Meloni veut réguler les migrations via un «partenariat avec l’Afrique» – une ONG de Soros crie au «néocolonialisme»

La Première ministre veut réduire les migrations en provenance d'Afrique via des partenariats énergétiques et des améliorations de son agriculture. L'Union africaine affirme ne pas avoir été consultée à ce sujet.

Par Reinhard Werner
5 février 2024 19:15 Mis à jour: 6 février 2024 06:47

La Première ministre italienne Giorgia Meloni souhaite déclarer la guerre aux « esclavagistes du troisième millénaire »- et ouvrir des perspectives aux jeunes Africains dans leur pays. C’est l’essence du « Partenariat avec l’Afrique » que Meloni a présenté le lundi 29 janvier au Sénat à Rome. Un sommet Italie-Afrique d’une journée s’y déroulait ce jour-là.

De nombreux morts en Méditerranée depuis le début de l’année

Le projet présenté par la Première ministre doit, dans un premier temps, recevoir 5,5 milliards d’euros de l’Italie elle-même. Cette somme sera mise à disposition sous forme de prêts, de subventions et de garanties publiques. Par la suite, Giorgia Meloni souhaite demander le soutien du secteur privé, de l’UE et des organisations internationales.

Le trafic d’êtres humains et l’immigration clandestine ne pourront jamais être stoppés sans s’attaquer à leurs fondements, a déclaré la Première ministre dans son discours devant le Sénat. Il faut déclarer la guerre aux réseaux de passeurs. Parallèlement, il faut offrir à la population africaine « une alternative en termes de possibilités, de travail, de formation et de voies de migration légales ».

L’année précédente, l’Italie a connu plusieurs débarquements massifs de bateaux de réfugiés sur l’île de Lampedusa. Environ 157.600 demandeurs d’asile ont atteint le territoire de l’UE par cette entrée, soit le chiffre le plus élevé depuis 2016.

Parallèlement, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé que près de 100 personnes ont péri ou ont disparu en Méditerranée depuis le début de l’année. C’est le double par rapport à l’année précédente. La plupart des demandeurs d’asile tentent de gagner l’Italie depuis la Tunisie ou la Libye, et beaucoup d’entre eux viennent d’Afrique subsaharienne ou du Proche-Orient.

Ursula Von der Leyen soutient le plan Mattei

L’Italie assure actuellement la présidence du G7. Deux douzaines de chefs d’État et de gouvernement africains, des représentants de l’UE et de l’ONU ainsi que des prêteurs internationaux ont participé à un sommet à Rome lors duquel Giorgia Meloni a présenté son plan Mattei, en hommage au fondateur de la compagnie pétrolière du pays Eni.

La chef du gouvernement a reçu le soutien de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui était présente au sommet. Celle-ci a déclaré que le plan s’inscrivait « parfaitement dans notre European Global Gateway d’une valeur de 150 milliards d’euros ». Bruxelles avait présenté ce projet d’infrastructure en 2021 – pour contrer l’offensive « Une ceinture, une route » du régime communiste chinois (projet de la Nouvelle route de la soie).

Meloni a souligné que la coopération devra se faire « d’égal à égal »et ne pas s’accompagner de « tentations prédatrices », ou de « patronage » à l’égard de l’Afrique, qui ne tiendrait pas compte de son potentiel de développement. L’accent devra être mis sur l’éducation et la formation, la santé, l’agriculture, l’énergie et l’accès à l’eau. Les premières coopérations devraient avoir lieu en Afrique du Nord et dans certains États d’Afrique subsaharienne.

L’hydrogène vert et le gaz naturel doivent affluer d’Afrique vers l’Europe

L’initiative n’est pas totalement désintéressée. Eni cherche à renforcer les importations de gaz naturel en provenance d’Afrique depuis le début de la guerre en Ukraine, et espère ouvrir cette voie pour l’Europe à l’avenir. L’Algérie, l’Égypte et la Libye doivent devenir les principaux partenaires et l’Italie « la plaque tournante naturelle de l’approvisionnement énergétique pour toute l’Europe ».

En outre, une interconnexion électrique doit être mise en place entre l’Italie et la Tunisie. Le « corridor sud H2 », qui doit transporter l’hydrogène de l’Afrique du nord vers l’Europe centrale via l’Italie, doit en constituer la pièce maîtresse. Celui-ci doit être produit à partir d’énergies renouvelables. En 2022, 96% de l’approvisionnement en hydrogène de l’Europe était encore produit à partir de gaz naturel, principalement utilisé dans la production de matières plastiques et d’engrais.

Dans le domaine de l’agriculture, Meloni veut aider l’Afrique à investir dans les machines, les semences, la technologie, les nouvelles méthodes de culture et la formation professionnelle. Cela devrait permettre de développer la culture du blé, du soja, du maïs et du tournesol. Actuellement, le continent dispose de 60% des terres arables du monde, mais celles-ci sont rarement exploitées. L’Italie souhaite investir dans des stations d’épuration et des systèmes d’irrigation.

L’ONG de Soros craint des expulsions pour obtenir des terres

Le projet a été bien reçu, mais le Corporate Europe Observatory (CEO) (Observatoire de l’Europe industrielle), une ONG financée par les fondations américaines Open Society de George Soros, s’inquiète des projets concernant l’hydrogène. La production d’hydrogène vert nécessite de grandes surfaces de terre. Il faut donc craindre en Afrique « l’expulsion de communautés et la violation des droits de l’homme », disent-ils.

Se procurer de l’hydrogène dans les pays africains reviendrait à exploiter leurs ressources renouvelables en énergie et en eau, poursuit le communiqué. Le CEO a qualifié cette démarche de « néocolonialisme ».

La Secrétaire d’État américaine adjointe pour les affaires africaines, Molly Phee, a en revanche exprimé son soutien à cette initiative. Lors d’une conférence de presse mardi, elle a déclaré que les États-Unis « respectaient et admiraient » l’engagement de l’Italie envers l’Afrique. Ils veulent « travailler au sein du G7 pour améliorer les investissements dans les infrastructures africaines ».

L’Europe de plus en plus absente en Afrique ?

Lors de la conférence, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, s’est montré plus critique, estimant qu’il « aimerait que l’Afrique soit consultée en premier ». On ne pourra plus « se contenter de simples promesses qui ne sont souvent pas tenues ». Les paroles doivent être suivies d’actes.

Des représentants d’États africains comme l’Éthiopie, la Libye, l’Algérie ou l’Égypte étaient présents au sommet. Des pays situés le long des principales routes d’exode comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger, mais aussi le Nigeria, n’étaient pas présents. Comme l’écrit le journal allemand Blick, certains Africains déplorent que l’Europe se voit encore comme « le nombril du monde ».

Dans de nombreux pays, les Européens sont tout sauf des partenaires privilégiés, la Russie, la Turquie, les monarchies du Golfe ou encore le Parti communiste chinois étant davantage impliqué en Afrique. Parmi les pays occidentaux, seuls les États-Unis disposent encore d’une influence notable. Ainsi, l’intérêt pour soutenir l’Europe dans la gestion des flux migratoires est limité.

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