Logo Epoch Times
plus-icon

Nanoparticules toxiques : ce qui se cache dans les séances de coiffage quotidiennes

top-article-image

Photo: Lazy_Bear/Shutterstock

author-image
Partager un article

Durée de lecture: 6 Min.

Un simple lissage de 20 minutes avec un fer à lisser libère dans l’air autour du visage une quantité de particules toxiques comparable à celle respirée derrière un bus en plein embouteillage.
Ces résultats soulignent la nécessité de repenser la régulation de la qualité de l’air et la sécurité des produits, explique Nusrat Jung, professeur et auteur principal de l’étude.
« La combinaison de chaleur et de certains ingrédients constitue clairement une recette favorisant la formation de nanoparticules en suspension, ce qui soulève des inquiétudes concernant un plus large éventail de soins et de produits capillaires », souligne-t-il.

Quand “bonne coiffure” rime avec pollution

Coiffer ses cheveux avec des produits de styling peut générer une pollution comparable à celle des gaz d’échappement ou des fumées de cuisson. Pour mesurer l’impact réel, les chercheurs ont recréé des séances de coiffage dans une maison-laboratoire équipée d’instruments de suivi de l’air intérieur.
Sept volontaires ont utilisé des fers à boucler, des lisseurs et des ondulateurs associés à des crèmes, sérums, lotions et sprays populaires. Les chercheurs ont ajusté les paramètres selon la chaleur, la longueur des cheveux et la ventilation. Des capteurs ont suivi en temps réel la hausse des particules et des vapeurs. Grâce à des modélisations informatiques, ils ont ensuite retracé le chemin de ces particules invisibles : nez, gorge… ou profondeur des poumons.
Résultat : l’usage combiné de produits coiffants et d’outils chauffants libère des milliards de nanoparticules, avec des concentrations allant de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers de particules par centimètre cube, selon l’étude publiée dans Environmental Science & Technology.
« La proximité du visage et l’espace confiné créent un passage direct vers les poumons, et les doses peuvent être étonnamment élevées, même lors d’une courte utilisation », prévient Nusrat Jung. La plupart des gens se coiffent dans leur salle de bain, un espace souvent mal ventilé. Contrairement à la pollution extérieure, diluée par le vent, ces particules s’accumulent rapidement.

Quand la chaleur aggrave les risques

Les ingrédients des produits coiffants ne sont pas volatils à température ambiante, mais se vaporisent lorsqu’ils sont chauffés, formant ces nanoparticules invisibles à l’œil nu. Ces particules peuvent pénétrer les poumons et provoquer des réactions biologiques, comme un stress oxydatif.
Un chauffage plus intense – autour de 180 °C – entraîne la formation de particules ultrafines encore plus petites et plus dangereuses. Capables d’atteindre les alvéoles pulmonaires, elles peuvent y déclencher une inflammation, voire passer dans la circulation sanguine et atteindre d’autres organes.
Les particules plus grosses, elles, se déposent dans les voies respiratoires supérieures (nez, gorge, bronches), où elles sont plus facilement évacuées par la toux, l’éternuement ou le mucus.
À long terme, ces particules pourraient contribuer à des troubles chroniques comme l’asthme ou les maladies cardiovasculaires. « Il faut beaucoup de produits chimiques pour donner aux cheveux une odeur de noix de coco ou de pomme », rappelle Aidan Charron, directeur associé, qui n’a pas participé à l’étude.

Des ingrédients sous surveillance

Les principaux composés émis lors du coiffage sont les siloxanes : D4, D5 et D6, aussi appelés siloxanes cycliques. Utilisés comme émollients dans de nombreux cosmétiques, ils apportent douceur, brillance et facilité de coiffage sans effet gras.
Mais D5 et D6 sont interdits dans l’Union européenne, en raison de leur persistance et de leur accumulation dans l’organisme. Des études animales ont montré qu’à forte dose, ils pouvaient provoquer des inflammations pulmonaires et des atteintes du foie. Aux États-Unis, ces substances restent autorisées : la FDA (Administration américaine des aliments et des médicaments) considère que, dans les niveaux d’exposition actuels, elles ne présentent pas de risque pour la santé. Le Canada a émis une conclusion similaire.

Vers une meilleure régulation ?

Aux États-Unis, la FDA ne valide pas les ingrédients cosmétiques avant leur mise sur le marché (sauf pour les colorants). Ce sont les fabricants qui sont légalement responsables de garantir la sécurité de leurs produits. Pour les critiques, ces évaluations se concentrent trop sur les usages à court terme, en négligeant les expositions professionnelles, les impacts environnementaux et les risques liés à une exposition prolongée.
L’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) mène actuellement une évaluation complète des siloxanes cycliques, incluant leur impact environnemental, leur présence dans l’air intérieur et extérieur, ainsi que leur accumulation dans les organismes vivants.

Comment réduire son exposition ?

Les experts conseillent quelques gestes simples :
• Éviter le problème : privilégier les coiffures sans chaleur ou limiter les produits contenant des siloxanes.
• Améliorer la ventilation : aérer, ouvrir les fenêtres ou utiliser un ventilateur, plutôt que se coiffer dans une petite salle de bain fermée.
• Choisir des produits plus sûrs : opter pour des formulations sans siloxanes, avec une liste d’ingrédients plus courte et compréhensible.
• Lire attentivement les étiquettes : repérer et éviter les mentions D4, D5 ou D6, surtout en cas d’usage d’outils chauffants.
Avant de se consacrer à l'écriture, Rachel a travaillé comme ergothérapeute, spécialisée dans les cas neurologiques. Elle a également enseigné des cours universitaires en sciences fondamentales et en ergothérapie professionnelle. Elle a obtenu une maîtrise en développement et éducation de l'enfant en 2019. Depuis 2020, Rachel écrit beaucoup sur des sujets de santé pour diverses publications et marques.

Articles actuels de l’auteur