Les gouvernements sous-estiment le système d’ingérence mis en place par le Front uni du Parti communiste chinois

Par Caden Pearson
10 juin 2020 20:41 Mis à jour: 10 juin 2020 20:41

L’Australie et d’autres pays sous-estiment l’importance du système mis en place par le Front uni du Parti communiste chinois (PCC) et doivent développer leur expertise sur la politique chinoise et les méthodes d’ingérence étrangère, selon un rapport de l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI).

Rédigé par Alex Joske et publié le 9 juin, le rapport indique que le système mis en place par le Front Uni du PCC dépasse les frontières de la Chine pour s’étendre à l’étranger à travers un réseau complexe d’efforts, souvent dissimulés, destinés à accroître son influence auprès des groupes ethniques minoritaires, des mouvements religieux et des groupes commerciaux, scientifiques et politiques.

Selon le rapport, les experts, les politiciens et les agences de sécurité ne comprennent pas totalement l’étendue du travail du Front Uni du PCC, à la fois secrètement et ouvertement, car il existe « peu d’analyse publique sur le système du Front Uni ».

« Les diplomates peuvent considérer le travail de Front uni comme de la ‘diplomatie publique’ ou de la ‘propagande’, mais ils ne mesurent pas l’ampleur des activités secrètes qui y sont liées. Les responsables de la sécurité peuvent être attentifs aux activités criminelles ou à l’espionnage tout en sous-estimant l’importance des activités ouvertes qui les facilitent », écrit Alex Joske dans le rapport.

Les facettes cachées et manifestes de l’influence du PCC sont liées, et Alex Joske explique que les analystes ont tendance à ne pas en tenir compte.

Le gouvernement de l’État de Victoria s’associe au Front Uni

Dans le Victoria, le Premier ministre de l’État a récemment défendu une employée après avoir révélé ses liens avec le Département du travail du Front uni (UFWD) du PCC.

Au cours d’un échange animé pendant l’heure des questions au Parlement le 3 juin, le chef de l’opposition Michael O’Brien a demandé au Premier ministre Daniel Andrews si la fonctionnaire électorale Nancy Yang avait été contrôlée par des agences de sécurité avant son embauche.

Le Premier ministre a répondu : « Monsieur le Président, je rejette l’affirmation du chef de l’opposition selon laquelle les citoyens australiens devraient être contrôlés par les agences de sécurité. »

Selon The Australian, l’employée en question a publié sur sa page Facebook, le 18 mars, des documents qui font allusion à une théorie du complot qui prétend que le virus du PCC*, communément appelé nouveau coronavirus, aurait été créé par l’armée américaine et non par la Chine.

Nancy Yang a écrit un commentaire avec le post qui disait : « Les États-Unis doivent une explication. »

Un groupe de pression soutenu par la Chine et chargé de promouvoir l’Initiative pour la Ceinture et la Route de Pékin (Belt and Road Initiative, BRI) a reçu des fonds du gouvernement de l’État de Victoria.

L’accord BRI entre Victoria et Pékin a récemment subi des pressions de la part de certains politiciens de l’État et de la Fédération ainsi que du secrétaire d’État américain Mike Pompeo.

L’Australie a besoin d’analystes de la Chine formés dans le pays

L’Australie et d’autres pays doivent développer une expertise spécifique sur le PCC et le système mis en place par le Front Uni et ses méthodes d’ingérence étrangère.

Dans un article paru dans The Conversation l’année dernière, Euan Graham, expert de la sécurité en Asie et des relations internationales à l’université La Trobe, a déclaré que l’expertise australienne sur le PCC est « dangereusement éparpillée » dans les universités et, dans une moindre mesure, dans des groupes de réflexion.

Euan Graham a écrit : « Le PCC mène la barque en Chine, à l’intérieur comme à l’extérieur. Si nous ne comprenons pas les objectifs du Parti, la façon dont ses dirigeants pensent et prennent des décisions, nos politiques risquent d’être insuffisantes. L’Australie doit développer son acuité intellectuelle pour voir le monde à travers les yeux des dirigeants chinois et gérer la relation selon ses propres termes. »

Bien que la langue chinoise soit largement enseignée en Australie, notamment par les instituts Confucius du Département du Front uni, M. Graham affirme que les études sur la Chine ne sont pas structurées de manière à développer une expertise sur le PCC ou l’Armée populaire de libération. Il affirme que cela serait utile, tout comme la compréhension du communisme l’était pendant la guerre froide.

