Le sujet le moins mentionné dans les médias de la Chine d’aujourd’hui

17 mai 2017 09:16 Mis à jour: 17 mai 2017 10:00

Le 13 mai 1992, M. Li Hongzhi, âgé de 41 ans, a commencé à donner des conférences sur les principes universels et la moralité chinoise traditionnelle dans sa ville natale de Changchun, capitale de la province du Jilin. Il a également enseigné aux participants de ces cours de Falun Gong, quatre séries d’exercices lents et paisibles, ainsi qu’une pratique de méditation assise.

L’efficacité du Falun Gong dans l’amélioration du bien-être physique et mental des citoyens chinois a rapidement attiré l’attention du Parti communiste chinois, qui percevait dans cette discipline de qigong un moyen efficace de réduire les frais de ses dépenses médicales.

Au début, M. Li a obtenu de nombreux prix et récompenses des établissements d’État chinois, y compris de l’appareil de sécurité, pour sa contribution au « bien-être de la société ». Toutefois, la reconnaissance s’est transformée en surveillance lorsque des dizaines de millions de Chinois ont commencé à pratiquer cette méthode vers la fin des années 1990.

Les enquêtes officielles, cependant, ne confirmaient que l’effet positif du Falun Gong – un sondage mené en 1998 par la Commission nationale des sports de Chine a révélé que près de 98% des 12 553 pratiquants de Falun Gong interrogés ont constaté des importantes améliorations de leur santé. Au début de 1999, les sources officielles chinoises estimaient à environ 70 millions le nombre de Chinois de tous âges et professions qui pratiquaient cette discipline.

Tout change en juillet 1999, lorsque le chef du Parti Jiang Zemin, qui craignait la popularité grandissante de cette pratique et surtout son indépendance vis-à-vis de l’État-Parti chinois, lance une campagne de répression au niveau national. Ceux qui continuent à pratiquer sont alors qualifiés « d’ennemis de l’État » et des centaines de milliers sont arrêtés, torturés et assassinés. Les pratiquants emprisonnés sont exposés au risque d’être tués lors des prélèvements forcés de leurs organes ensuite revendus sur le marché des transplantations. À l’époque, les médias officiels ont également lancé une immense campagne de propagande diffamatoire.

L’ancien chef du Parti Jiang Zemin au Grand palais du Peuple à Pékin, le 8 novembre 2012. (Feng Li / Getty Images)

Cependant aujourd’hui, la persécution du Falun Gong est devenue le sujet le moins mentionné dans les médias chinois. Et pourtant, il a une importance cruciale pour l’avenir de ce pays.

Craignant la justice et la rétribution en cas de l’arrêt de sa campagne de persécution, Jiang Zemin a essayé de maintenir la domination de sa propre faction dans l’élite politique chinoise en plaçant à des postes clés ses acolytes et les principaux persécuteurs.

Toutefois, au cours des cinq dernières années, de nombreux hommes de main de Jiang ont été soumis à une purge dans le cadre de la campagne anti-corruption de l’actuel dirigeant Xi Jinping. Bien que la persécution ne soit pas encore officiellement arrêtée, elle a perdu de sa vigueur suite à la mise à l’écart de personnes clés comme Zhou Yongkang, l’ancien patron de la sécurité, ou Li Dongsheng, l’ancien chef du bureau 610, un appareil extrajudiciaire de type Gestapo établi spécialement pour mener la répression contre le Falun Gong.

Cependant, Jiang garde encore beaucoup d’influence au sein du régime chinois, ce qui se conforme à la ligne du Parti communiste qui accorde le pouvoir plutôt aux individus qu’aux institutions.

Le dirigeant chinois Xi Jinping à Pékin, le 31 octobre 2016. (Fred Dufour / AFP / Getty Images)

Il semble également que Jiang, âgé de 90 ans, essaye d’arrêter les rumeurs concernant ses problèmes de santé, ces signes de faiblesse qui risquent de désorienter ceux qui lui restent encore fidèles.

La semaine dernière, les journaux de Hong Kong ont rapporté que Jiang était gravement malade et qu’il était soigné dans un hôpital de Shanghai. L’ancien ambassadeur mexicain en Chine a d’abord tweeté que Jiang était mort, citant des sources « fiables » en Chine, puis il a annoncé que Jiang était plutôt « dans le coma et incapable de réagir ».

Deux jours après la parution de ces informations, il a été rapporté à Hong Kong que l’École expérimentale de Shanghai avait annoncé sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, que Jiang avait personnellement appelé son directeur pour le féliciter à l’occasion du 30e anniversaire de l’École.

L’état de santé actuel de Jiang n’est pas clair. On ne sait pas pourquoi un haut cadre du Parti comme Jiang Zemin risquerait de faire échapper dans les médias le fait d’être examiné dans l’hôpital de Huashan (selon les rapports), un établissement médical universitaire, au lieu d’être traité, comme d’habitude, par des spécialistes chez lui ou dans un hôpital militaire d’État.

Ce qui ne fait aucun doute, c’est le rôle central de Jiang dans une persécution atroce, ainsi que le fait que la justice l’attend s’il est éventuellement poursuivi.

Version anglaise : The Most Underreported Story in Modern China

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