Mayotte : retour sur la genèse et les premières étapes de l’opération Wuambushu

Par Etienne Fauchaire
30 avril 2023 08:48 Mis à jour: 30 avril 2023 08:48

Mayotte, territoire français ultra-marin, est au bord de l’implosion. En cause : la violence inouïe qui secoue l’île en raison de l’immigration massive venue principalement de l’archipel des Comores. Une déferlante migratoire qui a submergé lentement, mais sûrement, l’accès aux ressources de l’île, qu’il s’agisse de l’eau, de l’hôpital ou encore de l’école. Ces tensions économiques, sociales, migratoires et sécuritaires ont donné lieu au déclenchement de l’opération Wuambushu, dont l’exécution oppose la volonté politique et populaire à celle des ONG, des syndicats, des magistrats, des clandestins et des Comores. Face à ces « artificiers du chaos », le député LR du 101e département français Mansour Kamardine, appelle à la « mobilisation » en soutien de l’opération. « Nous sommes condamnés à réussir sinon la population prendra les armes », met en garde de son côté sa collègue Estelle Youssouffa (Liot). Son échec, aux yeux des députés mahorais, pourrait signer l’éclatement de la guerre civile.

Une situation migratoire et sécuritaire alarmante

Dans le 101e département français, la moitié de la population est étrangère et un tiers d’entre elle est en situation irrégulière, très majoritairement des Comoriens qui ont embarqué depuis les îles voisines sur des embarcations légères, localement appelées des kwassa-kwassa. Depuis 2011, les flux migratoires en provenance des Comores ont été multipliés par dix, selon le ministère de l’Intérieur et, chaque jour, ils seraient près d’une centaine à tenter la traversée.

Dans un entretien avec The Epoch Times, le député mahorais Mansour Kamardine résume la situation de la façon suivante : « Mayotte, c’est un territoire d’une superficie de 374 km2 sur lequel vivent aujourd’hui 400.000 habitants, dont un peu plus de 200.000 – (peut-être 220.000, 230.000…) —, sont des étrangers, pour la moitié en situation irrégulière. Mayotte, c’est aussi un département dans lequel 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté et 80% de ses écoles sont surchargées, car elles sont peuplées d’enfants d’origine étrangère. »

Officiellement constituée de 300.000 habitants, Mayotte pourrait en compter jusqu’à 500.000, en raison des vagues migratoires, rapporte France info. Une explosion démographique alimentée par une surnatalité, chiffrée à 10.795 naissances en 2022 sur l’île surnommée la « plus grande maternité de France ». D’après l’Insee, la population sur l’île pourrait s’élever à 760.000 habitants d’ici 2050, ce dans un contexte où, toujours selon l’institut, 74% des femmes qui ont donné naissance à Mayotte en 2016 étaient de nationalité étrangère… Comme le rappelle au Figaro Patrick Stefanini, ancien secrétaire général du ministère de l’Immigration, « accoucher à Mayotte permet aux femmes de nationalité comorienne d’être mère d’un enfant français et donc d’obtenir de plein droit un titre de séjour. »

Sur ce thème, il convient de mentionner aussi le trafic de reconnaissance frauduleuse de paternité pratiqué par des hommes en situation régulière en vue de faire acquérir la nationalité française aux enfants d’immigrés : « Songez que certains pères de famille à Mayotte revendiquent jusqu’à 60 naissances… », confiait au Figaro Gérald Darmanin le 20 avril. Aussi, pour Mansour Kamardine, « si on ne fait rien, en l’espace de cinq ou dix ans, 95 % de la population de l’île sera constituée d’origine étrangère. »

Ce phénomène est alimenté par l’attractivité économique de l’île dont le PIB par habitant, bien qu’il soit près de quatre fois inférieur au niveau national, demeure presque dix fois plus important que dans les Comores. C’est cette différence qui incite de nombreuses Comoriennes à venir accoucher sur le territoire national, sur lequel règne désormais une pauvreté extrême.

Pour prévenir l’afflux migratoire, la loi asile et immigration de 2018 a durci les critères d’obtention de la nationalité. Dans l’Hexagone, si un enfant naît de parents étrangers, il peut acquérir la nationalité française à ses 18 ans à condition d’avoir séjourné en France pendant une durée d’au moins cinq ans depuis l’âge de 11 ans. En revanche, en vertu de cette législation de 2018, un enfant né à Mayotte doit, en plus de respecter ces conditions, prouver lors de sa demande que l’un de ses parents était légalement sur le territoire français depuis au moins trois mois au moment de sa naissance. Un délai que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré vouloir rehausser à un an. Pourtant, malgré cette loi, « nous n’avons pas observé de diminution des naissances ou des arrivées de bateaux de migrants » depuis la mise en place de ce texte, déplorait le 1er janvier sur France Info la députée indépendante Estelle Youssouffa.