« L’Australie a besoin d’une cohorte d’analystes formés en Chine, capables de lire des documents de référence en mandarin, et motivés pour faire carrière en Australie, que ce soit dans le milieu universitaire ou dans l’administration publique », a-t-il ajouté.

Les objectifs du Front uni du PCC

Selon le rapport de l’ASPI (Institut australien de politique stratégique), le PCC cible 12 grands groupes, dont les minorités ethniques, les croyants, les urbanistes, les étudiants étrangers et les étudiants de retour dans leur pays, les habitants de Hong Kong et de Macao, les Taïwanais et leurs familles vivant en Chine continentale, les étrangers d’origine chinoise et leurs familles résidant en Chine continentale, et toute autre personne qui souhaite établir des liens et des contacts, etc.

Le PCC cherche à intégrer des individus ou des groupes appartenant à ces grands groupes dans le système mis en place par le Front uni. Non satisfait de n’avoir subverti qu’eux, le PCC les utilise ensuite pour coopter ou influencer les autres.

De cette façon, les efforts du Front uni permettent de réduire les résistances étrangères face à la mainmise exercée par le PCC sur la souveraineté d’un pays. Le rapport explique que ces activités se déroulent secrètement et constituent une forme d’ingérence.

Le rapport indique : « Le travail sur les groupes cibles est conçu pour les amener à se mettre sous la direction du Parti, non seulement pour neutraliser toute opposition qu’ils pourraient soulever, mais aussi pour qu’ils puissent être utilisés comme tremplins pour de nouveaux efforts. »

Le rapport a pris comme exemple l’ancien politicien travailliste Sam Dastyari dans une étude de cas sur Huang Xiangmo, qui a fait don de plus de 3 millions de dollars aux deux grands partis australiens et est même intervenu une fois pour payer une facture légale pour M. Dastyari, alors sénateur.

Le rapport écrit : « M. Dastyari était connu comme un collecteur de fonds prolifique, et sa relation avec Huang Xiangmo et son patronage ont conduit à la chute des deux. Comme M. Dastyari l’a dit plus tard : ‘Il y a une course aux dons entre les partis. Et quand des individus comme Huang Xiangmo sont prêts à débourser des millions de dollars, on les écoute.' »

Concernant l’étude de cas menée sur M. Huang, le rapport de l’ASPI indique : « Il semble que des hommes politiques aient traité Huang Xiangmo comme un riche dirigeant de la communauté chinoise et n’aient pas trop réfléchi aux objectifs politiques contenus dans le nom même du conseil de réunification qu’il dirigeait. »

La solution au problème des personnalités subverties du Front uni, selon le rapport, est de permettre aux gouvernements de perturber leur capacité à agir en tant que « véhicules d’influence clandestine et de transfert de technologie ».

Le rapport note que l’ingérence étrangère se produit souvent dans des zones sombres difficiles à faire respecter par la loi. « Le renforcement de la société civile et des médias doit être un élément fondamental de la protection contre l’ingérence », a écrit M. Joske.

Parmi les recommandations, le rapport suggère que le gouvernement étudie et développe sa capacité à comprendre le travail du Front uni, qu’il élabore une politique de haut niveau pour contrer les interférences étrangères, qu’il renforce la sensibilisation à ce sujet, qu’il s’assure de l’existence d’une législation et d’une volonté politique pour renforcer la transparence, qu’il proteste contre ceux qui dénoncent les interférences, qu’il s’engage avec les universités pour trouver des réponses aux problèmes connexes, qu’il soutienne la diaspora chinoise (notamment par des subventions pour les médias indépendants de langue chinoise), qu’il développe une expertise sur la Chine, le peuple chinois et le PCC, et qu’il refuse des visas ou expulse des agents étrangers.

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du covid-19, comme le « virus du PCC », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

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