionne et récupére est tout aussi important.

« La santé ne se résume pas à ces chiffres ou mesures spécifiques », explique le Dr Saremi. « Il faut considérer l’ensemble : notre mode de vie, notre travail, notre niveau d’activité, notre alimentation, nos relations, notre communauté et la qualité de notre sommeil. »

Perte de l’équilibre métabolique

Des pics fréquents de glycémie entraînent la sécrétion d’insuline, l’hormone qui fait entrer le glucose dans les cellules. À force de répétition, les cellules deviennent moins sensibles à l’insuline : c’est la résistance à l’insuline. Le corps compense en produisant encore plus d’insuline, maintenant temporairement la glycémie normale, mais la dysfonction s’installe silencieusement.

La résistance à l’insuline s’accompagne souvent d’inflammation chronique de faible intensité, subtile et systémique, qui agit à la fois comme cause et conséquence des déséquilibres métaboliques. Avec le temps, l’inflammation endommage les tissus, perturbe les signaux hormonaux et fatigue le système métabolique.

Si elle n’est pas maîtrisée, cette spirale peut mener à de nombreuses maladies chroniques : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, stéatose hépatique, maladies rénales et déclin cognitif. Ce qui commence par un simple changement de sensibilité à l’insuline peut évoluer vers une dysfonction métabolique complète.

La question clé : qu’est-ce qui déclenche la résistance à l’insuline ? Trop de calories ou des aliments inadaptés ?

Retrouver l’équilibre métabolique

La flexibilité métabolique repose sur des choix cohérents et réfléchis dans plusieurs domaines essentiels.

L’alimentation d’abord

La qualité des aliments est primordiale. Construire les repas autour d’aliments entiers et non transformés : tous les glucides ne se valent pas. Selon le Dr Saremi, consommer des glucides de façon responsable est essentiel.

• Glucides complexes et riches en fibres (légumes, fruits) : digèrent lentement, stabilisent la glycémie.

• Glucides raffinés et sucres ajoutés (pain blanc, crackers) : provoquent des pics d’insuline, favorisent le stockage des graisses et les déséquilibres métaboliques.

Le moment de consommation des glucides compte aussi. Les repas plus riches en glucides autour des séances d’exercice améliorent la gestion du glucose. Prioriser protéines et bonnes graisses pour la satiété et la stabilité de la glycémie tout au long de la journée.

« Si on va être actif, faire du sport ou du cardio, consommer des glucides avant l’effort. Ne pas charger juste avant le coucher, lorsque l’activité métabolique est faible. Les calories excédentaires risquent alors de se transformer en graisse et de favoriser la résistance à l’insuline ou l’inflammation sur le long terme », conseille le Dr Saremi.

Karen Hawkins souligne que le régime méditerranéen, bien étudié et largement recommandé, est un bon modèle, mais qu’il n’existe pas de solution universelle. La personnalisation est la clé pour un suivi durable.

 « Il s’agit vraiment de travailler individuellement pour déterminer le niveau, les intérêts, le budget, et si on cuisine ou souhaite le faire », explique Karen Hawkins.
Pour rendre l’alimentation saine durable, elle recommande de préparer quelques repas simples le week-end :

« Ce n’est pas compliqué. Faites cuire du saumon à la vapeur, poêler des légumes, préparer une salade… tout ce que l’on peut portionner pour la semaine aide ».

« Gérer sa santé métabolique est faisable. Il s’agit d’appliquer une nutrition et des principes scientifiques solides de manière constante dans le temp.»

L’activité physique régulière améliore la sensibilité à l’insuline et aide à brûler l’excès d’énergie, mais il ne s’agit pas uniquement de séances structurées. Le Dr Saremi souligne l’importance du NEAT (Non-Exercise Activity Thermogenesis), la thermogenèse des activités non liées à l’exercice , soit toutes les formes de mouvement en dehors du sport : marcher, gigoter, monter les escaliers, chanter ou danser.

« C’est là qu’on a le plus de marge de manœuvre », dit-il.

De petits changements, comme se garer plus loin ou prendre les escaliers, s’additionnent et font une vraie différence.

Pour Karen Hawkins, l’activité physique ne se résume pas à brûler des calories : c’est un investissement dans son corps.

« Nous voulons construire et maintenir nos muscles, nos os et notre système cardiovasculaire pendant notre jeunesse. C’est comme une banque : on y place ses investissements, et ils fructifieront. À cinquante ou soixante ans, on pourra en bénéficier pour continuer à progresser ».

Et si on n’a pas commencé tôt ?

« Le plus tôt est le mieux, mais on peut toujours commencer à investir à tout moment ».

La santé métabolique n’est pas un état fixe, mais un spectre. Avec les bons outils, il est possible de l’orienter positivement. Comprendre ses risques, viser la flexibilité métabolique et adopter de petites habitudes cohérentes permet de bâtir une base solide pour le long terme.

Pour Karen Hawkins, la vision globale inclut la médecine du mode de vie et la médecine culinaire :

« Je suis convaincue que ces deux approches aident à gérer sa santé métabolique et à prévenir les conséquences à long terme des maladies chroniques ».

Partie 7 : obésité infantile et diabète de type 2 : Diabète de type 2 chez les jeunes- pourquoi il progresse et comment l’eviter ?
Jennifer Sweenie est une journaliste spécialisée dans la santé basée à New York. Elle est praticienne en thérapie nutritionnelle et chef de cuisine formée en faveur de la santé et axée sur la nutrition fonctionnelle et le pouvoir des aliments naturels et entiers. Jennifer siège au conseil d'administration de Slow Food NYC et est une ancienne membre du conseil d'administration de la Farm-to-Consumer Foundation.

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