L’héritage politique de Jiang Zemin: crime et corruption

Par Alex Wu
11 décembre 2022 00:26 Mis à jour: 12 décembre 2022 02:25

Jiang Zemin, l’ancien dirigeant du Parti communiste chinois (PCC), est mort à Shanghai le 30 novembre 2022, à l’âge de 96 ans. Jiang Zemin a exercé un contrôle considérable sur la Chine pendant plus de 20 ans, laissant derrière lui un héritage politique durable caractérisé par le crime et la corruption.

Espion présumé du Japon et de l’Union soviétique

Selon les archives historiques et les recherches de l’historien et spécialiste en droit civil chinois Lyu Jiaping, le père de Jiang Zemin était non seulement un traître pendant l’occupation japonaise de la Chine lors de la Seconde Guerre mondiale, mais Jiang Zemin lui‑même était également un espion pour les services de renseignements de l’armée impériale japonaise.

Jiang Shijun, le père de Jiang Zemin, a rejoint le « Congrès du salut de la paix » organisé par les forces d’occupation japonaises et leurs collaborateurs chinois en 1938. Après la chute de Nanjing, il a travaillé pour l’Association de maintien temporaire de Nanjing, pour laquelle travaillaient les collaborateurs au service des Japonais.

Grâce aux relations de son père, Jiang Zemin s’inscrit au département d’ingénierie électrique du collège d’ingénierie de l’université centrale de Nanjing. Pendant cette période, il rejoint la classe de formation des jeunes cadres de l’université créée par un espion japonais en Chine. Il est alors formé à l’espionnage pour surveiller les autres étudiants chinois.

Jiang Zemin a effectué un stage à l’usine automobile Staline de Moscou, en Union soviétique, de 1955 à 1956. Selon l’historien, le KGB a découvert le passé de traître de Jiang Zemin et en a fait un espion du KGB au sein de son bureau d’Extrême‑Orient. Après son retour en Chine, Jiang Zemin a maintenu des liens avec le KGB et est devenu un espion soviétique infiltré au sein du PCC. Afin de dissimuler tout cela, Jiang Zemin a signé un traité secret avec la Russie, bradant alors des territoires chinois.

Boris Eltsine (à g.) et Jiang Zemin après la signature des accords frontaliers entre les deux pays, à Pékin, le 9  décembre 1999. (AFP via Getty Images)

En décembre 1999, Jiang Zemin et le président russe Boris Eltsine, en visite, ont signé à Pékin le « Protocole de narration entre le gouvernement de la République populaire de Chine et le gouvernement de la Fédération de Russie sur les sections est et ouest de la frontière sino‑russe ». Il a signé un autre traité avec le président russe Vladimir Poutine en 2001, le « Traité sino‑russe de bon voisinage, d’amitié et de coopération ».

Dans ces traités, Jiang Zemin a vendu à la Russie au moins 1,5 million de kilomètres carrés de territoires qui appartenaient à la Chine, dont Wulianghai, l’île de Sakhaline et Vladivostok, ce qui équivaut à des dizaines de Taïwan. Jiang Zemin a également attribué l’embouchure de la rivière Tumen à la Russie, fermant ainsi l’accès du nord‑est de la Chine à la mer du Japon.

Arrivé au pouvoir grâce au massacre de Tiananmen

La nécrologie officielle du PCC mentionne le rôle de Jiang Zemin lors du massacre de Tiananmen, le 4 juin 1989, en précisant que Jiang « a soutenu et mis en œuvre la position du PCC contre l’agitation », elle ajoute ensuite qu’il « a maintenu efficacement la stabilité de Shanghai ».

Pendant le mouvement démocratique et les manifestations de masse de 1989, Jiang Zemin a été convoqué à Pékin car il avait fait supprimer le World Economic Herald, un journal à Shanghai qui soutenait le mouvement étudiant. Il s’est ainsi attiré les faveurs de l’ancien dirigeant du PCC, Deng Xiaoping. Après avoir écrasé le mouvement dans le sang grâce à l’armée chinoise, Jiang Zemin a été nommé nouveau chef du PCC.

Tank Man, massacre de Tiananmen, 1989 (©Getty Images | Bettmann)

Après le massacre de Tiananmen, le PCC fait face à des sanctions et à des blocus de la part des pays libres et des États‑Unis. Jiang Zemin s’engage à améliorer les droits de l’homme en échange d’avantages commerciaux avec l’Occident, une promesse qui ne sera pas tenue.

Entre‑temps, il lance une campagne d’éducation et de propagande nationaliste pour manipuler l’opinion publique chinoise et le sentiment contre l’Occident.

Depuis son arrivée au pouvoir, Jiang Zemin a placé ses fidèles de Shanghai à de nombreux postes importants, notamment Zeng Qinghong, qui est devenu par la suite le numéro 2 de la faction de Shanghai au sein du Parti, et vice‑président du pays.

La corruption

Depuis Jiang Zemin, le PCC est corrompu à un niveau sans précédent. À tous les échelons, amasser frénétiquement des richesses par tous les moyens est devenu la norme. La corruption systémique est désormais une marque de fabrique du PCC.

