Moutarde: malgré les bons rendements de la filière française, «ça ne va pas changer fondamentalement les choses»

Par Emmanuelle Bourdy
3 août 2022 22:38 Mis à jour: 3 août 2022 22:38

Bien que la récolte 2022 de moutarde française affiche d’excellents rendements, puisqu’elle est un tiers plus élevé qu’habituellement, la pénurie ne sera toutefois pas encore comblée. Car la production française ne satisfait qu’une petite partie de la consommation, le Canada, dont la production a été fortement réduite, fournissant les producteurs français à hauteur de 80%.

Dans les rayons de nos supermarchés, la pénurie de moutarde perdure, notamment parce que 80% des graines de moutarde utilisées en France, sur les 35.000 tonnes nécessaires, proviennent du Canada, rapporte BFMTV. Et cette année, la production de graines canadiennes a été divisée par deux, en raison de deux facteurs.

La récolte augmentée d’un tiers en France

D’une part, le Canada a dû faire face à une forte sécheresse. D’autre part la production de plants de moutarde a été réduite, car le pays a préféré se tourner vers la production de blé, plus rentable. Au début de cette année, selon un rapport publié en avril 2022 par le ministère canadien de l’Agriculture, 50.000 tonnes de graines ont été produites par le Canada.

De surcroît, les exportations provenant du Canada ne devraient pas arriver avant 2023. Mais la situation aurait pu être encore plus catastrophique si la récolte française n’avait pas été aussi bonne. Fabrice Genin, agriculteur et président de l’association des producteurs de graines de moutarde en Bourgogne, a indiqué : « On dépasse le rendement historique qu’on avait avant 2016. »

Le rendement est en effet un tiers plus élevé qu’habituellement, avec en moyenne 18 quintaux par hectares en Bourgogne. Fabrice Genin ajoute que cette année les agriculteurs n’ont pas été « embêtés par les insectes ravageurs qui sont capable de détruire toute une récolte ». Il ajoute que de nouvelles variétés, plus résistantes, ont par ailleurs été adoptées. Même chose à Digny (Eure-et-Loire), où la production annuelle a également augmenté d’un tiers, selon le producteur François Lorin. Ce dernier indique au micro de BFMTV que cela est « pas mal mais ça ne va pas changer fondamentalement les choses ». Il rappelle en outre que depuis 2016, la surface de production française de graines de moutarde a été divisée par quatre.

« Notre objectif est de tripler les surfaces cultivées dans notre région »

Fabrice Genin a par ailleurs souligné auprès du quotidien Les Échos : « Notre objectif est de tripler les surfaces cultivées dans notre région pour atteindre les 10.000 hectares, soit environ 1% des surfaces cultivables de la région. Les industriels de la filière ont aussi accepté de faire un effort et consenti à une augmentation du prix des graines qui leur seront livrées. »

Mais il rappelle néanmoins qu’il existe « de vrais freins à la culture de la moutarde ». Les producteurs français sont en effet confrontés à la suppression de « la quasi-totalité des solutions » leur permettant « de lutter contre certains insectes ravageurs ». En conséquence, cela « n’encourage pas les producteurs à tenter la culture de moutarde », se désole Fabrice Genin. Les producteurs souhaiteraient donc obtenir des dérogations sur de nouveaux produits phytosanitaires.

BFMTV fait remarquer que la consommation moyenne de ce précieux condiment en France est d’un kilogramme par année et par personne. Le média ajoute que, selon une étude de l’Iri, la moutarde a pris 14% d’augmentation en un an.

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