Meta et Twitter suppriment un «réseau de comptes» promouvant «un narratif pro-occidental aux dépens de la Chine, la Russie et l’Iran»

Par Katabella Roberts
26 août 2022 18:55 Mis à jour: 27 août 2022 05:48

Selon un rapport publié le 24 août, Facebook et Twitter ont supprimé un réseau de comptes de médias sociaux qui « utilisaient des tactiques trompeuses » pour promouvoir un narratif pro‑occidental soutenant les États‑Unis et leurs alliés tout en s’opposant à des pays comme la Chine, la Russie et l’Iran.

L’enquête conjointe menée par le Stanford Internet Observatory et Graphika, une société d’analyse des médias sociaux, a révélé qu’un « réseau interconnecté de comptes » sur Twitter, Facebook, Instagram et cinq autres plateformes de médias sociaux utilisait des stratégies « trompeuses » pour soutenir les narratifs des pays occidentaux au Moyen‑Orient et en Asie centrale.

« Ces campagnes ont constamment mis en avant un narratif promouvant les intérêts des États‑Unis et de leurs alliés tout en s’opposant à des pays comme la Russie, la Chine et l’Iran », peut‑on lire dans le rapport.

Selon le rapport, les comptes critiquaient fortement la Russie, en particulier pour les morts de civils innocents survenues au cours de l’invasion en Ukraine. Ils ont aussi véhiculé l’idée que Poutine avait planifié de provoquer une crise alimentaire mondiale qui toucherait les pays moins développés le plus durement.

Les comptes saluaient également l’aide américaine en Asie centrale et dénonçaient la façon dont le Parti communiste chinois (PCC) traitait des minorités musulmanes chinoises, notamment les Ouïghours du Xinjiang.

Au Moyen‑Orient, les comptes se focalisaient sur les problèmes au Yémen, en partageant principalement des contenus visant à critiquer l’activité de l’Iran et des rebelles houthis dans le pays. On retrouvait notamment des messages accusant les chefs rebelles houthis de bloquer les livraisons d’aide humanitaire et d’agir en tant que mandataires de l’Iran et du Hezbollah.

Une partie de ce réseau promouvait également des messages de lutte contre l’extrémisme, selon le rapport.

Une voiture devant le nouveau logo associé au nouveau nom du groupe Facebook, « Meta », sur un panneau devant le siège de l’entreprise, le 28 octobre 2021 à Menlo Park, en Californie. (Photo : Justin Sullivan/Getty Images)

Des « campagnes déployées de manière anonyme »

Selon le rapport, Twitter et Meta, la société mère de Facebook, ont supprimé ces comptes qui faisaient partie d’une « série de campagnes déployées de manière anonyme » sur une période de cinq ans.

Twitter a déclaré que les deux groupes de comptes qui se chevauchaient violaient ses politiques en matière de « manipulation de la plateforme et de spam », tandis que Meta a affirmé que les comptes adoptaient un « comportement inauthentique coordonné », selon le rapport.

Après avoir supprimé les comptes, Twitter et Meta ont fourni des extraits de leurs activités à Graphika et au Stanford Internet Observatory, souligne le rapport.

Selon le Stanford Internet Observatory et Graphika cette activité représente à ce jour « l’exemple le plus important » d’opérations secrètes d’influence pro‑occidentale sur les médias sociaux examiné et analysé librement par des chercheurs.

« À quelques exceptions près, l’étude des opérations d’influence modernes se concentrait massivement sur l’activité des régimes autoritaires dans des pays comme la Russie, la Chine et l’Iran, avec une croissance récente des recherches sur le rôle intégralement décrypté d’entités privées », peut‑on lire dans le rapport. « Ce rapport illustre l’éventail beaucoup plus large d’acteurs engagés dans des opérations énergiques destinées à influencer l’audience en ligne. »

Ni Twitter ni Meta n’ont partagé les détails techniques relatifs à leurs enquêtes. Ils ont refusé de commenter publiquement leurs soupçons sur les entités cachées derrrière ces comptes. Mais Twitter a indiqué que les « pays d’origine présumés » de ces activités étaient les États‑Unis et le Royaume‑Uni. Meta a mentionné que le « pays d’origine » était les États‑Unis.

L’ensemble des données Twitter fournies à Graphika et au Stanford Internet Observatory couvrait plus de 299.000 messages publiés par 146 comptes entre mars 2012 et février dernier.

Ces campagnes anonymes avaient également touché 39 profils Facebook officiels, 16 pages, deux groupes et 26 comptes Instagram actifs de 2017 à juillet dernier.

Logo Twitter sur un smartphone. (ALASTAIR PIKE/AFP via Getty Images)

Effet limité

Selon le rapport, les comptes utilisaient de fausses photos de profil extraites d’autres sources. Un des comptes utilisait une photo de l’actrice portoricaine Valeria Menendez. Les autres avaient récupéré des photos générées par ordinateur de manière aléatoire.

Les comptes « se faisaient passer pour des médias indépendants, exploitaient des mèmes et des vidéos de courte durée, essayaient de lancer des campagnes de hashtag, et ont initié des pétitions en ligne : autant de tactiques observées prouvant qu’il s’agissait d’opérations mises au point par d’autres acteurs ». Certains de ces comptes partageaient des actualités et des liens vers des sites Web sponsorisés par l’armée américaine, selon le rapport.

Cependant, leur efficacité était limitée : « La grande majorité des messages et des tweets que nous avons examinés n’ont pas reçu plus d’une poignée de likes ou de retweets. Seuls 19% des ressources anonymes que nous avons identifiées comptaient plus de 1.000 abonnés. »

« De façon révélatrice, les deux sources les plus suivies de ce réseau, selon les chiffres fournis par Twitter, étaient des comptes non anonymes qui déclaraient publiquement un lien avec l’armée américaine. »

Le porte‑parole du Pentagone, le général de brigade de l’armée de l’air Pat Ryder, a déclaré au Wall Street Journal que le Pentagone allait « examiner et évaluer toutes les informations fournies par Facebook ou Twitter ».

Une porte‑parole de Twitter a expliqué au média que le rapport était indépendant de l’entreprise et que « les données étaient partagées avec des chercheurs extérieurs pour appuyer une analyse externe permettant d’informer le public ».

Un porte‑parole de Meta a précisé que la société n’avait pas d’informations supplémentaires à partager concernant le rapport, mais qu’elle se référait à des discussions antérieures tenues par des responsables de la sécurité sur les difficultés à relier les faux comptes à des groupes ou des gouvernements spécifiques, selon le Wall Street Journal.

Les représentants de Twitter et de Meta n’ont pas répondu aux demandes de commentaire d’Epoch Times à l’heure de la mise sous presse.

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