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Les organes de leurs pères ont été volés en Chine : l’enregistrement accidentel des propos tenus par Xi et Poutine ravive de vieilles blessures

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Jiang Li tient une photo de son père, Jiang Xiqing, un pratiquant de Falun Gong qu'elle soupçonne d'avoir été victime de prélèvements d'organes et persécuté à mort en Chine, à New York le 1er novembre 2015.

Photo: Epoch Times

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Durée de lecture: 16 Min.

Han Yu, 19 ans, a été submergée par le chagrin et bouleversée lorsqu’elle est entrée dans une pièce remplie de policiers.
Au milieu de la foule gisait le corps sans vie de son père, qui était en parfaite santé deux mois avant que les autorités chinoises ne le jettent en prison.
Même avec le maquillage, des traces de souffrance étaient visibles. Il manquait du tissu sous son œil gauche et des ecchymoses étaient visibles autour de son menton. Des points de suture noirs descendaient de sa gorge.
La police a crié et poussé Han Yu dehors lorsque l’adolescente a essayé de déboutonner les vêtements de son père et de vérifier la taille de l’incision.
D’autres membres de la famille ont réussi à soulever son t-shirt et ont vu que la plaie allait jusqu’à l’abdomen. Ils ont appuyé sur son ventre. Il n’y avait plus d’organes. Tout était gelé.
Qu’ont-ils fait des organes ?
Vingt et un ans plus tard, ce sentiment d’horreur s’est réveillé lorsqu’elle a entendu, grâce à un micro ouvert, le dirigeant chinois Xi Jinping discuter avec le président russe Vladimir Poutine de la possibilité de prolonger la vie grâce à des greffes multiples et répétées.
« Autrefois, les gens vivaient rarement jusqu’à 70 ans, mais aujourd’hui, à 70 ans, on est encore un enfant », a déclaré Xi Jinping par l’intermédiaire d’un traducteur russe lors du grand défilé militaire organisé à Pékin le 3 septembre pour commémorer la Seconde Guerre mondiale.
Poutine a répondu par l’intermédiaire de son interprète en mandarin : « À mesure que la biotechnologie progresse, les organes humains peuvent être transplantés en continu, ce qui nous permet de devenir de plus en plus jeunes, et peut-être même d’atteindre l’immortalité. »

Le président russe Vladimir Poutine (2e de g. à dr.) marche avec le dirigeant chinois Xi Jinping, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif avant le défilé militaire marquant le 80e anniversaire de la victoire sur le Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur la place Tiananmen, à Pékin, le 3 septembre 2025. (Alexander Kazakov/Pool/AFP via Getty Images)

« Selon les prévisions, il sera possible de vivre jusqu’à 150 ans au cours de ce siècle », a déclaré Xi juste avant que le son de la diffusion en direct ne s’éteigne.
Des années ont passé depuis que des enquêteurs internationaux, tels que le Tribunal chinois, ont découvert que le régime chinois se livrait à un commerce sanglant de prélèvements d’organes forcés, tuant des prisonniers d’opinion à la demande pour leurs organes.
Dans de nombreux cas, les cibles sont des personnes comme la famille Han, des pratiquants du Falun Gong, également appelé Falun Dafa, une discipline spirituelle fondée sur les principes d’authenticité, de compassion et de tolérance. Avec environ 70 à 100 millions de pratiquants en Chine dans les années 1990, leur foi est attaquée par le régime communiste depuis 1999.
Après le vol d’organes pratiqué sur son père par les autorités, entendre le plus haut dirigeant chinois évoquer le remplacement continu d’organes était choquant et effrayant, a déclaré Mme Han à Epoch Times. Selon elle, cela implique une abondance d’organes disponibles en attente.
« Cela m’amène à me demander : derrière tout ça, combien de personnes comme mon père ont perdu la vie ? »

Han Yu, dont le père, Han Junqing, pratiquant de Falun Gong, a été persécuté à mort en Chine pour sa foi, se tient dans une rue de New York le 7 septembre 2025. (Samira Bouaou/Epoch Times)

