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Les « zones d’ombre » du système électoral espagnol dévoilées - Entretien avec Gabriel Araújo

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Photo: Zerbor / Shutterstock

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Durée de lecture: 34 Min.

Lundi, l’homme d’affaires Víctor de Aldama a secoué l’opinion publique espagnole avec des déclarations explosives faites dans l’émission « Herrera en COPE », où il a affirmé avoir été témoin de conversations entre José Luis Ábalos et Koldo García au sujet d’une fraude présumée lors des élections générales du 23 juillet 2023, impliquant la société Indra et le parc des expositions IFEMA.
M. Aldama, figure clé dans l’affaire Koldo, a également souligné que « certains employés d’Indra pourraient se manifester » au sujet de ces irrégularités.
Ces accusations graves ont ravivé les doutes sur l’intégrité du système électoral espagnol, un sujet qui suscite la controverse depuis des années.
Dans ce contexte, Epoch Times Espagne a interviewé Gabriel Araújo, un expert informatique et auditeur de systèmes électoraux renommé, qui a travaillé dans des pays tels que le Brésil, le Panama, le Mexique et l’Équateur.
Dans l’interview, M. Araújo explique comment Indra, l’entreprise chargée de transmettre les résultats électoraux, a été remise en question non seulement en Espagne, mais aussi dans des pays comme la Colombie, où, souligne-t-il, elle a été condamnée par le tribunal de Cundinamarca pour une affaire d’un million de votes gonflés. Il aborde également la question controversée du vote par correspondance, qui fait l’objet d’au moins huit procédures judiciaires pour fraude présumée, et l’absence de code source électoral public, un problème unique en Espagne.
Il donne également son avis sur les raisons pour lesquelles ce sujet reste tabou dans les médias et évoque les persécutions dont il a été victime pour avoir fait ces révélations.
Epoch Times Espagne : Quelle a été votre première impression lorsque vous avez entendu les déclarations de Víctor de Aldama au sujet de la fraude électorale en Espagne, d’Indra et d’Ifema ?
M. Araújo : Eh bien, je l’ai suivi en direct, j’étais dans ma voiture, je me rendais justement à un procès […], je l’écoutais en direct, et j’aurais aimé que le journaliste Jorge Busto ait approfondi davantage ce point, car il a rapidement changé de sujet alors qu’il venait de lancer la véritable bombe. À mon avis, c’était le point le plus important de l’interview.
En fait, c’est ce sujet qui a eu le plus grand retentissement sur les réseaux sociaux. Je trouve étrange que le journaliste ait changé de sujet.
Cependant, cette question fait vraiment beaucoup de bruit.
Il est également important de souligner le rôle joué par Indra dans cette affaire, car il s’agit de l’une des entreprises les plus importantes de l’IBEX 35 (principal indice de la Bourse de Madrid composé de 35 entreprises, ndlr). Il est donc très important de préciser son rôle et il est également bon de souligner certaines inexactitudes qui, à mon avis, ont été commises par Aldama dans sa déclaration de ce matin.
Epoch Times Espagne : Aldama a parlé d’Indra et de l’IFEMA, ce qui a surpris beaucoup de gens, mais pas vous, semble-t-il ?
M. Araújo : Je suis auditeur de systèmes et, bien sûr, les systèmes électoraux sont un système de gestion de la sécurité de l’information qui fait partie des audits que nous devons réaliser. J’ai dû réaliser plusieurs audits de processus électoraux internationaux, notamment au Brésil, au Panama, au Mexique, en Équateur, etc. Et lorsque j’ai découvert celui de l’Espagne, j’ai été assez surpris par certains points obscurs du système électoral espagnol, qui pourraient facilement être améliorés.
C’est vrai, le système peut être amélioré, mais il est facile à améliorer. Ensuite, toutes les informations qui ont été révélées ces dernières années ont renforcé les inquiétudes des citoyens concernant l’intégrité électorale, en particulier la question de la fraude des votes par correspondance, ainsi que l’achat de votes par correspondance, qui fait l’objet d’une procédure judiciaire.
Par exemple, l’étrange gonflement des votes en faveur de Junts (« Ensemble et libres pour l’Europe », ndlr) lors des élections européennes du 9 juin 2024, qui a été attribué à des erreurs humaines, mais qui, comme nous l’avons vu par la suite, n’en était pas. En effet, en consultant les procès-verbaux officiels, il n’y avait aucune erreur humaine dans cette étrange attribution de votes en faveur de l’un des partis partenaires du gouvernement.
