Ce que vous ne savez pas sur la danse classique chinoise

Une histoire beaucoup plus profonde et riche que ce que l'on connaît

Par Catherine Yang
25 décembre 2019 20:16 Mis à jour: 2 avril 2021 13:02

Le ballet classique occupe une place plutôt familière dans nos esprits. Nous savons qui l’a inventé, les grandes stars et les époques dont ils ont été les pionniers, et les classiques du répertoire – lorsque Noël arrive, Casse-Noisette aussi. Nous connaissons les cinq positions du ballet, qui, depuis sa création jusqu’à nos jours, n’ont pas été modifiées. La danse classique chinoise, qui est un système oriental très complexe, a une provenance beaucoup plus difficile à situer. À tel point qu’une école en Chine, qui prétend pourtant l’avoir inventé, ne sait pas d’où viennent les mouvements.

Cette école, l’Académie de danse de Pékin (BDA), officiellement soutenue par le régime chinois, se targue d’avoir inventé la « danse classique chinoise » et est d’ailleurs reconnue comme l’ayant fait. En raison du considérable et vaste programme de danse de l’Académie, les jeunes générations de danseurs et d’universitaires, induits en erreur, ont fini par le croire.

Mais bien sûr, ce n’était pas le cas. « Ce que la BDA possède, c’est un programme, une pédagogie et un ensemble de mouvements qui réorganisent la danse classique chinoise et l’a introduite dans le système académique. C’est tout », dit Guo Hua Ping, un professeur de danse classique chinoise à New York.

Comment un système d’enseignement de danse moderne peut-il soudainement devenir « classique » avec une histoire de 5 000 ans ?, dit Mme Guo.

Pour mieux comprendre la formation de cet art, enraciné dans une tradition qui remonte à 5 000 ans, nous avons parlé à des experts qui ont consacré leur vie à préserver cette forme d’art.

Formation à l’opéra

Guo Hua Ping, aujourd’hui octogénaire, est née en Chine en 1935 et a grandi à Pékin. Tout au long de sa carrière, elle a vu cette forme d’art se développer, croître en popularité et se transformer en quelque chose d’entièrement différent.

Guo Hua Ping. (Copyright Shen Yun Performing Arts)

« J’ai dû commencer à danser vers l’âge de 13 ans, et je n’ai jamais rien fait d’autre depuis. Peut-on appeler ça autrement que le destin ? » a expliqué Mme Guo.

C’était au tout début de la Chine communiste, avant la révolution culturelle. Mme Guo se souvient, comme étant certains de ses premiers souvenirs, des événements du Nouvel An dans les temples, avec des danses et des spectacles d’arts martiaux.

« Il y avait deux temples près de l’endroit où j’ai grandi », a expliqué Mme Guo. C’étaient des lieux de vénération pour les cieux, de grandes salles fondées par les empereurs pour rendre hommage au divin. Pendant les grandes vacances, ils étaient des lieux de fête, où les gens affluaient pour prier et brûler de l’encens en offrande aux dieux et regarder des spectacles.

« Il y avait des groupes de représentation de l’Opéra de Pékin, et ils mettaient en scène les costumes, le jeu des acteurs, la danse, les accessoires, les divers mouvements de l’opéra de Pékin. Tout était là », dit-elle. « J’étais très jeune, et j’adorais ça. Dès que je rentrais chez moi, je reproduisais ce que j’avais vu, juste pour m’amuser. »

Elle comprendra plus tard que cet Opéra de Pékin et les scènes qu’elle avait pu voir étaient l’authentique et ancestral Opéra de Pékin, représentant un art du spectacle traditionnel ancestral qui s’est transmis et développé à travers les âges.

« C’était en fait de la danse chinoise », dit-elle, ce qui est devenu un point de référence important pour elle plus tard. La danse chinoise est issue des danses de plus de 300 genres d’opéras traditionnels chinois, tels que l’opéra Kunqu et l’opéra de Pékin. Ce sont les principales sources de la danse classique chinoise.

Mme Guo a fini par rejoindre un institut militaire des arts du spectacle, qui à un moment donné a été nommé la Compagnie de théâtre Zhongnan, lorsque l’État a commencé à recruter des enfants et qu’ils ont vu qu’elle montrait du talent dans les petits sketches et les pièces de théâtre à l’école.

Là, les artistes en devenir ont appris auprès d’experts de l’Opéra de Pékin, comme ceux qui ont étudié avec Mei Lanfang, la célèbre artiste qui a été la première à diffuser l’opéra chinois en dehors de la Chine. Les apprenants peuvent se spécialiser dans diverses choses ou divers rôles, mais l’opéra chinois reste la base fondamentale, et tout le monde a suivi ces cours.

