Marche des incompréhensions

1 novembre 2015 22:44 Mis à jour: 9 novembre 2015 13:47

Édito – C’est le samedi 31 octobre, nous sommes à Paris – « Dignité, Justice, Réparation », titrent les banderoles portées par une trentaine de femmes « des quartiers » qui ouvrent à Barbès la Marche pour la dignité et contre le racisme. Derrière elles, trois mille personnes rassemblées contre la négrophobie, l’islamophobie, les contrôles au faciès, les violences policières et pour refuser qu’on les voie comme des citoyens de seconde catégorie. « Racisme d’État », « Urgence notre police assassine »… tout parle de persécution, jusque dans les déclarations à la tribune : « Aujourd’hui en France, si vous n’avez pas la bonne couleur de peau vous pouvez mourir aux mains de la police », affirme une des organisatrices. Les manifestants disent, eux aussi, être convaincus de vivre dans un État de non-droit dans lequel des policiers cowboys aux pouvoirs illimités peuvent aller tirer dans les cités en se croyant en plein Safari. Safari… l’image du colon blanc est là, du puissant possesseur du monde.

Les femmes sont devant, pas toutes voilées, comme pour montrer qu’elles ne sont pas les suiveuses silencieuses d’hommes et de religions asservissantes, qu’elles peuvent agir comme médiatrices entre deux camps qui ne communiquent plus que par les stéréotypes du maghrébin voleur et du policier violent. L’ambition de la marche, organisée dix ans après les émeutes de Seine-Saint-Denis, est claire : reproduire en 2015 l’élan, la prise de conscience déclenchée par la Marche des Beurs de 1983. Signe des temps, les rares banderoles politiques – des partis d’extrême-gauche – sont reléguées à l’arrière du cortège, car trente-deux ans après, la récupération politique de la Marche des Beurs par le parti socialiste n’a pas été oubliée. Au vu des sites Internet des associations organisatrices, l’extrême-gauche aurait pourtant mérité une place d’honneur : « La délinquance, cet « illégalisme » des dominés, nait dans la pauvreté, le désœuvrement et face à l’injustice d’une société hiérarchisée. Les pauvres exercent une résistance légitime ; celle du vol, face à l’exercice du pouvoir que confère la propriété, la naissance, la détention d’un certain savoir et la pratique par la classe dominante d’un racket à plus grande échelle ». C’est donc, encore une fois, le grand thème de la lutte des dominés contre les dominants, de la rébellion justifiée, comme l’est le djihad, par le sentiment de faire partie du camp des justes asservis et de se battre contre le mal – celui-ci étant toujours de l’autre côté.

De cet autre côté serait la masse des nantis – c’est le « blanc » français qui n’a pas à justifier son origine, passe en souriant les contrôles de police, et qui sent qu’il est chez lui. Et de son côté du monde, la vision change : si les enquêtes d’opinion sont fiables, cette population sent faire face à l’invasion d’étrangers hostiles, de barbares destructeurs des valeurs fondatrices de la nation, de terroristes ; elle voit se développer des zones de non-droit dans les quartiers Nord des grandes villes, endroits où « le blanc » a disparu et n’a plus le droit d’aller. Pour les partis à grandes bottes, dans ces zones se met en œuvre la « stratégie du remplacement » qui fera de la France, par petits pas, une nation islamique.

Entre les grands stéréotypes des différents camps, on peine à trouver le point de justice, l’alliance du respect de la diversité des origines et du respect de l’autorité, les valeurs d’universalisme sans dissolution des fondamentaux culturels d’une nation. Et, socialement, le fait qu’il peut exister des riches et des pauvres sans qu’il y ait nécessairement injustice. La « Marche pour la dignité et contre le racisme » aura au moins montré que le chemin sera long et commencera peut-être par le fait de ne pas considérer toujours que les mauvais, ce sont les autres.

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