De quoi pousser Mansour Kamardine à se positionner en faveur d’une suppression totale du droit du sol. « Je suis tout à fait favorable à cette suppression. D’abord, il faut rappeler que le droit du sol à Mayotte est un droit récent, cela ne fait que 15 ou 20 ans qu’on y a le droit sur l’île. Donc, à ce niveau-là, je ne pense pas que sa suppression soit un problème. À travers le droit du sol, il y a chaque année 11.000 naissances supplémentaires à la charge de Mayotte. Les écoles sont totalement submergées. La question de l’accès gratuit aux soins pour l’ensemble des populations étrangères à Mayotte doit aussi se poser », déclarait-il en janvier dans un entretien accordé à Marianne.

Du fait de ce déferlement migratoire, les chiffres de l’insécurité sont alarmants. Selon le ministère de l’Intérieur, en 2022, l’archipel a fait face à une hausse de 16% de son taux d’homicides, tandis que la délinquance d’appropriation a explosé, les vols avec armes ayant augmenté de 121%, en quatre ans. Sur cette même période, les atteintes aux biens ont augmenté de 18,32%, quand les atteintes volontaires à l’intégrité physique ont grimpé de 50,44%. Selon le ministre de l’Intérieur, les enfants ne peuvent plus se rendre à l’école sans risquer une agression et le personnel médical, apeuré, préfère fuir en métropole, aggravant ainsi la situation déjà extrêmement tendue de l’hôpital. Selon les notes du renseignement, l’île se trouve également menacée par une volonté d’expansion de l’islamisme. Enfin, on dénombre une quarantaine de bandes criminelles organisées.

Face à cette criminalité hors de contrôle, Ambdilwahedou Soumaila, le maire LR de la capitale mahoraise n’hésitait pas à dénoncer en décembre auprès de Valeurs Actuelles une « entreprise de terroristes » : « Ils se réunissent avec 40 à 50 machettes. Ils veulent tuer et découper les gens. Ils volent, ils pillent le matériel des administrations publiques et dérobent ce qu’ils trouvent dans les voitures. Tout ça, ils l’amènent dans les bateaux qui repartent vers les Comores. C’est une entreprise de déstabilisation terroriste de tout un territoire. Ils s’attaquent à la République et aux honnêtes habitants. »

Un mois plus tôt, dans Le Figaro, la députée mahoraise Estelle Youssouffa, rappelant que l’« immigration clandestine est totalement liée à la violence », expliquait que des « milliers de mineurs étrangers inexpulsables » sèment la terreur sur l’île : « On découpe des gens qu’on dépose en morceaux sur les routes pour effrayer la population. Et ça marche ! La population veut prendre les armes pour se défendre », affirmait-elle. Dénonçant « l’impunité totale pour les barbares en culotte courte qui sèment la terreur à Mayotte », elle sonnait l’alerte sur France info le 21 novembre : « On est au bord de la guerre civile ».

L’opération « Wuambushu »

C’est dans ce contexte de crise face à la criminalité et l’immigration illégale que le gouvernement français a déclenché une série d’interventions policières, baptisée opération « Wuambushu » (« reprise » ou « poil à gratter » en mahorais). L’objectif : procéder à l’expulsion d’environ 10.000 sans-papiers vers les Comores, à la destruction de bidonvilles, à la lutte contre les réseaux mafieux. Initialement tenu secret, ce projet avait été révélé fin février par Le Canard enchaîné.