« Il est vivant »
Le prélèvement illicite d’organes était déjà répandu en Chine dans les années 1990. Avec l’approbation des autorités chinoises, des médecins prélevaient les organes de prisonniers exécutés pour les utiliser à des fins chirurgicales. Mais cette industrie s’est considérablement développée au cours de la décennie suivante, parallèlement au lancement d’une persécution nationale contre le Falun Gong.
Le représentant américain Chris Smith, qui tire la sonnette d’alarme sur cette question depuis 1998, a souligné le temps d’attente inhabituellement court pour obtenir des organes en Chine, ce qui attire des patients du monde entier. Pendant longtemps, la Chine ne disposait pas de système de don d’organes, mais après la mise en place d’un tel système en 2015 sous la pression internationale, des chercheurs ont relevé des signes de manipulation des données chinoises relatives aux dons d’organes.
« Vous pouvez obtenir un organe en une semaine, car ils vont tuer quelqu’un qui correspond à vos antigènes et à tout le reste, afin qu’il n’y ait pas ou peu de risque de rejet de l’organe », a expliqué M. Smith à Epoch Times. « Je n’ai jamais rien vu de tel, sauf dans l’Allemagne nazie, et je pense que c’est de cela dont nous parlons ici : ça ressemble au nazisme. »

Le représentant Chris Smith, coprésident de la Commission exécutive du Congrès sur la Chine, participe à une conférence de presse sur la loi relative à l’interdiction du prélèvement forcé d’organes adoptée par la Chambre des représentants, au Capitole à Washington, le 7 mai 2025. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Mme Han est l’une des deux femmes qui ont témoigné auprès d’Epoch Times au sujet de la disparition de leur père tombé entre les mains des autorités chinoises, dont les organes ont été prélevés. Leurs récits présentent de nombreuses similitudes : la mort inattendue de leur proche, une forte implication de la police, des plaies visibles sur le corps, une crémation rapide et un silence obstiné lorsqu’elles ont cherché à obtenir des réponses.
Le père de Jiang Li est décédé en janvier 2009, moins de 24 heures après que sa famille ne l’ait vu lors d’une rare visite au camp de travail situé dans la municipalité de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine. Il était alors à mi-chemin de sa peine d’un an pour ses convictions religieuses, et l’homme a fondu en larmes en apprenant la nouvelle peine de huit ans infligée à sa femme, raison pour laquelle elle était absente lors de la rencontre.
Les gardes les ont fait attendre des heures avant d’emmener la famille aux pompes funèbres. Là, un membre du personnel de la morgue leur a énuméré une série de règles : pas de téléphones, d’appareils photo ni d’autres appareils de communication ou de photographie. Il a précisé qu’ils avaient cinq minutes, pas plus, a écrit Mme Jiang dans une pétition – qu’elle a envoyée aux autorités chinoises pour demander réparation dans le cas de son père – partagée avec Epoch Times.
En voyant le corps de leur père sorti du congélateur de la morgue, la famille s’est précipitée vers lui. Son visage, sa poitrine et ses jambes étaient chauds au toucher.
« Mon père n’est pas mort. Il est vivant ! » cria la sœur de Mme Jiang.
Pris de panique, la vingtaine de gardes et d’agents présents ont poussé la famille dehors, coupant la paume de Mme Jiang au passage. « L’hôpital a délivré un certificat de décès », a déclaré une femme, se souvient Mme Jiang.
L’explication officielle, « crise cardiaque aiguë », n’a convaincu personne dans la famille Jiang. Une autopsie, pratiquée sans le consentement de la famille, a révélé trois côtes cassées, résultant, selon les autorités, d’une réanimation.
Un responsable du parquet de Chongqing leur a expliqué que les organes du père avaient été transformés en spécimens médicaux.
« Ils ont prélevé les organes. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent, mais comment savoir ce qu’ils en ont fait ? », s’est exclamé Mme Jiang auprès du journal Epoch Times.
« Il y a trop de questions. »

Han Yu tient une photo de son père, Han Junqing, un pratiquant de Falun Gong qu’elle soupçonne d’avoir été victime de prélèvements d’organes et persécuté à mort en Chine, à New York le 7 septembre 2025. (Samira Bouaou/Epoch Times)

