Les discours pro-Hamas pourraient être illégaux, selon l’organisme britannique de surveillance du terrorisme

Ces remarques ont été formulées alors que la police a demandé des précisions urgentes sur les seuils d'inculpation pour les crimes de haine, car elle reçoit de plus en plus de signalements.

Par Lily Zhou
15 octobre 2023 13:01 Mis à jour: 15 octobre 2023 13:40

L’organisme britannique de surveillance du terrorisme a estimé que certains intervenants lors des rassemblements pro-palestiniens pourraient avoir enfreint la loi en faisant l’apologie du terrorisme.

Les remarques de Jonathan Hall, membre du Conseil de surveillance, ont été formulées juste avant que la police londonienne ne déploie plus de 1000 agents samedi pour surveiller une nouvelle manifestation pro-palestinienne dans le centre de Londres, alors que la guerre entre Israël et le Hamas est entrée dans sa huitième journée.

Après avoir visionné des enregistrements de discours prononcés pendant de récentes manifestations, M. Hall, contrôleur indépendant de la législation antiterroriste, a indiqué à la BBC que certaines remarques semblaient enfreindre la loi.

« Si vous prenez ce qui s’est passé dans le kibboutz de Be’eri, où des bébés ont été massacrés, il s’agit sans aucun doute d’un acte de terrorisme », a-t-il souligné, faisant référence aux scènes horribles qui se sont déroulées dans ce village israélien lorsque des terroristes du Hamas ont massacré des villageois le 7 octobre dernier. Le même jour, le groupe a tiré des missiles depuis Gaza, s’est emparé de villages israéliens, a tué et violé des civils et a pris des otages.

« Les gens doivent savoir que si vous glorifiez ce genre de choses, vous risquez de commettre une infraction terroriste très grave », a poursuivi M. Hall.

M. Hall estime que l’on peut parler d’« encouragement au terrorisme » si l’on « se réfère nommément à une opération terroriste du Hamas, dont nous savons qu’elle a donné lieu à des actes de terrorisme, et si l’on invite les gens à faire quelque chose de similaire », ajoutant : « Et c’est ce que la police surveillera, je pense. »

Des chars et des véhicules de l’armée israélienne se déploient le long de la frontière avec la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le 13 octobre 2023. (Jack Guez/AFP via Getty Images)

Le Hamas est un groupe terroriste interdit au Royaume-Uni, dans l’Union européenne, aux États-Unis, et dans d’autres pays.

La ministre de l’intérieur du Royaume-Uni, Suella Braverman, a écrit aux chefs de police mardi, suggérant que des chants tels que « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre » ou le fait de brandir un drapeau palestinien pourraient être considérés comme illégaux dans certains contextes. Mme Braverman a également précisé qu’elle attendait du Online Hate Crime Hub (Centre de lutte contre la haine en ligne) qu’il « veille à ce que les auteurs de ces actes soient traduits en justice ».

Lundi, la police londonienne a arrêté trois personnes lors d’une manifestation organisée près de l’ambassade d’Israël à Londres. Ces personnes sont soupçonnées d’avoir agressé un secouriste, d’avoir commis des dommages criminels à caractère antisémite et de s’être trouvées en possession d’une arme.

À ce jour, une seule personne, une femme de 22 ans, a été arrêtée parce qu’elle était soupçonnée de soutenir le Hamas, organisation classée terroriste et interdite au Royaume-Uni, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’une manifestation à Brighton le 8 octobre.

Elle a été arrêtée jeudi et a depuis été libérée sous caution, dans l’attente d’un complément d’enquête, a indiqué la police du Sussex.

La police londonienne demande urgemment des précisions sur les « crimes de haine »

En début de semaine, l’ancienne commissaire chargée de la lutte contre l’extrémisme, Dame Sara Khan, a indiqué au Telegraph que les personnes qui « glorifiaient et approuvaient le terrorisme » ne pouvaient pas être poursuivies en vertu de la loi en vigueur, à moins qu’elles n’encouragent un acte terroriste ou ne soutiennent directement une organisation interdite, telle que le Hamas.

Des milliers de personnes devaient participer samedi à un rassemblement « Marche pour la Palestine » dans le centre de Londres, organisé par la Campagne de solidarité avec la Palestine (Palestine Solidarity Campaign), a indiqué la police.

Scotland Yard a fait savoir que plus de 1000 agents seraient en service pour assurer le maintien de l’ordre, et a averti les manifestants qu’ils devaient « respecter l’itinéraire » de la marche autorisé par la police.

Le commissaire adjoint Laurence Taylor, responsable du maintien de l’ordre à Londres ce week-end, a rappelé qu’il était illégal de soutenir des organisations interdites.

« Toute personne arborant un drapeau soutenant le Hamas ou toute autre organisation terroriste interdite sera arrêtée », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que les policiers ne « toléreront pas la célébration du terrorisme ou de la mort, ni l’incitation à la violence ».

La police londonienne a souligné que « l’expression d’un soutien au peuple palestinien au sens large, y compris le fait d’arborer le drapeau palestinien, ne constitue pas, à elle seule, une infraction pénale ».

« Toutefois, il existe des situations où la présence d’un drapeau ou d’une bannière, ou l’utilisation de mots ou de phrases spécifiques, pourraient être considérées comme des actes d’intimidation. Dans certaines circonstances, il pourrait également s’agir de l’intention de harceler, d’intimider ou de blesser. »

La police a fait savoir qu’elle avait écrit au Procureur général et au service des poursuites judiciaires de la Couronne afin d’obtenir « de toute urgence des éclaircissements et des conseils sur les seuils d’inculpation relatifs aux crimes de haine ».

La police a affirmé que les agents avaient reçu davantage de signalements de « crimes de haine », notamment des incidents antisémites et islamophobes présumés.

Entre le 29 septembre et le 12 octobre, « 105 incidents antisémites et 75 délits antisémites ont été signalés. Ces chiffres sont à comparer aux 14 incidents et 12 délits antisémites enregistrés au cours de la même période de l’année précédente », a déclaré la police.

« Au cours de la même période, il y a eu 58 incidents et 54 délits islamophobes. Au cours de la même quinzaine de l’année précédente, il y a eu 31 incidents et 34 délits islamophobes », ont ajouté les forces de l’ordre.

La guerre a fait au moins 2800 victimes des deux côtés depuis que le Hamas a lancé son attaque le 7 octobre.

La mort de trois Britanniques a été confirmée lors de l’attaque du week-end dernier contre Israël, mais des rapports ont suggéré qu’au moins 17 Britanniques pourraient figurer parmi les victimes.

PA Media a collaboré à la rédaction de cet article.

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