Logo Epoch Times

Mafia : Riina « en plus d’être un homme intelligent était particulièrement cruel »

top-article-image

Gaspare Mutolo, un ex-membre de la Cosa Nostra repenti, qui a déjà partagé une cellule de prison avec le «parrain des parrains» Toto Riina, assiste à une réunion avec la presse étrangère le 17 novembre 2017 à Rome. / AFP

Photo: ALBERTO PIZZOLI / AFP / Getty Images

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 3 Min.

« On ne tuait pas les femmes, mais avec Toto Riina on a commencé à tuer les femmes. On ne tuait pas les enfants et on a vu des enfants être tués », témoigne vendredi un repenti de la mafia après la mort du chef de Cosa Nostra.
« Même s’il était en prison, Toto Riina comptait encore pour la mafia. Et s’il ordonnait qu’une chose soit faite, si c’était réalisable, alors c’était fait », a expliqué lors d’une conférence de presse Gaspare Mutulo, 77 ans, qui fut un ami de Riina, avant de devenir collaborateur de justice en 1991.
« En apprenant sa mort tôt ce matin (vendredi) j’ai pensé, en tant qu’homme, qu’il avait cessé de souffrir même si je sais aussi qu’il a détruit la Sicile », a-t-il ajouté.
Originaire de Partanna-Mondello, près de Palerme, Gaspare Mutolo, apparu le visage dissimulé par une cagoule, a reconnu avoir tué de ses mains une vingtaine de personnes « par strangulation ».
« Vous pouvez imaginer qu’évoquer ces moments-là est une chose particulièrement douloureuse. Voir la terreur dans leurs yeux avant de mourir, puis le filet de sang qui coule de leurs oreilles… », a-t-il décrit dans un récit glaçant.
« Quand j’y pense oui je m’en repens, mais il y avait une justification à cela. On ne tuait pas pour des raisons personnelles seulement quand on me donnait l’ordre de tuer, je tuais, comme tous les mafieux », explique celui qui a partagé à deux reprises la cellule du « parrain des parrains ».
Devenu l’ami de Riina, Gaspare Mutolo avait décidé de prendre ses distances en 1974 « parce qu’il me demandait de manger avec lui, ce qui pour moi revenait à trahir mon propre chef ».
« Il était charismatique, il était apprécié par les femmes avec qui il se montrait particulièrement courtois. Il demandait toujours que l’on lève son verre à tous les enfants du monde ».
Selon le repenti, qui dit se consacrer aujourd’hui à « sa foi et à la peinture », celui qui était surnommé « la belva » (le fauve) « en plus d’être un homme intelligent était particulièrement cruel ».
« Lorsqu’il voulait tuer un ami, d’abord il l’invitait à manger, il trinquait avec lui, puis l’étranglait », confie-t-il.
Selon Gaspare Mutolo, « la mafia existe toujours à Palerme » mais si l’État voulait vraiment l’éliminer une loi suffirait: « il faudrait condamner un homme politique pris en flagrant délit de collusion avec un mafieux à la même peine que le mafieux ».
« Aujourd’hui, lorsqu’on arrête un politicien, il est assigné à résidence », déplore-t-il.
R.B avec AFP