Le linge sale de l’ancien patron de la sécurité chinoise est lavé en public

Les médias officiels chinois parlent des gains mal acquis de la famille de Luo Gan

15 février 2018 22:59 Mis à jour: 16 février 2018 13:16

Les rumeurs que l’ancien patron de la sécurité Luo Gan utilisait son influence politique au profit de sa famille circulaient depuis longtemps sur l’Internet chinois.

Toutefois, après la publication d’un récent reportage sur les transactions financières douteuses de Luo Shaoyu, le neveu de Luo Gan, les secrets de la famille Gan ont commencé à être dévoilés.

Le fait que les autorités chinoises – constamment vigilantes et prêtes à censurer tout ce qui ne leur plaît pas, surtout ce qui concerne les membres du Parti – n’ont pas censuré cette information indique que l’image de Luo Gan est en train de s’effriter au sein du Parti communiste chinois (PCC), malgré son statut d’ancien cadre supérieur.

Le 27 novembre dernier, Dengshenxian, une publication en ligne chinoise axée sur des reportages économiques approfondis, a publié un article révélant comment la maison-mère et les succursales de Dongyin, la société de Luo Shaoyu basée à Chongqing, avaient amassé des dizaines de milliards de yuans en prêts impayés, en les répartissant entre plus de 30 banques et institutions financières.

Les nuages s’accumulent au-dessus de Chongqing, le 23 août 2007. (Cnina Photos/Getty Images)

Pendant ce temps, Luo Shaoyu et sa famille, y compris sa mère, son père et sa jeune sœur, ont créé des dizaines de sociétés offshores, siégeant au conseil d’administration ou agissant en tant qu’actionnaires importants de plusieurs sociétés de Hong Kong.

L’affaire familiale de Luo Gan

Selon la liste de Forbes des personnes les plus riches en Chine en 2017, la famille de Luo Shaoyu se classait au 223e rang avec 9,25 milliards de yuans (environ 1,21 milliard d’euros) d’actifs.

L’article de Dengshenxian ne mentionnait pas les liens de Luo Shaoyu avec Luo Gan. Toutefois, en examinant les précédents rapports des médias, Epoch Times a confirmé le lien d’affaires familial entre Luo Shaoyu et son oncle autrefois tout puissant.

Des rapports antérieurs publiés en Chine et à l’étranger ont expliqué comment Luo Shaoyu utilisait la position de son oncle au profit de ses entreprises. En 1997, Luo Shaoyu et sa mère ont fondé Zhongqi, une entreprise qui produisait des voitures blindées et des voitures de police.

Peu de temps après, Luo Gan a été nommé secrétaire de la Commission des affaires politiques et juridiques, devenant le patron de l’appareil de sécurité du pays. Par la suite, il s’est assuré que les voitures fabriquées par la société de son neveu étaient achetées par l’État.

En 1998, les ambitions de Luo Shaoyu sont allées plus loin. Il a ouvert la voie à l’acquisition de Jiangdong, une entreprise d’État qui produisait des pièces de moteur, en s’associant avec celle-ci pour fonder Dongyin, une société holding d’investissement. Par la suite, il a transféré à Zhongqi, sa société familiale, toutes les actions de participation dans Dongyin.

Plusieurs années plus tard, en 2002, grâce aux relations de son oncle, il a réussi à persuader les autorités de la ville de Yancheng chargées de la gestion des actifs publics d’approuver l’acquisition de Jiangdong par Dongyin (Jiangdong est basée à Yancheng). De cette façon, Luo Shaoyu a acquis une entreprise de plusieurs milliards de yuans sans dépenser un seul centime.

Les crimes macabres de Luo Gan

Luo Gan a gravi les échelons politiques quand Jiang Zemin était au pouvoir en tant que chef du Parti. Lorsque Jiang Zemin a lancé en 1999 une campagne nationale de répression de la discipline spirituelle Falun Gong, Luo Gan a joué un rôle clé dans la mobilisation des forces de l’ordre pour traquer, arrêter, détenir et torturer les pratiquants de cette discipline. Il a aidé Jiang Zemin à créer le bureau 610, un appareil extrajudiciaire de type Gestapo établi en Chine spécialement pour mener la répression contre le Falun Gong. Luo Gan a dûment démontré sa loyauté politique et a été récompensé par une nomination à l’organe décisionnel le plus puissant en Chine, le Comité permanent du Politburo du PCC.

