L’échec des politiques d’engagement avec la Chine justifie la nouvelle approche de l’administration Trump

Par Stu Cvrk
12 mai 2025 19:54 Mis à jour: 21 mai 2025 00:40

Les opinions sur les efforts de Donald Trump pour rééquilibrer le commerce international et isoler la Chine sont légion. Certains qualifient le changement de politique qui en résulte et vise l’isolation du régime communiste de brillant et attendu depuis longtemps, tandis que d’autres parlent d’erreur économique.

Les points de vue varient largement. Ceux qui remettent depuis longtemps en question les décisions politiques américaines qui, au fil des ans, ont assuré le développement et la modernisation rapides de la Chine – et par conséquent la montée en puissance du mercantilisme chinois et de l’Armée populaire de libération, la dépendance croissante de l’Amérique à l’égard des minéraux stratégiques et des produits pharmaceutiques chinois, ainsi que le déclin de l’industrie manufacturière américaine délocalisée en Chine – estiment qu’un changement de politique envers l’État-parti chinois est essentiel et constitue un impératif pour la sécurité nationale de l’Amérique et de l’Occident tout entier.

D’autre part, ceux qui ont fait carrière grâce à l’engagement avec la Chine (et en ont tiré des avantages personnels) – qu’il s’agisse de diplomates, d’universitaires, d’hommes politiques ou d’hommes d’affaires – pensent que la politique de l’Occident envers la Chine devrait revenir à un engagement, ou au moins à une « concurrence amicale ». Au fil des décennies, ces gens ont fini par être souvent classés dans la catégorie des « China hands » (mains de la Chine).

Qu’est-ce que l’histoire nous a alors appris de tout cela ?

Les mains de la Chine

Au cours des premières décennies du XXe siècle, l’engagement de l’Amérique avec la Chine s’est étendu sur le front politico-militaire, en particulier après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor et l’entrée des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés en décembre 1941. En 1942, l’Amérique et la Chine ont formé une alliance officielle en temps de guerre et les États-Unis ont apporté un soutien matériel et financier considérable à la Chine tout au long de la guerre.

Pendant toute cette période, les membres du corps diplomatique américain en Chine, ainsi que les journalistes, les missionnaires, les hommes d’affaires et d’autres personnes ayant une longue expérience de travail en Chine, ont été connus sous le nom de « mains de la Chine ». Ils étaient l’équivalent moderne des « experts » qui influençaient les politiques de l’Amérique et d’autres pays occidentaux en promouvant les relations avec la Chine devant leurs parlementaires et le public général et qui ont largement contribué à l’orientation de la politique des États-Unis et leurs alliés à l’égard de Pékin.

Certains de la première génération de ces « mains de la Chine », comme le journaliste Edgar Snow et l’universitaire Owen Lattimore, étaient favorables au Parti communiste chinois (PCC) qui venait d’établir son règne sur le pays. Captivés par le chant des sirènes et les promesses grandioses du communisme avant que les génocides et les purges ne soient connus du public, ils admiraient l’accent mis par les communistes sur les réformes agraires, la « restructuration complète » de la société et la « lutte contre la corruption » (un refrain bien familier). Certains pensaient que le socialisme – cette première étape du communisme – tiendrait toutes les promesses données par ses théoriciens et que le régime chinois ouvrirait la voie à un avenir radieux.

Au moins partiellement influencé par les partisans de la Chine, Richard Nixon est devenu, en 1972, le premier président américain à se rendre en Chine après la prise du pouvoir par les communistes en 1949. La plupart des observateurs ont conclu que son principal objectif était de détacher la Chine de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), d’affaiblir ainsi la puissance du camp socialiste et, peut-être, même faire de la Chine un contrepoids à la puissance et à l’influence croissantes de l’URSS en Asie et ailleurs.

D’autres avaient des objectifs différents. Certains pensaient que l’intégration de la Chine dans la communauté mondiale permettrait d’accroître les opportunités commerciales pour les pays occidentaux, de « démocratiser » la Chine communiste et d’atténuer le maoïsme. Certains estimaient que la mise en œuvre à l’échelle mondiale du « socialisme aux caractéristiques chinoises » était l’avenir inévitable de l’humanité et s’efforçaient donc de le promouvoir et d’en faire une réalité. D’autres encore, issus de la souche missionnaire de l’ancienne Chine, pensaient que « l’ouverture de la Chine » entraînerait une pression internationale sur le PCC pour qu’il mette fin à la persécution et au génocide culturel des groupes minoritaires, tout en améliorant les droits fondamentaux des citoyens chinois ordinaires.