Il s’agit donc de preuves qui renforcent ces doutes. Il n’y a rien de mal à douter de l’intégrité électorale. En fait, les professionnels de la cybersécurité partent toujours d’une confiance zéro dans le système, ce qu’on appelle le « zero trust ». C’est à partir de cette confiance zéro que l’on se forge une opinion sur le fonctionnement ou non de ce système de sécurité de l’information.
Le système électoral ne fonctionne pas vraiment car il n’y a pas de traçabilité, pas de continuité, pas de vérifiabilité des résultats électoraux. La bombe lâchée par M. Aldama ce matin renforce cette inquiétude et, eh bien, les gens se posent beaucoup de questions.
Epoch Times Espagne : Vous avez mentionné que certaines choses dites par M. Aldama sont correctes, mais que d’autres doivent être corrigées. À quoi faites-vous référence précisément ?
M. Araújo : Eh bien, nous ne le savons pas, car il raconte avoir entendu une conversation entre Ábalos et Koldo (l’ancien ministre des Transports José Luis Ábalos et son ancien conseiller Koldo García Izaguirreau, ndlr) au sujet des élections, et d’après ses propos, il a parlé de fraude électorale, ce qui va dans le même sens que d’autres témoignages que nous avons entendus, par exemple celui d’un ancien partenaire d’un haut dirigeant d’Indra qui a également été témoin d’une conversation identique dans le même sens.
Nous parlons donc de conversations sur des irrégularités électorales entre différentes personnes dans différents environnements, mais qui font partie du même complot. Cela pourrait confirmer que ces conversations ont effectivement eu lieu.
Cependant, à mon avis, je pense que la conception du système électoral espagnol a échoué, car il est vraiment difficile, les systèmes électoraux sont très compliqués, ce sont des systèmes vraiment très complets et ils sont liés à de nombreux paramètres qui prêtent à confusion.
Pour moi, la confusion la plus évidente que M. Aldama a eue a été de parler d’urnes au sein de l’IFEMA. L’IFEMA n’a jamais eu d’urnes lors d’aucune élection, jamais. Pourquoi ? Parce qu’il n’a jamais été un bureau de vote, et c’est le seul scénario possible dans lequel on peut parler d’urnes, d’urnes contenant des votes, je veux dire.
Rappelons que les urnes, lorsque l’on vote, lorsque le dépouillement est effectué au bureau de vote, chaque bureau de vote détruit ensuite ces votes pour des raisons de sécurité afin qu’il ne puisse y avoir de fraude. Je trouve normal que ces bulletins soient détruits une fois qu’ils ont été correctement comptés.
Il n’y a donc plus d’urnes. À partir du moment où le bureau de vote est fermé, le dépouillement est terminé, il n’y a bien sûr plus d’urnes. C’est donc là une première erreur. L’IFEMA a fonctionné comme le Centre national de diffusion des données (CDDN), qui dépend du ministère de l’Intérieur.
Je le sais très bien, car j’étais dans ce pavillon 14A pour effectuer des tâches d’audit de sécurité les jours précédents, uniquement au niveau de l’internet, mais il n’y avait là aucune salle prévue pour recevoir les urnes, ni les sacs contenant les bulletins de vote, ni les procès-verbaux électoraux, rien. Seules les données électroniques y étaient traitées. Il est donc très important de le souligner. Le pavillon 14, l’IFEMA, le 23 juillet 2023, ainsi que lors des élections suivantes, n’a jamais reçu aucune urne. Il s’agissait uniquement d’un centre de traitement des données.

Gabriel Araújo, informaticien spécialisé dans les systèmes électoraux. (X : @GabrielAraujoES)

Epoch Times Espagne : M. Aldama a également évoqué Indra, une entreprise très connue mais controversée. Quel est exactement le rôle d’Indra dans le processus électoral, et pourquoi suscite-t-elle autant de controverses ?
M. Araújo : Oui, en effet, surtout au niveau international, elle a même été exclue de différents processus électoraux. Je parle, par exemple, du cas de la Colombie. Le tribunal de Cundinamarca a condamné Indra pour ce million de votes qui sont soudainement apparus dans le camp de la gauche. Et bien, au Venezuela aussi, en Argentine également, certaines de ses filiales ont également été condamnées.
