Marseille: un « bus spécial », circulant en secret dans certains quartiers, crée la polémique

Par David Vives
29 août 2019 09:48 Mis à jour: 29 août 2019 09:48

Après la station de métro fantôme, la ligne de bus secret. Marseille semble une ville à part en matière de circulation (faible couverture des transports publics, horaires très limités, voies routières fermées/encombrées…), et ce n’est pas la nouvelle découverte mise à jour par certains usagers qui viendra contredire cette réputation.

Le « Spécial MDM », qui relie Castellane à l’entrée des Calanques, n’existe sur aucun document officiel, mais il roule bel et bien. Ce service de transport, mis en place par la mairie de Marseille, existe en parallèle d’autres bus, comme le 19, effectuant un trajet similaire. Mais contrairement à ces derniers, il évite de desservir les principales plages marseillaises du Prado à Montredon.

Plage marseillaise "Le Prophète".
Plage « Le Prophète » à Marseille. (CLEMENT MAHOUDEAU/AFP/Getty Images)

Le principal avantage de ce bus est donc d’éviter les flots de touristes et les jeunes marseillais des plages et de filer directement à l’entrée du parc national des Calanques.

Ces MDM ont attiré malgré eux la polémique. Leur existence n’est indiquée ni sur le site internet de la Régie des Transports Marseillais (RTM), ni sur les plans, ni sur l’application, ni sur l’arrêt de Castellane où ils prennent « leurs » passagers. Cependant, ces « bus fantômes » acceptent des passagers de tout bords, et les tickets de vigueur sur le réseau RTM.

Insécurité des plages ?

La ligne de bus compterait 12 allers-retours par jour, et serait donc à destination de passagers initiés à son passage. Une élite qui fuirait les plages, souvent fréquentées par un milieu cosmopolite et populaire.

Les plages marseillaises n’ont pas toujours bonne réputation en termes de sécurité. Théâtre d’altercations et d’incivilités, elles ont fait l’objet de plusieurs mesures par les autorités municipales, comme le déploiement de près de 300 médiateurs sociaux durant l’été 2018.

Le discours « anti-ségrégation » est tout aussi vif dans la cité Phocéenne, où la privatisation d’une partie de la plage des Catalansa a fait sensation en juillet dernier.

Les arrondissements concernés par le passage de la ligne de bus constituent un fief où la droite marseillaise est ancrée depuis plusieurs années. Des élus d’opposition ont fait entendre leur voix à Jean-Claude Gaudin (LR) sur ce clientélisme supposé.

«Marseille, la ville où le service public peut être réservé à quelques privilégiés bien informés», regrette sur Twitter Hervé Menchon, conseiller municipal EELV du secteur. De nombreux autres élus et fonctionnaires ont montré leur embarras. Pour le secrétaire général de la CGT-RTM, il n’y a « pas d’explication » pour cette situation, « ça a été conçu comme ça à l’époque ».

Pourtant, à quelques centaines de mètre des plages, dans les quartiers plus aisés, ce bus est bien connu. «Nous avons dû nous battre, faire du lobbying, comme toujours, car la ligne 19 était saturée» a assurée Yvette Rochette, présidente de la fédération des Comités d’intérêt de quartier (CIQ) du huitième arrondissement, à 20 minutes.

Pour la RTM, il semble que ce ne sont que des mesures d’exploitations « comme il s’en prend tous les jours ». Mais la grogne a été entendue puisque, d’après les journaliste du Monde, l’année prochaine, « les horaires seront rendus publics ».

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