Comme nous l’expliquait Mansour Kamardine, « outre le renvoi des clandestins aux Comores, cette opération compte s’attaquer aux réseaux mafieux qui se développent localement. En février, les services de police ont démantelé une filière de passeurs qui avait fait venir depuis 2019 pas moins de 40.000 clandestins à Mayotte. En dehors de ce type de réseau, il y a aussi la lutte contre les marchands de sommeil, la fabrique de faux papiers, la production de fausses attestations de reconnaissance de paternité. Tout ce petit monde participe à l’immigration. L’idée, c’est donc d’aller chercher toutes ces têtes de réseaux et de les remettre au procureur de la République. Depuis le déclenchement de l’opération Wuambushu, plus d’une quarantaine de têtes de réseaux ont été interpelées. »

Contrairement aux informations diffusées dans la presse, cette opération n’a pas été lancée lundi pour une durée de deux mois : « Il n’y a pas un moment où on la commence et un moment où on la termine », a démenti Gérald Darmanin le 20 avril dans son interview au Figaro, qui précise par ailleurs qu’elle avait « déjà commencé ». Disant souhaiter la destruction de « 1000 bangas (ndlr : bidonvilles) dans les deux mois », le ministre a souligné la présence de « 1800 policiers et gendarmes en ce moment même à Mayotte qui font des opérations de police, qui mettent fin au trafic d’armes, qui mettent fin aux bandes criminelles ». Au total, plus de 2500 personnels (forces de l’ordre, agence régionale de santé, justice, réserve sanitaire) sont mobilisés, selon une source proche du dossier. Si les Français et les étrangers en situation régulière vivants dans ces quartiers doivent être relogés, ceux qui sont comoriens et résident sur l’ile de façon illégale, seront expulsés vers Anjouan, l’île comorienne la plus proche, située à 70 km de Mayotte.

Selon les informations d’Europe 1, les ambitions de cette intervention ont été revus à la baisse. À l’origine, l’objectif était d’expulser 20.000 clandestins. Il a été divisé par deux. La raison : l’ampleur des besoins logistiques pour mener pareille opération à l’heure où les forces de sécurité intérieure sont essentiellement réquisitionnées en métropole par les mouvements sociaux contre la réforme des retraites, avec un 1er mai qui promet d’être tendu.

Le gouvernement comorien fait barrage à l’accueil des migrants expulsés

Depuis le début de la semaine, l’opération « Wuambushu » rencontre plusieurs obstacles à sa mise en œuvre, en premier lieu la résistance des Comores. Dès le 10 avril, la présidence comorienne avait enjoint la France de « renoncer » à cette opération d’expulsions, avant de passer, deux semaines plus tard, à l’action. Lundi, Moroni a ainsi bloqué l’accostage d’un bateau transportant des migrants en provenance de Mayotte et suspendu le trafic de passagers dans le port où les ressortissants expulsés sont habituellement débarqués.

« Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale, nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne », a déclaré le ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud.

Un revers diplomatique pour la France, alors que, seulement quelques heures plus tôt sur France 2, le ministre de l’Intérieur démentait toute difficulté avec le gouvernement des Comores. « Nous avons un intérêt bien compris avec le gouvernement des Comores parce qu’eux-mêmes subissent une immigration qui vient de Madagascar et l’Afrique de Grands Lacs », avait soutenu Gérald Darmanin, rappelant que 25.000 Comoriens avait été expulsés en 2022.

À la suite des déclarations de M. Mahamoud, le préfet de Mayotte a affirmé lundi que la France « n’arrêtera pas » les opérations contre la délinquance et les bidonvilles, ajoutant espérer « reprendre rapidement » les rotations de bateaux vers l’île comorienne d’Anjouan.

Jeudi 27 avril, les autorités portuaires des Comores ont finalement annoncé que les bateaux transportant les clandestins sont de nouveau autorisés à accoster sur l’archipel. En revanche, le directeur des autorités portuaires a ajouté une condition de taille : « Ne débarqueront demain que des passagers qui seront pourvus de leur carte d’identité nationale ». Or, comme le rappelle France info La 1ère, en arrivant à Mayotte, de nombreux immigrés illégaux se débarrassent de leurs papiers d’identité afin d’échapper à une procédure d’expulsion vers leur pays d’origine, ou bien dans le but de prétendre qu’ils sont mineurs…

Par ailleurs, complication supplémentaire : la compagnie maritime SGTM, qui opère les liaisons Mayotte-Anjouan avec le navire « Maria Galanta », a fait savoir le même jour sur les réseaux sociaux qu’elles étaient suspendues « jusqu’à nouvel ordre ». Une décision prise « compte tenu du contexte actuel, qui entrave le bon fonctionnement de son activité », a-t-elle indiqué sans autre précision. Ni la préfecture de Mayotte ni le ministère de l’Intérieur n’ont commenté cette annonce.