Indra n’opère pas toujours sous son propre nom, mais sous celui de ses filiales, comme SIA, et de nombreuses autres dans toute l’Amérique du Sud. Dans le cas de l’Espagne, Indra communique, par l’intermédiaire du représentant de l’administration, les résultats de chaque bureau de vote.
Indra utilise une tablette qui lui appartient, mais qui fonctionne avec le code source fourni par le ministère de l’Intérieur, une application appelée Infoelectoral. Le représentant de l’administration, disons qu’il ne s’agit pas d’employés d’Indra, mais de représentants de l’administration.
Il y a là aussi beaucoup d’irrégularités, car ils ne sont pas seulement issus de l’administration, mais parfois aussi de la famille ou de la police, qui leur verse 250 euros pour photographier les procès-verbaux le soir des élections, ils envoient les photos au centre de données et enregistrent manuellement les résultats sous forme numérique.
C’est donc la seule chose que fait Indra. Ensuite, ces données sont transmises du centre de données d’Indra au centre de données de l’IFEMA, pavillon 14, et c’est à partir de là que le dépouillement est effectué à l’aide de l’intelligence artificielle et de différents algorithmes.
C’est pourquoi nous affirmons qu’en réalité, concernant la question très controversée du gonflement des votes lors des élections européennes du 9 juin 2024, il ne peut y avoir eu d’erreur humaine, car les procès-verbaux étaient corrects. Cette défaillance informatique s’est donc produite chez Indra ou au ministère de l’Intérieur, et lorsque des défaillances surviennent dans les systèmes électoraux, nous savons que cela déclenche toujours des alarmes.
En gros, c’est le rôle d’Indra dans ce cas : les résultats provisoires. Ensuite, elle participe également à l’ensemble du processus électoral, toujours avec ce même système informatique, et participe également au dépouillement général, au résultat définitif.
La controverse vient également du fait que plusieurs magistrats ont avoué qu’ils ne procèdent pas réellement au dépouillement, en toute honnêteté. Ce qu’ils font, c’est prendre les données fournies par Indra, les consolider en tant que données définitives, et c’est ainsi que se déroule le processus électoral en Espagne, au moins depuis 20 ans.

Les Équatoriens résidant en Espagne ont voté pour le second tour des élections présidentielles au centre de congrès IFEMA de Madrid, le 13 avril 2025. (THOMAS COEX/AFP via Getty Images)

Epoch Times Espagne : D’après votre expérience, quel type d’irrégularités pourraient être liées à Indra, et à quoi M. Aldama pourrait-il faire référence dans ses déclarations ?
M. Araújo : Il a commis une erreur, une gaffe en parlant des urnes à l’IFEMA, car il n’y a jamais eu d’urnes, sauf lors des élections dans les pays très représentés en Espagne, comme le cas de l’Équateur le 28 mai 2024, où des urnes ont été installées à l’IFEMA, mais pour le processus équatorien, pas espagnol.
Peut-être qu’il a entendu parler des urnes à l’IFEMA et s’est un peu embrouillé. Je ne sais pas ce qu’il a entendu précisément et, pour ce qui est d’Indra, je ne sais pas s’il a entendu cette conversation entre Ábalos et Koldo avec Indra, car malheureusement, nous manquons également d’informations.
Nous répétons que l’Espagne est le seul pays au monde qui ne transmet pas et ne divulgue pas son code source électoral. C’est le seul pays. Tous les pays, l’Argentine, la Colombie, même le Venezuela et le Brésil, tous les pays où cette question fait l’objet d’une grande controverse, transmettent ce code source, le mettent à la disposition des audits, sont régulièrement audités.
Le système électoral espagnol n’a jamais fait l’objet d’un audit indépendant, jamais. Et le système électoral, comme je le dis, l’application Infoelectoral est secrète, il est interdit de divulguer le code source.
Je ne sais donc pas si vous avez entendu parler de cela, du code source, d’un algorithme de traitement, car en réalité, nous entrons déjà dans le domaine de la spéculation.
Mais le fait est que l’irrégularité est avérée dans le cadre des élections européennes du 9 juin 2024. Cela est parfaitement documenté.