Comme l’a expliqué Mme Guo, vous ne commenciez pas par une théorie séparée ou un cours de technique sur l’entraînement vocal ou le jeu de jambes ; il s’agissait d’histoires entières transmises par démonstration des professeurs aux étudiants. Les professeurs prenaient des scènes d’opéras connus et les enseignaient dans leur intégralité – les pas, la mise en scène, les gestes, les chansons, et même la façon de s’échauffer pour chaque cours. Les experts eux-mêmes provenaient de troupes de théâtre qui avaient généralement un système d’apprentissage, avec un danseur principal à la tête de plusieurs élèves.

« Comme la troupe artistique dans laquelle j’étais à l’époque, de nombreux groupes de professionnels de la danse dans tout le pays apprenaient et arrangeaient les styles et les techniques de danse des opéras traditionnels tels que l’Opéra de Pékin et l’Opéra Kunqu, qui étaient généralement appelés ‘danse classique chinoise’ », a dit Mme Guo.

Mme Guo a pris un court moment pour faire une démonstration – un tour de tête distinct, la façon dont les doigts étaient placés et dont les mains se déplaçaient, l’inflexion du ton. « Tout le monde connaissait cela », dit-elle, en décrivant plusieurs étapes fondamentales avec leur nom. Elle se rappela dans le même élan comment différents types de nouveaux personnages entraient en scène avec une introduction, et comment différents accessoires comme des épées jumelles étaient utilisés. Elle a décrit une scène d’opéra en particulier, qui était enseignée aux premières classes, représentant une jeune femme consolant un empereur avec une chanson. C’était une forme d’art systématique avec un vocabulaire de mouvement développé et un répertoire établi.

Quelques années après que Mme Guo a commencé à étudier à l’institut, l’école de danse de Pékin, rebaptisée plus tard Académie de danse de Pékin (BDA), a été créée par l’État en 1954. Cette école a été à l’origine de l’un des plus grands changements de la danse chinoise elle-même.

La création de l’école a d’abord consisté à interroger de nombreux experts de l’Opéra de Pékin pour décider de la meilleure façon d’enseigner systématiquement la danse chinoise. Ensuite, des professeurs de danse de l’Union soviétique ont été invités à diriger les classes, ce qui a introduit une autre couche de changements dans ce qui était connu comme la danse chinoise.

« Les danseurs de l’Union soviétique […] ont créé une sorte de forme hybride de ballet chinois », a dit Mme Guo.

Le ballet hybride

Les États communistes de la Chine et de l’Union soviétique avaient de bonnes relations à l’époque, et donc même si la Chine n’avait pas encore commencé à « s’ouvrir » au monde, l’État a invité de nombreux experts en danse de l’Union soviétique à servir d’instructeurs.

Elle a expliqué comment la BDA a utilisé la pédagogie du ballet dès le début. Avec l’aide des experts soviétiques en ballet et des systèmes d’enseignement du ballet, ils ont cherché à réorganiser la danse classique chinoise, en s’inspirant de la danse d’opéra chinoise avec un système d’enseignement correspondant.

Il était impossible pour les instructeurs de reprendre, et encore moins d’enseigner, quelque chose qui s’était développé au cours de milliers d’années dans son intégralité. Avec l’introduction du langage du ballet, certains éléments ont automatiquement disparu du vocabulaire, notamment les techniques de culbutes comme les sauts périlleux en l’air ou les sauts périlleux à l’envers.

La danseuse Shen Yun Kaidi Wu effectue une figure, lors du Concours international de danse chinoise classique 2016 de New Tang Dynasty Television. Des éléments tels que celui-ci ont disparu lorsque le ballet a été incorporé dans la formation de danse classique chinoise. (Larry Dai)

« Il y a beaucoup de différences […] La danse traditionnelle chinoise a des débuts explosifs et une sorte de façon circulaire de se déplacer, des mouvements arrondis », a déclaré Vina Lee, une instructrice de danse classique chinoise qui a grandi en s’entraînant dans cette période de la forme hybride de ballet chinois. À l’époque, c’était tellement mélangé qu’elle n’aurait pas su quelles parties étaient tirées du ballet et lesquelles provenaient de la danse chinoise traditionnelle.

Mme Lee, aujourd’hui présidente du Fei Tian College dans le nord de l’État de New York, a déclaré d’emblée que ce n’est probablement qu’à son arrivée aux États-Unis qu’elle a commencé à comprendre la danse classique chinoise, même si elle a été professeur de ballet pendant de nombreuses années avant cela.

Vina Lee. (Copyright Shen Yun Performing Arts)

Bien que cet ballet chinois hybride ait dominé la scène pendant quelques décennies avant de céder la place à d’autres formes, son introduction a joué un rôle important dans la perte de la danse classique chinoise.