« À leur merci »
Le père de Mme Han est décédé en 2004. Pendant longtemps, Mme Han a eu du mal à comprendre la mort de son père. Elle rêvait souvent de lui et se réveillait en pleurant.
En 2006, Epoch Times a révélé l’existence du prélèvement forcé d’organes en recueillant les témoignages de plusieurs personnes. L’une d’entre elles était une femme qui travaillait dans un hôpital du nord-est de la Chine où, selon ses dires, son mari chirurgien prélevait les cornées de pratiquants de Falun Gong.
Mme Han n’en savait rien jusqu’à l’année suivante. Alors qu’elle naviguait sur Internet, une publication décrivant le prélèvement forcé d’organes est apparue. Elle tremblait de tout son corps en lisant. En pensant à son père et à l’incision sur son corps, des larmes ont coulé, se souvient-elle.
Elle a sangloté pendant des heures cette nuit-là jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse, a-t-elle confié à Epoch Times.
Les familles ne pouvaient pas faire grand-chose en Chine. Mme Jiang a passé six ans à chercher à obtenir justice pour son père. Le seul résultat obtenu fut des représailles menées par le régime chinois.
Mme Jiang a perdu son emploi. La famille ayant fermement rejeté les offres de règlement, des arrestations, des passages à tabac et un harcèlement policier constant ont suivi, tandis que Mme Jiang adressait en vain des pétitions aux plus hautes instances dirigeantes à Pékin.
Au cours d’une réunion avec deux avocats, une vingtaine de policiers sont arrivés, ont immobilisé les avocats et les ont menottés pour les emmener au poste de police, où les agents les ont torturés et interrogés. Un avocat est sorti avec des entailles aux poignets et du sang dans le tympan, résultat de gifles répétées. Un autre a été enfermé dans une cage métallique, les mains menottées en hauteur jusqu’à ce qu’elles soient enflées et engourdies, ont raconté les avocats à Epoch Times.
« On a l’impression d’être à leur merci », a déclaré Mme Jiang. « Nous ne pouvons pas contrôler nos propres vies. »

Une photo de la famille Jiang en Chine en 1997. (Crédit Photo Jiang Li)

Une question pour le monde
Les discussions sans ménagement entre Xi et Poutine ont attiré l’attention du monde entier et ont de nouveau propulsé la question du prélèvement d’organes sous les projecteurs, apparemment au grand dam du régime.
Cet échange, initialement diffusé en direct par les médias d’État chinois à des milliards de personnes à travers le monde, a disparu de l’Internet chinois, fortement censuré. Un utilisateur étranger des réseaux sociaux chinois s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas envoyer de message contenant le mot « longévité » vers la Chine continentale.
Par l’intermédiaire d’un avocat, la chaîne publique chinoise CCTV a retiré à Reuters le droit d’accéder à un extrait vidéo mettant en avant ce dialogue. La chaîne affirme que l’agence de presse l’a utilisé au-delà du cadre convenu, entraînant « une déformation manifeste » des faits.
La suppression de la scène témoigne de la peur, a souligné Mme Jiang.
« Quelle fausse déclaration ? », s’est-elle interrogée. « Ce sont leurs propres mots. Et le prélèvement forcé d’organes est bien réel. »

Jiang Li tient une photo de son père, Jiang Xiqing, un pratiquant de Falun Gong qu’elle soupçonne d’avoir été victime de prélèvements d’organes et persécuté à mort en Chine, à New York, le 7 septembre 2025. (Samira Bouaou/Epoch Times)

La conversation – et la publicité internationale qu’elle a suscitée – semble surréaliste aux deux femmes.
Selon elles, ces propos traduisent une indifférence à l’égard de la vie humaine et, par extension, à la fragilité des personnes vivant sous le régime du Parti communiste chinois.
Mais cette situation a donné à Mme Jiang l’espoir de quelque chose d’autre.
« Cela semble providentiel », a-t-elle déclaré.
Pendant des années, elle s’est sentie désespérée, seule face au pouvoir politique. Mais peut-être est-ce l’occasion de sensibiliser le monde au prélèvement forcé d’organes, a-t-elle souligné.
Selon elle, si des personnes bienveillantes entendent parler de cette affaire, il est peut-être temps de prendre position.
Vont-ils « rester endormis » ou vont-ils « s’unir pour y mettre fin » ?
Eva Fu est rédactrice pour Epoch Times à New York spécialisée dans les relations entre les États-Unis et la Chine, la liberté religieuse et les droits de l'homme.

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