De nombreux mandataires m’ont envoyé les procès-verbaux originaux des bureaux de vote où Junts est même arrivé en tête, par exemple à Madrid, Marbella, aux Canaries, à Limpias en Cantabrie, à Saragosse, à Olivares à Séville, et dans de nombreux autres endroits où il est arrivé en première ou deuxième position, ce qui était assez étonnant.
On m’a envoyé tous les procès-verbaux officiels, et aucun ne mentionnait les votes pour Junts. Et dans certaines données, le même chiffre apparaissait, par exemple, à Limpias en Cantabrie et à Olivares à Séville, Junts obtenait 104 voix, avec le même nombre de voix. De nombreux bureaux de vote avec les mêmes 104 voix.
Cette erreur n’a pu se produire qu’à Indra ou au ministère de l’Intérieur, mais il faut exclure d’emblée toute erreur humaine dans cet écart de données. De plus, la caractéristique d’une erreur est son caractère aléatoire, c’est-à-dire qu’elle doit être aléatoire pour différents partis, et dans ce cas, l’erreur a toujours été en faveur du même parti, Junts, qui est également partenaire du gouvernement au pouvoir.
Epoch Times Espagne : Pensez-vous qu’Indra soit l’entreprise la plus appropriée pour gérer le système électoral, et quels changements proposez-vous pour améliorer la transparence ?
M. Araújo : À une certaine époque, c’était une autre entreprise, Telefónica, qui s’en chargeait, mais je pense qu’Indra est effectivement la plus appropriée, car c’est une entreprise très puissante. Nous parlons au niveau extérieur en ce qui concerne la question électorale, mais au niveau de la sécurité, par exemple, elle a une réputation incontestable : elle est chargée, par exemple, du contrat de surveillance aérienne de l’espace aérien allemand.
En d’autres termes, elle a des contrats vraiment très importants en matière de sécurité et c’est une entreprise très fiable dans ce domaine. C’est pourquoi je ne pointe pas du doigt une quelconque culpabilité à cet égard, mais je pense plutôt que le manque de transparence vient du ministère de l’Intérieur, qui, soit dit en passant, a des intérêts contraires aux résultats.
L’Espagne est le seul pays au monde où la gestion électorale est assurée par le gouvernement. Il n’y a pas de pouvoir électoral indépendant en Espagne. En fait, la Commission électorale centrale a son siège au sein du Congrès des députés, c’est-à-dire au sein du pouvoir politique.
Cela renforce les doutes quant au fait que ce soit le gouvernement lui-même, qui a des intérêts très spécifiques dans le résultat électoral, qui gère l’ensemble du processus électoral. Dans ce contrat, dans ce cahier des charges techniques que doit respecter l’entreprise adjudicataire, en l’occurrence Indra, c’est exactement ce qui se passe : le code source n’est pas divulgué et de nombreux obstacles sont mis en place pour empêcher toute transparence.
D’autre part, le Parlement européen a déjà spécifiquement pointé du doigt l’Espagne pour ce manque de transparence. Le 30 juin 2023, une résolution encourageait l’Espagne à rendre son processus électoral transparent et surtout à encourager la participation citoyenne aux processus électoraux et aux audits.
Comme je l’ai dit, le système électoral espagnol n’a jamais fait l’objet d’un audit.
Epoch Times Espagne : Le vote par correspondance a également été mentionné comme un point faible. Quelles irrégularités y avez-vous identifiées et comment pourraient-elles être résolues ?
M. Araújo : À l’heure actuelle, il y a au moins huit procédures judiciaires pour fraude électorale par correspondance. Que se passe-t-il avec le vote par correspondance ? Ce processus peut parfaitement être amélioré en termes de vérifiabilité et de traçabilité des votes.
En effet, lorsque nous envoyons un colis recommandé par la poste, nous disposons d’un code de suivi et savons où se trouve ce colis, s’il a été livré ou non. Le vote par correspondance dispose également d’un code de suivi, mais celui-ci ne nous est pas communiqué. Celui qui vote par correspondance ne sait jamais si son vote est arrivé ou non et s’il a été comptabilisé.
Et ce qui s’est passé lors des dernières élections, précisément à Puerto del Rosario, à Fuerteventura, c’est qu’on a trouvé un sac contenant des votes qui n’ont pas été introduits dans l’urne parce qu’il n’y a pas de vérifiabilité, et les votes des personnes qui ont voté ne sont donc pas arrivés.