Jiang Zemin et Luo Gan ont considéré la popularité du Falun Gong qui restait indépendant du contrôle de l’État-Parti – les sources officielles chinoises estimaient à environ 70 millions le nombre de Chinois qui pratiquaient cette discipline en 1999 – comme une menace pour le contrôle du PCC sur la société. À partir de 1996, Luo Gan a organisé des enquêtes secrètes et a infiltré, par ses agents, les parcs et les autres endroits de pratique des exercices de Falun Gong afin d’enregistrer les noms des personnes qui s’y exerçaient. Cependant, le Falun Gong lui-même est connu pour ne pas tenir de listes de noms de ceux qui le pratiquent.

Selon Ethan Gutmann, auteur du livre The Slaughter: Mass Killings, Organ Harvesting, and China’s Secret Solution to Its Dissident Problem, le 25 avril 1999, lorsque les pratiquants de Falun Gong se sont rendus faire appel aux autorités centrales pour demander la libération de plusieurs pratiquants arrêtés, Luo Gan a ordonné à la police de guider le groupe rassemblé et de le placer en rangée tout le long de Zhongnanhai, le quartier général du PCC à Pékin.

Les pratiquants de Falun Gong rassemblés devant Zhongnanhai, le 25 avril 1999. (Photo de Clearwisdom.net)

Les images des nombreux pratiquants alignés sur les trottoirs devant Zhongnanhai faisaient partie de la stratégie de la propagande mensongère du PCC qui a déclaré que les pratiquants de Falun Gong voulaient renverser le pouvoir du Parti.

Le 23 janvier 2001, Luo Gan a mis en scène un autre incident pour diffamer les pratiquants. Plusieurs hommes et femmes que les médias officiels chinois prétendaient être des pratiquants de Falun Gong auraient tenté de s’immoler par le feu sur la place Tiananmen à Pékin. Le reportage du Washington Post a révélé plus tard qu’au moins deux personnes parmi eux ne pratiquaient pas le Falun Gong. Un documentaire primé « Feu mensonger » a analysé les scènes des informations filmées, a relevé les incohérences des comptes rendus de l’incident par les médias officiels chinois et a révélé qu’il s’agissait d’une mise en scène du régime chinois pour discréditer le Falun Gong et retourner l’opinion publique contre cette pratique.

Ethan Gutmann estime que 450 000 à un million de pratiquants ont été détenus, à tout moment, dans des camps de travaux forcés, des camps de prisonniers et d’autres centres de détention de longue durée en Chine. Selon le Centre d’information du Falun Dafa, des milliers de victimes sont mortes à la suite de la torture.

En outre, le rapport d’enquête de 2016, intitulé Bloody Harvest / The Slaughter: An Update, estime que, depuis l’an 2000, les hôpitaux chinois ont effectué annuellement entre 60 000 et 100 000 transplantations d’organes, dont la plupart provenaient des pratiquants de Falun Gong détenus.

Depuis lors, les tribunaux espagnols et argentins ont accusé Jiang Zemin et Luo Gan de génocide. Le tribunal argentin a également lancé un mandat d’arrêt international pour ces deux hommes.

Même après que Jiang Zemin a formellement démissionné de son poste de chef du PCC en 2002, il a continué avec sa faction à tirer les ficelles en coulisses. Toutefois, en 2012, la direction du Parti communiste a été transférée à Xi Jinping qui se méfiait des membres du PCC qui restaient fidèles à Jiang Zemin et constituaient une puissante opposition. Xi Jinping a lancé une vaste campagne anti-corruption afin de les mettre hors-jeu.

Lorsque Zhou Yongkang – membre de la faction de Jiang Zemin qui a succédé à Luo Gan au poste du patron de la sécurité – a été mis en examen pour corruption, les médias chinois ont révélé que les familles de Zhou Yongkang et Luo Gan ont énormément profité des transactions minières. En particulier, ils ont essayé de s’approprier une mine de molybdénite dans la ville de Luoyang, province du Henan, d’une valeur de 470 milliards de yuans (environ 61,3 milliards d’euros).

Zhou Yongkang assiste à la séance d’ouverture de l’Assemblée nationale populaire, le 5 mars 2012, avant sa condamnation à la réclusion à perpétuité pour corruption. (Liu Jin/AFP/Getty Images)

En octobre 2017, lors du 19e Congrès national du PCC, un conclave politique majeur où Xi Jinping a consolidé son pouvoir au sein du Parti, Luo Gan n’a pas été présent à la cérémonie d’ouverture à côté d’autres cadres supérieurs. Selon les rumeurs qui n’ont pas tardé à circuler, il était tombé malade ou il avait été puni pour ses méfaits.

Quelle que soit la raison, cette dernière vague de mauvaises nouvelles au sujet de la famille de Luo Gan montre que cet ancien responsable tout puissant du PCC ainsi que la faction à laquelle il appartient sont vraiment tombés en disgrâce.

Annie Wu

Fang Xiao a contribué à ce rapport.

Version originale

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Un génocide moderne : la persécution du Falun Gong en Chine

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