Les résultats de la politique d’engagement

Grâce à des décennies d’encouragement à l’engagement de la part des entrepreneurs occidentaux et de nombreuses autres « mains de la Chine », l’Occident a financé le PCC par l’intermédiaire de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dont la Chine est devenue membre en 2001, avec le soutien des États-Unis et d’autres pays occidentaux. Statista constate que « la production manufacturière de la Chine est passée d’environ 134 milliards de dollars en 1980 à environ 4800 milliards de dollars en 2023. Au cours de cette période, la part de la Chine dans la production manufacturière mondiale est passée de 5 % à environ 30 %, tandis que l’ancien leader manufacturier, les États-Unis, a vu sa part chuter de 21 % à 17 % ».

En fin de compte, la Chine a reçu un énorme cadeau tandis que le monde occidental s’est fait avoir et ses espoirs de « démocratisation » et de l’« apaisement » du PCC ne se sont pas concrétisés. La Chine a énormément profité d’un accès généreux aux marchés ouverts, aux capitaux et aux transferts sans précédent de technologie et de savoir-faire occidentaux. Dans le même temps, elle a préservé son régime totalitaire qui a commencé à devenir de plus en plus dictatorial et qui a mis en place l’appareil de surveillance le plus sophistiqué que le monde n’ait jamais connu. De plus, le renforcement de la Chine a été suivi d’une amélioration progressive de ses relations avec la Russie – l’héritière de l’URSS – qui ont finalement évolué vers leur « partenariat sans limites » proclamé en 2022.

Le régime chinois a adhéré de manière sélective aux principes du libre marché et a poursuivi un programme mercantiliste – et ce, en exploitant à son profit l’accès à l’OMC et le statut de la nation la plus favorisée (NPF) tout en recourant aux pratiques qui faussaient les échanges commerciaux, entraînaient la fermeture de nombreuses entreprises occidentales et la perte de millions d’emplois. De plus, l’État-parti perfectionnait constamment son espionnage économique et volait chaque année, juste aux États-Unis, les droits de propriété intellectuelle d’une valeur estimée à 600 milliards de dollars.

La persécution des minorités en Chine s’est poursuivie et s’est même propagée, incluant même la pratique atroce du prélèvement forcé d’organes dont les pratiquants de Falun Gong sont les principales victimes. Le PCC a également montré ses véritables intentions au reste du monde en lançant son titanesque programme « Initiative Ceinture et Route » qui vise à renforcer l’influence géopolitique du régime et qui est souvent critiqué pour avoir créé des pièges de la dette pour les pays participants. En même temps la Chine, cette nouvelle superpuissance économique et militaire, continue de profiter des avantages du statut d’un « pays en développement » au sein de l’OMC.

Les tarifs douaniers américains

Il y a plus de dix ans, Donald Trump a reconnu que le maintien de la direction des relations avec la Chine était synonyme de désastre à long terme pour les États-Unis. Au cours de son premier mandat présidentiel, en janvier 2020, il a négocié un accord commercial visant à rééquilibrer le commerce sino-américain et à résoudre les problèmes systémiques du régime économique et commercial accordé à la Chine. Le régime chinois n’a pas pleinement respecté ses engagements de l’époque – selon l’estimation de Peterson Institute for International Economics, l’accord commercial sino-américain de la « première phase » a été largement inefficace.

On ne peut pas nier le fait que la Chine et de nombreux autres pays ont mis en place des droits de douane relativement élevés sur les produits américains, alors que les États-Unis ont généralement encouragé le libre-échange et des tarifs douaniers peu élevés sur les produits importés. Par exemple, les droits de douane chinois sur la plupart des produits américains au cours des dernières années ont atteint en moyenne 20 % (en violation des dispositions de l’OMC sur le libre-échange entre partenaires ayant le statut de la NPF), alors que les droits de douane américains sur les produits chinois avant 2016 s’élevaient en moyenne à 3,5 %. Sans parler des pratiques du régime chinois qui faussent les échanges commerciaux, telles que les subventions d’État massives, la manipulation de la monnaie, les violations des droits du travail, l’exploitation du travail forcé, etc.

Les tarifs douaniers introduits par l’administration Trump visent à résoudre ce problème.

Étant donné que les politiques d’engagement bien encouragées par Pékin n’ont manifestement pas fonctionné – et ont même soutenu et exacerbé les comportements du régime qui devaient être améliorés par ces politiques – on pourrait s’attendre à un soutien prudent de la nouvelle approche de l’administration Trump à l’égard de la Chine ou, au moins, à la reconnaissance de l’échec des politiques antérieures et du besoin d’une nouvelle approche.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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