C’est vraiment très grave dans les régions ou les circonscriptions où un député a peut-être dépendu de moins de 1000 voix dans certaines circonstances, à Albacete, je tiens à le rappeler, et dans de nombreuses autres circonscriptions provinciales. Il est très important que chaque vote soit comptabilisé.
En Europe, par exemple, en Autriche, dans le district de Sidia, il a été ordonné de répéter les élections précisément en raison de cette erreur : certains citoyens n’ont pas pu voter et les élections ont dû être répétées. Dans le cas du 23 juillet 2023, rappelons que la poste avait faussement annoncé qu’elle maintiendrait certains bureaux ouverts juste avant le week-end précédant les élections, mais ceux-ci se sont avérés fermés.
Et ceux qui étaient fermés se trouvaient dans des zones à vote conservateur, comme à Boadilla del Monte, où le maire s’est plaint amèrement de ne pas avoir pu voter par correspondance lorsqu’il s’est rendu au bureau fermé, alors qu’il avait été annoncé qu’il serait ouvert.
À l’heure actuelle, les procédures judiciaires en cours concernent principalement l’usurpation d’identité : des personnes qui n’ont jamais voté se sont soudainement présentées au tribunal et ont déclaré : « Écoutez, ce n’est pas ma signature, mais si je n’ai jamais voté, comment ma signature se retrouve-t-elle sur ce bulletin de vote ? »
Voici le problème : il suffit qu’un fonctionnaire des postes soit complice d’un parti politique, et le tour est joué. On sait déjà, par exemple, que certaines personnes ne vont pas voter. Ou bien il peut arriver qu’elles demandent à voter par correspondance, on sait déjà qui vote et on ne leur envoie pas les documents.
D’ailleurs, un demi-million d’Espagnols n’ont pas reçu les documents nécessaires pour voter le 23 juin, alors qu’ils souhaitaient le faire. C’est là une autre donnée objective très importante. Rappelons-nous les syndicats qui se sont plaints amèrement de cette situation. Ils ont recensé plus de 350.000 personnes qui ont demandé à voter par correspondance et qui n’ont pas reçu les documents nécessaires. Mais comment pouvons-nous savoir si ces personnes n’ont vraiment pas « voté » ? Je ne dis pas que cela s’est produit, mais il est possible que leur identité ait été usurpée : ils n’ont pas reçu leur bulletin de vote, mais quelqu’un a voté à leur place.
Il y a aussi la question des maisons de retraite : j’ai documenté le transfert massif de personnes âgées dans une circonscription, contre leur gré, vers un autre domicile.
J’ai un cas de 35 personnes âgées vivant toutes au même domicile.
Cela permet d’usurper leur identité et de voter par correspondance en leur nom, car on sait que ces personnes ne vont pas voter.
Epoch Times Espagne : Pourquoi pensez-vous que les médias ne parlent pas davantage de ces irrégularités et pourquoi ce sujet semble-t-il tabou ?
M. Araújo : En effet, c’est un sujet totalement tabou. Je ne comprends pas pourquoi, d’autant plus qu’un journal national a récemment titré en première page : « La fraude électorale en Espagne n’est plus un mythe ». Et il l’a bien dit.
C’est une sorte de mantra qui est répété systématiquement, comme beaucoup d’autres mantras : la sécurité sociale ou le meilleur système de santé au monde, la génération la mieux préparée de l’histoire, enfin, il y a beaucoup de mantras, et l’un d’entre eux est le thème du système électoral, qui est « le plus fiable au monde ». Beaucoup de dirigeants le disent.
Santiago Abascal lui-même l’a dit jusqu’à récemment, l’année dernière. Aujourd’hui, il semble que son discours change lentement et qu’il revienne à ce qu’il disait en 2015, avant l’entrée de VOX dans les institutions, lorsque M. Abascal se plaignait amèrement de ce manque d’intégrité.
Il semble ensuite avoir changé d’avis, mais il revient aujourd’hui un peu à ses origines. Je pense qu’on en parle, mais à voix basse. Il me semble qu’à l’heure actuelle, l’Espagne se trouve dans la même situation que le Venezuela en 2004-2005. À l’époque, les gens commençaient à dire : « Il se passe quelque chose ici ».
Au Venezuela, 20 ans ont passé et ils ont réagi trop tard. Aujourd’hui, l’opposition vénézuélienne s’est unie, elle a procédé à ce scrutin populaire qui a permis d’obtenir le résultat de 60 % des procès-verbaux.
