Fondation Abbé-Pierre : cérémonie des « Pics d’or » pour les pires dispositifs anti-SDF

Par Epoch Times avec AFP
2 mars 2020 21:00 Mis à jour: 3 mars 2020 19:29

Pics, barreaux, grilles, rochers sous les ponts ou encore arrêtés anti-mendicité, la Fondation Abbé Pierre a décerné ses « Pics d’Or » aux dispositifs urbains anti-SDF.

Lundi 2 mars, la deuxième édition de la cérémonie des « Pics d’Or » aux dispositifs urbains anti-SDF ont été ironiquement « récompensés » au Théâtre de l’Atelier à Paris par la Fondation Abbé Pierre (FAP). Avec humour et persuasion, la Fondation Abbé-Pierre a permis de pointer du doigt une inégalité persistante en France, celle du rejet des sans-abris dans l’espace public.

450 installations signalées

Les prix « Fallait oser », « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » et « Bouge de là » ont été remis par les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin et par d’autres personnalités. Ces prix visent à sensibiliser avec ironie sur « l’hostilité urbaine à l’égard des personnes sans domicile » et rappeler leurs droits, explique la FAP. « Les personnes sans-abri, comme tout être humain, ont des droits fondamentaux, qui ont été rassemblés au sein de la Déclaration des droits des personnes sans-abri », rappelle la fondation.

Cette année, 24 dispositifs ont été nommés dans six catégories. Du dispositif « le plus décomplexé » au dispositif « le plus fourbe ». Ils ont été sélectionnés parmi 450 installations signalées sur Twitter sous le hashtag « Soyons humains » lancé par la fondation Abbé Pierre, permettant ainsi à chacun de manifester son étonnement ou son indignation en postant des photos de mobilier urbain anti-SDF.

Rails, poteaux, clous, pics en fer…

À Lyon, des rails installés sur des bancs, rue Crillon, remportent le prix du « dispositif le plus décomplexé » dans la catégorie « Fallait oser ».

Sur les rails (Lyon). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

Des poteaux en métal plantés dans l’entrée d’un immeuble du 10e arrondissement de la capitale pour empêcher les SDF de s’abriter et baptisés « les champignons de Paris » ont, eux, remporté le prix du « dispositif le plus agressif », dans la catégorie « Le clou ».

Les Champignons de Paris (Paris 10e). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

Le prix du « dispositif le plus fourbe » dans la catégorie « Ni vu ni connu » a été décerné aux grilles installées devant l’entrée d’un immeuble à Lille.

Le rideau de fer (Nantes). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

Puis a été nommé dans la catégorie les « coups de crampons », des sortes de clous installés devant la devanture d’un magasin dans le 8e arrondissement de Paris.

Coups de crampons (Paris 8e). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

Le prix « Faites ce que je dis pas ce que je fais », pour le « dispositif le plus contradictoire », a été décerné à « Esprit de famille ». Ce surnom a été attribué aux pics en fer installés devant l’agence de la Mutuelle de l’Enfant et de la Famille (MAE) à Toulon.

Esprit de famille (Toulon). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

Dans cette catégorie, d’autres dispositifs ont été également nommés comme des grilles métalliques installées sur les rebords des devantures des commerces à Paris ou à Marseille, ou bien des bancs percés pour empêcher les personnes sans-abri de s’asseoir ou de s’allonger.

Le gouffre (Rennes). (Photo : Fondation Abbé Pierre)

 

Des « moyens inhumains »

Selon l’organisation, l’État, les collectivités, les entreprises, commerçants ou encore riverains usent de « moyens inhumains » pour empêcher les plus démunis de s’abriter et les « invisibilisent » en les éloignant des centres-villes et, finalement, des regards. « Ce n’est pas en recourant à ce type de dispositifs qui ne font que déplacer le problème qu’on le règlera », s’insurge Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre. « Il faut faire plus, tendre la main et apporter une réponse digne aux personnes à la rue », explique-t-il.

La Fondation Abbé Pierre affirme dans un communiqué « En aucun cas, la Fondation ne défend la vie à la rue mais elle dénonce ce que l’on en a fait : un lieu toujours plus hostile et dangereux pour les personnes qui y sont astreintes ».

L’Insee recensait 150 000 personnes sans-domicile dans sa dernière enquête datant de 2012. Selon les associations, ce chiffre est largement sous-évalué et avoisinerait en réalité les 250 000.

 

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