En 2018, le milliardaire chinois en exil aux États‑Unis Miles Guo a affirmé que la famille de Jiang Zemin est la plus riche du monde. Par ailleurs, les actifs que Jiang Zemin et sa famille ont « volés au pays » s’élèvent à 500 milliards de dollars. Ils sont entre les mains de son petit‑fils Jiang Zhicheng au nom de la famille Jiang.

Selon le Dr Wu Guoguang, conseiller de l’ancien dirigeant Zhao Ziyang, pour Voice of America, sous le règne de Jiang Zemin, la corruption des fonctionnaires individuels s’est transformée en corruption de groupe à grande échelle à tous les niveaux, même au plus bas niveau. « Le degré de corruption du PCC au cours de cette période est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Bien sûr, cela a créé un grand nombre d’intérêts personnels. »

La persécution du Falun Gong

Lorsque Jiang Zemin était au pouvoir, il a vigoureusement réprimé les dissidents, notamment les pratiquants de Falun Gong.

Le Falun Gong, une pratique spirituelle traditionnelle fondée sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance, a rapidement gagné en popularité en Chine dans les années 1990. Cette pratique a largement été accueillie, car elle améliore la condition physique et la moralité des gens. Le Falun Gong comptait un grand nombre de pratiquants dans toutes les couches sociales de la Chine, ce qui a déclenché le ressentiment de Jiang Zemin.

En 1999, malgré l’opposition d’autres membres du Comité permanent du PCC, Jiang Zemin a lancé une campagne de persécution à l’échelle nationale contre le Falun Gong, allant jusqu’à ordonner le prélèvement forcé d’organes sur les pratiquants de Falun Gong. En conséquence, l’industrie de la transplantation d’organes en Chine a décollé, ce qu’explique l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG).

Défilé de pratiquants de Falun Gong sur la colline du Capitole à Washington, le 17 juillet 2014, dans le cadre des événements parrainés par l’Association Falun Dafa de Washington, DC, pour mettre fin à la « persécution chinoise des pratiquants de Falun Gong ». (Jim Watson/AFP via Getty Images)

Cette persécution, condamnée par la communauté internationale, se poursuit à ce jour. Selon les données de l’association Minghui, basée aux États‑Unis, le nombre connu de pratiquants de Falun Gong persécutés à mort et dont les noms ont été identifiés s’élève à 4876. On sait aussi que des centaines de milliers de pratiquants ont été illégalement détenus et torturés dans des centres, des camps de travaux forcés et des prisons.

Jiang Zemin a quitté le poste de secrétaire général du PCC en 2002, remplacé par Hu Jintao. Toutefois, les spécialistes estiment que Jiang Zemin continuait à contrôler la politique chinoise en coulisse. De nombreux hauts fonctionnaires de la faction de Shanghai étaient aux commandes et recevaient ses ordres. Hu Jintao n’était qu’un homme de paille.

Xi Jinping (à g.) et Jiang Zemin lors de la clôture du XIXe Congrès national du Parti communiste, le 24 octobre 2017. (Wang Zhao/AFP via Getty Images)

Une fois Xi Jinping devenu secrétaire général du Parti en 2012, le PCC a connu de violentes luttes intestines. Xi Jinping s’est opposé à la faction de Shanghai. Au cours de son premier mandat, il a provoqué la chute d’un grand nombre de partisans de Jiang Zemin au nom de la lutte contre la corruption. Cependant, il n’a jamais touché à Jiang Zemin ni à Zeng Qinghong.

Mort dans « l’opprobre »

Chen Yonglin, un ancien diplomate du PCC, s’est exprimé pour Epoch Times le 30 novembre : « En tant que boucher du peuple, Jiang Zemin est mort dans l’humiliation et l’opprobre. » Il estime que non seulement Jiang Zemin, mais aussi le PCC, doivent être tenus responsables de leurs crimes. « Parce que même si Jiang Zemin est mort, ce n’est pas encore fini. Tant que le Parti communiste sera là, la persécution de la religion et des droits de l’homme ne prendra pas fin. Il n’y a pas que le Falun Gong qui est persécuté, maintenant la politique zéro Covid du régime a causé de grandes souffrances à la population dans tout le pays. »

Feng Chongyi, professeur associé en études chinoises à l’Université de technologie de Sydney, a souligné : « La répression du Falun Gong par Jiang Zemin a été inscrite dans l’histoire, avec honte, et il n’échappera jamais à ce crime. Il a commis des crimes contre l’humanité. »

Selon Wang Xing, un ancien ingénieur d’une entreprise publique de Chine continentale, la mort a été facile pour Jiang Zemin, car « la meilleure fin aurait été de le traduire en justice ».

Li Yuanhua, un historien basé en Australie, a déclaré pour Epoch Times : « Jiang Zemin est arrivé au pouvoir après le massacre de Tiananmen, ce qui est en soi honteux. Il a commencé à diriger le pays par la corruption, et a fait fortune en secret. Pendant son règne, il a apporté des désastres au pays et au peuple, notamment la persécution inhumaine du Falun Dafa, ce qui a finalement affecté toute la nation chinoise. »

Ning Haizhong, Luo Ya, Li Yun et Zhou Xiaohui ont contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.