Pour Mansour Kamardine, la France devrait faire usage de ses moyens de pression diplomatiques : supprimer l’aide au développement apportée à Moroni et envisager la déchéance de nationalité des Comoriens qui détiennent la nationalité française.

Entre Mayotte et les Comores, des relations tumultueuses

L’histoire entre l’île mahoraise et ce pays, actuellement sous offensive économique de la Chine dans le cadre de l’expansion de ses nouvelles routes de la soie, est pour le moins orageuse. En effet, encore à ce jour, Moroni ne reconnait pas l’appartenance de Mayotte à la France.

Jusqu’en décembre 1974, les Comores, qui comptent quatre îles (Anjouan, Grande Comore, Mayotte et Mohéli), sont une colonie française. Cependant, le 22 décembre de cette année-là, une « consultation » de l’ensemble de la population comorienne relative à leur indépendance est lancée par le gouvernement. Le résultat est sans appel : 95% des votants se prononcent en sa faveur… à l’exception de Mayotte, qui, à 63%, vote pour rester au sein de la République française. Ce souhait est renouvelé deux ans plus tard lors d’une nouvelle consultation des Mahorais, cette fois-ci à 99,4%. Pour autant, le gouvernement comorien continue à revendiquer son autorité sur Mayotte. Un avis partagé pendant plusieurs décennies par les Nations unies jusque dans les années 1990 et réaffirmé par les pays de l’Union africaine en 2009.

Sans surprise, le 24 avril sur TV5 Monde, l’ambassadeur des Comores en France, Ahamada Ahmadi, a donc condamné l’opération Wuambushu : « Le gouvernement comorien ne peut pas recevoir les expulsés de Mayotte. C’est bien normal, parce que, ces Comoriens-là à Mayotte, ils sont chez eux ». « Ce n’est pas cette opération-là qui va rapporter la convivialité, le vivre-ensemble paisible à Mayotte ».

De quoi déclencher les foudres de Mansour Kamardine lors de notre entretien à l’encontre du Quai d’Orsay : « Récemment, l’ambassadeur de Chine a fait des déclarations par lesquelles il a mis en cause « le statut de pays souverain » des territoires de l’ex-URSS. Il a été convoqué au quai d’Orsay dans le cadre de « mises au point très fermes ». En revanche, alors que l’ambassadeur des Comores en France fait des déclarations du même acabit à propos de Mayotte, le quai d’Orsay ne réagit pas. C’est un deux poids deux mesures. On aurait pu s’attendre du gouvernement français, et notamment du ministère des Affaires étrangères, à un peu plus de sensibilité à propos de ces déclarations sur Mayotte, puisqu’il s’agit d’une remise en question de la souveraineté française : je rappelle à nouveau que Mayotte est française depuis près de 200 ans. »

De son côté, Estelle Youssouffa n’hésitait pas à dénoncer le 12 avril sur le plateau du Média une immigration de conquête : « Les autorités comoriennes encouragent l’immigration comorienne à Mayotte dans le dessein d’en réclamer la souveraineté. Et c’est défini par l’Otan comme l’UE, comme une instrumentalisation des flux migratoires. C’est la situation dans laquelle on est à Mayotte. On utilise les leviers démocratiques pour déstabiliser un territoire et Mayotte est déstabilisée. »

Un juge lié au syndicat de la magistrature suspend l’évacuation d’un bidonville à Mayotte

En dehors de la résistance du gouvernement comorien, la justice française s’en est, elle aussi, emmêlée, infligeant un revers qui compromet là aussi la bonne exécution de l’opération Wuambushu.

Mardi, le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu en urgence la démolition du bidonville « Talus 2 », invoquant « l’existence d’une voie de fait ». Dans cette décision, le juge des référés, Catherine Vannier, « ordonne au préfet de Mayotte de cesser toute opération d’évacuation et de démolition des habitats » à Majicavo, ajoutant que « la destruction des habitations (…) est manifestement irrégulière », « mettant en péril la sécurité » des habitants. Dans la foulée, le préfet de police Thierry Suquet a annoncé faire appel.

Or, selon les informations d’Europe 1, Catherine Vannier a été vice-présidente du syndicat de la magistrature, qui, souligne Wikipédia, a été fondé le 8 juin 1968 en s’inspirant « des idéaux de Mai 68 et du marxisme ».

