Les États-Unis appellent le G7 à imposer des droits de douane « significatifs » à la Chine et à l’Inde pour leurs achats de pétrole russe

Un porte-conteneurs en attente d’accostage dans un port de Lianyungang, dans la province du Jiangsu, à l’est de la Chine, le 7 août 2025.
Photo: AFP via Getty Images
Les ministres des Finances du Groupe des Sept (G7) — comprenant les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Italie et le Canada — se sont réunis en visioconférence le 12 septembre pour débattre de la proposition américaine d’imposer des « droits de douane significatifs » à la Chine et à l’Inde pour leurs achats de pétrole russe, afin de pousser la Russie à mettre un terme à la guerre en Ukraine.
Les ministres ont également examiné de nouvelles sanctions potentielles contre la Russie ainsi qu’une possible augmentation des tarifs douaniers à l’encontre des pays « facilitant » la guerre menée par la Russie en Ukraine, selon un communiqué de M. Bessent et du représentant américain au commerce, Jamieson Greer.
L’administration Trump a exhorté plus tôt dans la semaine l’Union européenne à imposer des droits de douane pouvant atteindre 100 % à la Chine et à l’Inde, avant d’étendre cet appel aux alliés du G7 et de l’OTAN.
« Seul un effort unifié, qui coupe à la source les revenus finançant la machine de guerre de Poutine, permettra d’exercer une pression économique suffisante pour mettre fin à ce massacre insensé », ont déclaré MM. Bessent et Greer dans leur communiqué.
L’appel de Trump à l’OTAN
Le 13 septembre, le président américain Donald Trump a publié sur les réseaux sociaux qu’il est prêt à imposer des « sanctions majeures » à la Russie dès lors que tous les pays de l’OTAN accepteront de faire de même et de stopper leurs achats de pétrole russe.
Trump a également affirmé que les droits de douane de 50 % à 100 % sur la Chine aideraient considérablement à mettre fin à cette guerre aussi meurtrière qu’absurde.
L’administration Trump a déjà ajouté 25 % de droits de douane supplémentaires aux biens importés d’Inde pour pousser New Delhi à cesser ses achats de pétrole brut russe à prix cassé, portant le total des droits punitifs sur les produits indiens à 50 %, ce qui a refroidi les relations entre les deux pays.
Trump a repoussé l’augmentation des tarifs sur les marchandises chinoises en raison des achats de pétrole russe par Pékin, car le régime chinois utilise les terres rares et les aimants, dont les États-Unis ont besoin, comme un atout dans les négociations.
La plupart des pays du G7 étant aussi membres de l’OTAN, ils ont l’obligation d’aligner leurs actions sécuritaires et géopolitiques concernant la Russie, a expliqué Davy J. Wong à Epoch Times.
Toutefois, il précise que certains membres d’Europe de l’Est, tels que la Hongrie, la Turquie et la Slovaquie « émettent des réserves, ou ont des difficultés à stopper les achats de pétrole russe en raison de leur dépendance énergétique, de considérations politiques intérieures ou stratégiques ».

Des secouristes ukrainiens interviennent au pied d’un immeuble résidentiel, lourdement endommagé après une frappe à Kyiv, le 23 juin 2025. (Genya Savilov/AFP via Getty Images)
Si la plupart des membres de l’OTAN coopèrent, « la Russie serait privée d’une de ses principales sources de revenus, ce qui exercerait une pression considérable sur Moscou », a souligné M. Wong.
Selon lui, l’appel de Trump marque une évolution stratégique notable : « Mais leur efficacité dépend de la capacité des membres du G7 et de l’OTAN à endosser les coûts dus à leurs propres considérations politiques et économiques. »
Concernant le niveau des « droits de douane significatifs », M. Wong estime que « si le G7/UE agit de concert, des droits de l’ordre de 50 à 100 % auraient un impact majeur sur certains produits indiens à fort volume et sur certaines exportations chinoises ».
M. Wong souligne que « la Chine et l’Inde disposent actuellement d’arguments : coûts, rabais, capacité à trouver d’autres fournisseurs, autonomie politique. Cependant, les sanctions ou pressions envisagées pourraient contraindre Pékin et New Delhi à certains compromis ou ajustements ».
Selon le professeur Yeh Yao-Yuan, politologue à l’Université St. Thomas, les pays du G7 et de l’UE pourraient reprendre le discours américain, « mais rien ne garantit qu’ils mettront réellement ces menaces à exécution ».
« Pour l’heure, l’UE et d’autres grandes puissances industrielles conservent encore un certain degré de coopération commerciale avec la Chine. »
Les États-Unis devraient convaincre au moins un grand allié, tel que le Royaume-Uni ou l’Allemagne, d’emboîter le pas. « Ce n’est qu’à cette condition que la situation pourrait évoluer », ajoute-t-il.
Poutine a intensifié les frappes aériennes contre l’Ukraine, notamment après avoir assisté au grand défilé militaire du régime chinois à Pékin, le 3 septembre.
Pour M. Yeh, c’est la preuve que Poutine n’a pas l’intention de mettre fin à la guerre et que « dans un mois ou deux, l’UE pourrait bien perdre patience avec Moscou ».
« À ce moment-là, si les États-Unis continuent d’exercer des pressions, une augmentation des droits de douane secondaires sur la Chine et l’Inde pourrait être envisagée », a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre indien Narendra Modi (à dr.) accompagne le président russe Vladimir Poutine lors du sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) 2025, au Meijiang Convention and Exhibition Centre de Tianjin, le 1er septembre 2025. (SUO TAKEKUMA/POOL/AFP via Getty Images)
Les considérations indiennes
Le Premier ministre indien Narendra Modi a assisté début septembre au sommet de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, en Chine — sa première visite sur le sol chinois depuis sept ans. Il en a profité pour rencontrer en bilatéral le dirigeant chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine. Modi n’a toutefois pas participé au défilé militaire organisé à Pékin.
Selon M. Wong, la diplomatie indienne évite toute dépendance excessive envers un seul pays. « Le gouvernement indien prendra en compte le niveau des prix de l’énergie pour la population, les intérêts des exportateurs et les coûts industriels », explique-t-il. « Il est probable qu’il réagira à d’éventuelles sanctions ou droits de douane extérieurs, tout en refusant de rompre totalement avec la Russie et la Chine. »
M. Yeh parie sur un rapprochement final de l’Inde avec les États-Unis, dans la mesure où New Delhi doit rivaliser stratégiquement avec la Chine pour l’hégémonie régionale et la gestion des différends frontaliers : « À l’échelle mondiale, elle finira donc par opter pour Washington. »
Selon M. Yeh, l’absence de Modi au défilé militaire de Pékin montre que « sa confiance envers la Chine reste limitée ».
M. Wong ajoute que l’appel à de nouveaux droits de douane illustre l’approche de dissuasion qui prévaut dans la politique étrangère de l’administration Trump, dont les cibles prioritaires sont la Chine communiste et la Russie de Poutine.
« Ils considèrent la Russie comme la menace la plus directe pour l’Ukraine et la sécurité européenne, tandis que la Chine est vue comme un concurrent sur le long terme, susceptible de défier la domination américaine dans les technologies, l’économie et la géopolitique mondiales », résume-t-il.

Alex Wu est un rédacteur basé aux États-Unis qui écrit pour The Epoch Times sur la société et la culture chinoises, les droits de l'homme et les relations internationales.
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