Le monde n’a plus que « dix semaines » de blé en réserve, prévient une analyste

Par Jack Phillips
24 mai 2022 10:59 Mis à jour: 28 mai 2022 14:30

Une experte en sécurité alimentaire déclare que le monde ne dispose plus que d’environ dix semaines de réserves de blé, dans le contexte du conflit en Ukraine et des mesures déployées par l’Inde pour interdire les exportations de blé ces dernières semaines.

Sara Menker, PDG de la société d’analyse agricole Gro Intelligence, a déclaré au Conseil de sécurité des Nations unies que la guerre entre la Russie et l’Ukraine « n’a fait qu’ajouter de l’huile sur un feu qui brûle depuis longtemps » et qu’elle n’est pas la cause première de la pénurie de blé. L’Ukraine et la Russie produisent toutes deux près d’un tiers du blé mondial.

« Je veux commencer en disant explicitement que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’est pas à l’origine de la crise de sécurité alimentaire. Elle a simplement ajouté de l’huile sur un feu qui brûle depuis longtemps. Une crise dont nous avons détecté les signes bien avant que la pandémie du Covid‑19 ne dévoile la fragilité de nos chaînes d’approvisionnement », déclare Mme Menker.

« Je partage cela parce que nous pensons qu’il est important que vous compreniez tous que même si la guerre prenait fin demain, notre problème de sécurité alimentaire ne disparaîtra pas de sitôt sans une action concertée. »

Avec des données à l’appui, Mme Menker déclare qu’en raison de l’augmentation des prix des principales cultures cette année, 400 millions de personnes de plus dans le monde sont en situation d’« insécurité alimentaire ». Elle ajoute qu’en incluant le blé, le monde « ne dispose actuellement que de dix semaines de réserve dans le monde entier ».

« Les conditions actuelles sont pires que celles que nous avons connues en 2007 et 2008 », poursuit‑elle. « Il est important de noter que nous assistons actuellement aux niveaux de réserves de céréales les plus bas que nous ayons jamais connus, alors que l’accès aux engrais est très limité et que la sécheresse dans les régions productrices de blé du monde entier est la plus extrême depuis plus de 20 ans. Des préoccupations similaires concernant les réserves s’appliquent également au maïs et aux autres céréales. Les estimations des gouvernements ne concordent pas. »

La semaine dernière, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a accusé la Russie d’empêcher l’Ukraine d’exporter du blé, ce que la Russie a catégoriquement démenti. Selon M. Blinken, Moscou utilise le blé comme une arme de guerre.

« Le gouvernement russe semble penser que l’utilisation de la nourriture comme arme permettra d’accomplir ce que son invasion n’a pas réussi à faire (…) briser l’esprit du peuple ukrainien », déclare M. Blinken.

Toutefois, Mme Menker a fait remarquer que les sécheresses qui sévissent dans le monde entier contribuent à la pénurie de blé. Les pénuries d’engrais et d’autres problèmes météorologiques ont exacerbé la situation, fait‑elle également remarquer.

Cette déclaration intervient alors que David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, déclare que le monde est confronté à « une crise sans précédent », notant que 49 millions de personnes dans 43 pays « frappent à la porte de la famine ». La famine s’accompagne d’une déstabilisation politique, note‑t‑il.

« En ce moment même, nous assistons déjà à des émeutes et à des protestations – au Sri Lanka, en Indonésie, au Pakistan, au Pérou », déclare‑t‑il. « Nous voyons déjà des dynamiques déstabilisantes au Sahel, au Burkina Faso, au Mali, au Tchad. Ce ne sont que des signes précurseurs d’événements à venir. »

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