Quelques jours avant le lancement de l’intervention, l’organisme classé à gauche a envoyé un mail à ses adhérents les avertissant que « les collègues ne sauraient être la caution utile d’un gouvernement s’apprêtant à mener une opération qui, par son envergure et ses objectifs, amènera très certainement des violations massives des droits humains sans que l’autorité judiciaire puisse correctement exercer sa mission de protection ». Europe 1 de marteler : « En clair et autrement dit, « magistrats de Mamoudzou, opposez-vous à l’opération Wuambushu“. […] La justice a-t-elle été rendue au nom du peuple français ou des opinions d’un syndicat de magistrats ? »

Vraisemblablement toujours membre du syndicat de la magistrature, Catherine Vannier, qui déclarait en février dernier sur France info que « la délinquance des mineurs [à Mayotte] n’était pas si importante que ça », a siégé en personne à l’audience en sa qualité de présidente du tribunal judiciaire. De quoi faire dire à Mansour Kamardine que « ce n’est pas une décision de justice qui doit être respectée, car il s’agit tout simplement d’une délibération d’un syndicat d’extrême gauche qui a pour seule volonté d’encourager l’immigration illégale à Mayotte. »

Malgré les embûches, l’opération suit son cours

Ce jeudi, l’État a procédé à de premières destructions de logements illégaux à Mayotte, tandis que la quasi-totalité des 17 maires, réunis à la mairie de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, ont appelé le gouvernement à passer à la vitesse supérieure. Par la voix de Madi Madi Souf, le président de l’association des maires de Mayotte, ils demandent au gouvernement de déclarer l’état d’urgence pour « suspendre instamment la délivrance des titres de séjour à la préfecture de Mamoudzou, suspendre tout visa d’entrée sur le territoire en provenance des Comores ». Par ailleurs, les élus vont étudier la possibilité de mettre fin à l’inscription à l’école de tous les enfants dont les parents sont en situation irrégulière. Une décision « justifiée », selon Maymounati Moussa Ahamadi, conseillère départementale centre gauche de Petite Terre.

En outre, ces derniers, à l’unisson, ont fustigé le silence assourdissant de la ministre des Affaires étrangères Catherine Colona. « Aucune réponse, aucune réaction face à ces nombreuses sorties médiatiques publiques des gouvernants comoriens. Ce n’est pas acceptable, ce n’est pas républicain de sa part », s’est indigné le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila. Très offensif, l’édile s’en est aussi pris à « ces associations pseudo-humanitaires qui vont dans les bidonvilles », et qui, selon lui, ferment les yeux sur les conséquences de l’insalubrité et des risques de catastrophes naturelles pour les populations concernées. « Eux, ce sont des criminels, qui sont loin, à Paris, dans les beaux appartements du 16ᵉ arrondissement et ils viennent ici pour nous donner des leçons. Nous n’avons aucune leçon de morale à recevoir de ces gens-là qui ne connaissent pas la détresse quotidienne de notre territoire », a-t-il déclaré à France info.

Invité d’Europe 1 ce vendredi 28 avril, le ministre de l’Intérieur a de nouveau répété qu’il n’y aurait « pas de date » de fin à l’opération Wuambushu, qui « continuera le temps qu’il faudra » pour que « Mayotte redevienne une île normale, classique et magnifique ». « On laissera le nombre de policiers et de gendarmes qu’il faut », a ajouté Gérald Darmanin, se félicitant par ailleurs que « depuis trois jours – première fois dans l’histoire de la République – il n’y avait plus de kwassa kwassa » : « Il n’y a plus de passeurs et il n’y a plus de kwassa kwassa qui partent des Comores vers Mayotte ».

Malgré le gros point d’interrogation quant à la faisabilité du renvoi des clandestins comoriens vers leur pays d’origine, le ministre a fait valoir que les reconduites d’immigrés illégaux continuaient à être menées : « Des Sri-lankais, des Malgaches et des Africains des Grands Lacs » ont été renvoyés dans leur pays ces derniers jours.

S’agissant des démolitions des bangas, les bidonvilles, Gérald Darmanin a assuré qu’elles étaient « permises », une seule ayant été suspendue par décision judiciaire, celle de « Talus 2 ». Il a défendu en outre l’action de l’État contre la délinquance et la criminalité avec « 15 interpellations d’objectifs de la police judiciaire » dans la nuit de jeudi à vendredi. « Nous avons déjà fait 25 interpellations sur les 60 que nous devions faire de bandes criminelles que nous présentons à la justice, et cela en une semaine ».

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