C’est la même chose que nous disons au gouvernement espagnol : pourquoi le ministère de l’Intérieur ne publie-t-il pas ces procès-verbaux, puisqu’il les reçoit photographiés par Indra ? Pourquoi ne les publie-t-il pas ? Pourquoi ne pas faire comme en Équateur, par exemple, le 28 mai 2023, où le lendemain, 100 % des procès-verbaux ont été publiés via un système blockchain de Polygon, parfaitement consultables ?
Tous les procès-verbaux pouvaient être vérifiés, un dépouillement parallèle pouvait être effectué, et il n’y avait aucun doute quant à l’intégrité du scrutin. La question est la suivante : pourquoi ne veut-on pas approfondir la question de l’intégrité électorale alors que c’est très facile ? Le ministère de l’Intérieur peut parfaitement les publier car il dispose de tous les documents photographiés.
Epoch Times Espagne : M. Aldama a mentionné que certains employés d’Indra pourraient parler d’irrégularités, et vous avez mentionné d’autres témoignages. Que savez-vous à ce sujet, sans révéler vos sources ?
M. Araújo : Ce qui compte dans les circonstances, c’est la question de l’algorithme, ce qui se passe dans le centre de données. Nous l’avons constaté dans cette impasse de deux heures d’obscurantisme informationnel que nous avons connue lors des élections européennes du 9 juin 2024, qui a donné lieu à cette inflation des votes en faveur de Junts.
Tout le monde en parle. Quand je dis tout le monde, je parle des deux ou trois témoignages de personnes qui ont participé. Il y en a un, par exemple, que je connais et que j’ai eu l’occasion d’interviewer, qui se trouve en Colombie, un ancien cadre d’Indra, qui travaille en Colombie et qui disait que là-bas, toute la question électorale était très obscure, peu transparente, et qu’il avait entendu parler d’algorithmes, d’introduction d’algorithmes de gonflement des votes.
Il y a aussi l’ex-compagne d’un autre cadre qui était même prête à comparaître devant un tribunal. Ce que disait M. Aldama ce matin aussi, c’est-à-dire qu’il y a plusieurs témoignages dans le même sens.
Il est également vrai qu’Indra, détenue à 28 % par l’État, si je comprends bien, a également des intérêts contraires au résultat électoral, car c’est l’État lui-même qui est intéressé par certains résultats.
Et dans le cas d’Indra, rappelons en outre qu’il s’agit d’une entreprise condamnée pour escroquerie et fraude à l’administration ici en Espagne, condamnée à une amende de 15 millions d’euros pour avoir truqué des contrats. Ce n’est pas une entreprise avec une intégrité crédible a priori, étant donné qu’il s’agit en réalité d’une entreprise condamnée pour escroquerie qui, bien sûr, ne devrait conclure aucun type de contrat avec l’État.
Cependant, une exception a été faite dans le domaine électoral. Pourquoi ? C’est une autre question que je pose : pourquoi cela se produit-il et pourquoi n’est-ce pas résolu ?
Epoch Times Espagne : Vous êtes l’un des rares à parler ouvertement de ces irrégularités. En avez-vous subi les conséquences ?
M. Araújo : Eh bien, oui, bien sûr. Ceux d’entre nous qui parlent de ce sujet sont toujours dans le collimateur de l’administration et font l’objet d’une persécution absolue de la part du fisc et autres, et oui, oui, oui, et de certaines amendes. Bref, il se passe des choses étranges, mais bon, nous devons être là parce que c’est notre métier.
Les journalistes aussi, vous prenez également des risques chaque jour en parlant de ce genre de choses, et je pense qu’il faut aller de l’avant lorsque ce que nous disons n’est ni inventé, ni des rumeurs, ni de la désinformation. Ce sont des choses qui sont le résultat d’une recherche scientifique avec des preuves.
Tout ce que je dis est toujours étayé par des preuves. Tout ce que je viens de dire, à propos de la condamnation d’Indra, il y a le jugement, enfin, tout ce dont nous parlons est parfaitement documenté. Nous ne parlons donc pas en mal de qui que ce soit, mais simplement en faveur de la vérité et de la justice.
En tant qu’expert, qui plus est, je comparais tous les jours devant les tribunaux, je pense avoir ce devoir de loyauté envers la vérité et la justice, et cela doit être un chemin droit, sans déviation d’aucune sorte.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.