Est-ce que l’ONU aide la Chine à dissimuler ses crimes ?

Par John Mac Ghlionn
10 février 2022 12:56 Mis à jour: 13 février 2022 14:46

En 1945, peu après la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations unies (ONU) a été créée. Selon son site internet, cette organisation intergouvernementale a été créée pour développer « des relations amicales entre les nations et promouvoir le progrès social, de meilleures conditions de vie et les droits de l’homme ».

En réalité, l’ONU semble intrinsèquement corrompue. En 2005, comme le rapportait The Economist, Benon Sevan, l’ancien responsable du programme « Pétrole contre nourriture » de l’ONU en Irak, a été accusé d’avoir accepté des pots-de-vin pour aider une compagnie pétrolière à obtenir de nombreux contrats. Un autre haut fonctionnaire de l’ONU a été accusé d’avoir sollicité des pots-de-vin. Des enquêtes complémentaires ont prouvé que Sevan avait reçu des pots-de-vin de la part de l’ancien régime irakien. Peu après ces révélations, il a démissionné de son poste. En octobre 2005, une enquête criminelle a été lancée. Sevan a rapidement fui les États-Unis, où il résidait à l’époque, et est retourné dans son pays natal, Chypre, où il réside à ce jour.

Aujourd’hui, les Nations unies semblent aider le Parti communiste chinois (PCC) à dissimuler ses crimes contre les Ouïghours au Xinjiang, une région du nord de la Chine où se produisent des actes de génocide.

L’ONU et le PCC sont-ils de connivence pour dissimuler les violations des droits de l’homme ? Cette question peut sembler saugrenue mais, en fait, elle ne l’est pas vraiment.

Le 3 février, le South China Morning Post a publié un article dans lequel les Nations unies et la Chine sont accusées d’établir un « blocage mutuellement commode ». Cette accusation a été formulée après que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) – le principal organe de défense des droits de l’homme de l’ONU – a confirmé qu’il « ne publiera pas de rapport sur les violations présumées dans la région chinoise du Xinjiang avant les Jeux olympiques d’hiver de ce mois-ci ».

Et pourquoi donc ?

Le siège du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) au palais Wilson à Genève, le 8 janvier 2018. (Fabrice Coffrin/AFP via Getty Images)

Après tout, comme le note ce journal, le rapport sur le Xinjiang est en préparation depuis près de trois ans. De plus, « il semble qu’il était prêt à être publié pendant la majeure partie de cette période ». Commentant ce retard inexplicable, la porte-parole du HCDH, Liz Throssell, a déclaré : « Je crains que nous n’ayons pas encore de calendrier actualisé pour la publication de ce rapport. Cependant, je comprends qu’il ne sera pas prêt à être publié avant le début des Jeux olympiques d’hiver ce vendredi (le 4 février). »

Est-ce que l’État-parti chinois fait pression sur l’ONU pour qu’elle se taise, empêchant ainsi de dévoiler la dure réalité qui pourrait « gâcher » les Jeux olympiques d’hiver tenus à Pékin ? Il semblerait que oui.

L’année dernière, Nikki Haley, ancienne ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, a accusé la Chine de « travailler discrètement pour corrompre les Nations unies de fond en comble ». Elle a appelé l’administration Biden à « dénoncer les tentatives de la Chine de contrôler les Nations unies et ses agences » et à s’unir avec d’autres pays « pour s’opposer à l’influence de la Chine ».

Mme Haley n’a pas tort.

L’ONU compte quinze agences spécialisées dont quatre sont déjà directement dirigées par des ressortissants chinois : l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) basée à Rome, l’Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) ayant son siège à Vienne et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) se trouvant à Montréal.

L’ONU dépend fortement du financement des pays membres pour couvrir ses propres coûts administratifs et ceux de plus de 30 programmes affiliés et agences spécialisées, ainsi que des opérations de maintien de la paix. Une grande partie de ce financement provient de la Chine. En fait, au cours des dernières décennies, le soutien financier de l’État-parti chinois à l’ONU a connu une croissance exponentielle.

Selon les experts du « China Power Project », avant le début du siècle, la Chine était plutôt réticente à jouer un rôle actif à l’ONU. Cependant, aujourd’hui, elle est devenue l’un des principaux contributeurs aux budgets ordinaire et de maintien de la paix de cette organisation. Il est intéressant de noter que la Chine « fournit désormais plus de personnel aux opérations de maintien de la paix que tout autre membre permanent du Conseil de sécurité ». Toutes ces « contributions », notent les experts, permettent au PCC « d’exercer une influence diplomatique et politique à l’échelle mondiale ». En d’autres termes, les contributions du régime chinois lui permettent de contrôler le discours des Nations Unies.

Il est évident que la Chine a beaucoup d’influence à l’ONU. Devrions-nous en être surpris ? La réponse est non. Pas du tout. L’ONU semble être une organisation hautement compromise qui se fait passer pour une organisation impartiale.

En cas de doute, permettez-moi d’attirer votre attention sur le Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui, d’après son site internet, se compose d’États « qui ont la responsabilité de renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme autour du globe ». Cependant, pour citer Mme Haley, il n’est qu’un « protecteur des violateurs des droits de l’homme et un cloaque de partialité politique ». Là encore, Mme Haley a raison. Ce « cloaque » comprend le Qatar, un pays qui a un terrible passé de violations des droits de l’homme, et le Kazakhstan, un pays où au moins 225 personnes, dont beaucoup étaient des manifestants pacifiques, ont récemment été abattues en plein jour. Il comprend également la Russie, le Pakistan, les Émirats arabes unis et, bien sûr, la Chine. Tous ces pays ont de mauvais scores dans l’indice des droits de l’homme et de l’État de droit.

Ceci nous ramène à la question initiale : est-ce que les Nations unies aident la Chine ?

Bien que nous ne puissions pas répondre à cette question par un oui définitif, on peut affirmer sans risque de se tromper que les Nations unies sont loin d’être impartiales. On peut également affirmer que la Chine communiste, un pays où un génocide prend place, a beaucoup trop d’influence sur une organisation qui a été créée pour condamner et sanctionner, plutôt que protéger, les « mauvais joueurs ».

John Mac Ghlionn est un chercheur et un essayiste. Ses écrits ont été publiés dans des journaux comme le New York Post, Sydney Morning Herald, Newsweek, National Review, The Spectator US et d’autres médias respectables. Il est également un spécialiste des questions psychosociales, avec un intérêt particulier dans les domaines des dysfonctionnements sociaux et la manipulation des médias.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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