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Les législatives en Argentine décideront du sort des réformes de « thérapie de choc » de Javier Milei
Le parti La Libertad Avanza du président gagne en dynamique à l’approche du scrutin.

Le président américain Donald Trump accueille le président argentin Javier Milei à la Maison-Blanche le 14 octobre 2025.
Photo: Madalina Kilroy/Epoch Times
Le président argentin Javier Milei aborde ce week-end des élections législatives décisives qui trancheront l’avenir de son agenda de réformes — un programme qui a suscité le soutien des États-Unis et des investisseurs internationaux.
Les électeurs se rendent aux urnes le 26 octobre pour les premières législatives de mi-mandat sous le dirigeant libertarien. La moitié des sièges du Congrès national — 127 à la Chambre basse et 24 au Sénat — seront remis en jeu.
L’opposition de l’Unión por la Patria, coalition péroniste classée à gauche, détient aujourd’hui le plus grand nombre de sièges dans les deux chambres. Le parti de M. Milei, La Libertad Avanza, constitue le deuxième bloc, avec 37 députés et six sénateurs, tandis que plusieurs autres formations se partagent les sièges restants.
Un succès substantiel pour M. Milei ne suffirait pas à offrir une majorité à son parti au Congrès. En revanche, atteindre au moins un tiers des voix serait un signal favorable pour l’exécutif et permettrait d’endiguer les tentatives de l’opposition de renverser les vetos présidentiels.
Bien que la popularité de M. Milei se soit érodée depuis son arrivée au pouvoir — son approbation plafonne à 42 % —, les chances que La Libertad Avanza remporte le plus de sièges aux législatives sont supérieures à 70 % sur les plateformes de paris Polymarket et Kalshi.
Pour de nombreux observateurs, ces élections font office de référendum sur la « thérapie de choc » et l’« économie à la tronçonneuse » du président.
Par une série de décrets et d’actions exécutives, le gouvernement Milei a engagé des réformes d’ampleur qui ont reconfiguré le paysage économique argentin — des coupes drastiques dans la dépense publique à la réduction spectaculaire du périmètre de l’État.
Ces mesures ont tenu plusieurs promesses phares de la campagne 2023 de M. Milei, visant à maîtriser l’hypertrophie étatique et l’inflation galopante. Le pays enregistre ainsi trois trimestres consécutifs de croissance, une baisse du taux de pauvreté et des excédents budgétaires répétés.
Mais les résultats des élections provinciales du mois dernier ont aussi révélé une frustration croissante d’une partie de la population face à l’austérité. Par ailleurs, des allégations de corruption, de trafic de drogue, de rétrocommissions et des liens avec un jeton de cryptomonnaie controversé en février ont pesé sur l’exécutif.
À Buenos Aires, La Libertad Avanza a subi un revers cinglant, l’alliance péroniste-kirchnériste dépassant 47 % des suffrages le 7 septembre.
Cette défaite a semé le trouble sur les marchés, où investisseurs locaux et internationaux ont craint une capacité amoindrie de M. Milei à mener à bien ses réformes.
L’indice S&P MERVAL — baromètre de la Bourse de Buenos Aires — a décroché, les obligations se sont dépréciées et le peso argentin s’est nettement affaibli face au dollar.
Les États-Unis entrent en scène.
L’Amérique à la rescousse
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a dévoilé plus tôt ce mois-ci un plan de sauvetage économique de 20 milliards de dollars. Ce soutien comprend un accord de swap de devises entre le Trésor américain et la Banque centrale d’Argentine, afin de renforcer les réserves en devises du pays et de stabiliser le peso en période de tension de liquidité.
Quelques jours plus tard, Washington a racheté des pesos argentins supplémentaires sur les marchés, portant l’appui global à 40 milliards de dollars.
Le président Trump a également indiqué que les États-Unis pourraient importer du bœuf argentin pour atténuer la hausse des prix de la viande.
« Nous achèterions du bœuf à l’Argentine », a déclaré le président à des journalistes à bord d’Air Force One. « Si nous faisons cela, nos prix du bœuf baisseront. »
Mais l’ampleur du soutien américain dépendra de l’issue du scrutin dans la troisième économie d’Amérique latine.
« Je suis avec cet homme parce que sa philosophie est juste, et il peut gagner, il peut perdre. Mais je pense qu’il va gagner et, s’il gagne, nous resterons avec lui ; s’il perd, nous partirons », a déclaré M. Trump aux journalistes lors d’une rencontre bilatérale avec M. Milei à la Maison-Blanche, le 14 octobre.
« Car si un socialiste l’emporte, on envisagerait très différemment un investissement. »
M. Bessent a renchéri, expliquant à la presse qu’un retour aux « politiques péronistes conduirait à reconsidérer » l’appui américain.
Si les péronistes ont créé la surprise le mois dernier, leur élan semble s’être émoussé et La Libertad Avanza a regagné du terrain. L’optimisme des investisseurs était élevé à l’approche du jour J : actions argentines, obligations souveraines et peso se sont raffermis en fin de semaine, portés par l’anticipation d’une victoire de M. Milei.
Au final, beaucoup se joue dans les urnes ce week-end, souligne Kimberley Sperrfechter, économiste des marchés émergents chez Capital Economics.
« Un piètre score de La Libertad Avanza ne ferait pas que jeter un doute sur la pérennité du soutien américain : il augmenterait aussi le risque d’une chute brutale — et potentiellement désordonnée — du peso », écrit Mme Sperrfechter dans une note du 24 octobre. « Alors que la majeure partie de la dette souveraine argentine est libellée en dollars, un plongeon du peso raviverait les risques de défaut. »
Washington et les marchés suivront de près les résultats dès le lendemain matin.
Evgenia Filimianova et Kimberly Hayek ont contribué à la rédaction de cet article.

Andrew Moran couvre les affaires, l'économie et la finance. Il est écrivain et reporter depuis plus de dix ans à Toronto, avec des articles publiés sur Liberty Nation, Digital Journal, et Career Addict. Il est également l'auteur de "The War on Cash" (La guerre contre le liquide).
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