« Parce que l’Académie de danse de Pékin utilisait cet hybride, le pays tout entier s’est mis au diapason et l’a reproduit. Ils ont mis des danseuses sur pointes », a-t-elle dit.

« Mais utiliser le ballet pour exprimer des choses chinoises, ça ne marche pas. Vous utilisez une langue occidentale pour transmettre le contenu d’une autre culture », a dit Mme Lee. Pensez à la difficulté de traduire correctement un idiome et d’en conserver le sens, par exemple, et multipliez cela plusieurs fois.

La traduction entre les langues pour les choses de tous les jours est peut-être une tâche simple, mais il s’agit d’un art qui a des racines culturelles profondes. L’Orient n’a pas de concept de la Pietà, par exemple, et l’Occident n’est pas directement familier avec l’idée de culture spirituelle.

Il existe des clivages fondamentaux entre l’Est et l’Ouest. L’Orient n’a pas de concept de la Pietà, par exemple, et l’Occident pas de modèle clair de la cultivation de soi. La Pietà de Michel-Ange se trouve dans la basilique Saint-Pierre du Vatican. (CC-BY-SA 3.0)

« Chaque geste, chaque tour de tête, chaque regard, sont typiquement et distinctement culturels. » Elle démontre, juste dans de petites choses comme l’angle de la tête, ou comment tenir vos bras ou le placement des doigts. La différence est flagrante et immédiate. De petits changements apportés à chaque étape du parcours peuvent faire beaucoup. « Ou, si le haut de votre corps est de la danse chinoise, mais que vos pieds sont sur pointes, qu’est-ce que ça veut dire ? »

« Ce n’est pas que le ballet n’est pas beau ou complet, mais c’est une forme entièrement différente », a déclaré Mme Lee. « Le ballet, c’est de belles et longues lignes, et des sauts et des atterrissages nets. Comment mélangez-vous cela ? Et les ballets révolutionnaires [approuvés par le Parti communiste chinois] avaient un message propagandiste très fort, pas tout à fait compatible avec le ballet classique non plus. »

Mais le plus grand préjudice au développement de la danse chinoise n’était pas qu’elle se mélangeait avec quelques mouvements de ballet. C’est que les valeurs de la tradition ont été extraites et ont disparu par l’introduction et la pratique de techniques d’hybridation plus poussée. La danse traditionnelle chinoise, qui provient en grande partie de l’opéra chinois, avec des racines dans les cours impériales des anciennes dynasties, n’avait jamais été transmise et enseignée à une échelle massive et nationale. Pas comme le ballet chinois hybride l’était. En quelques années, seulement, les gens ont oublié ou ont été contraints d’oublier la signification des mouvements et des récits transmis par l’opéra chinois, et les choses qui perdent leur raison d’être dans le nouveau contexte sont plus tard facilement supprimées.

La Révolution

La Chine et l’Union soviétique se sont finalement séparées ; les experts sont partis, et la Révolution culturelle a eu lieu peu de temps après.

« Soit vous suiviez le Parti [communiste chinois], soit vous étiez envoyé travailler dans les camps », a dit Mme Lee, minimisant la violence sanglante de cette période. « Il y a donc eu une interruption du développement artistique pendant un certain temps. »

Cette affiche, affichée fin 1966 à Pékin, montre aux gardes rouges comment faire face à un soi-disant ennemi du peuple pendant la Révolution culturelle. Pendant cette période sanglante, l’art a été utilisé pour rééduquer les gens. (Jean Vincent / AFP / Getty Images

Pendant cette période, il y avait ce qu’on appelait les « huit opéras modèles ». Cette série d’opéras et de ballets a été conçue par l’épouse du leader communiste Mao Zedong, Jiang Qing, et ils étaient destinés à glorifier la révolution communiste et à inaugurer le culte de la personnalité de Mao.

Mme Guo, qui avait dansé toute sa vie, a dit que personne n’avait osé présenter d’autres opéras pendant cette période. Mao a voulu remplacer le vieux avec le sien propre ; même Confucius a été rejeté. Qui oserait essayer de développer le contenu dans cette direction ?

« Que pouvions-nous jouer ? » Elle a fait quelques mouvements brusques, du genre de ceux qu’un enfant pourrait faire pour se moquer d’Hitler ou de Staline dans une marche, puis elle a fait une grimace. Si vous regardez Le Détachement féminin rouge (Red Detachment of Women), le ballet le plus connu de l’ensemble des huit aujourd’hui, il ressemble vraiment à ça. Les thèmes marxistes violents communiqués par l’élégant ballet classique axé sur le protocole sont plus ou moins une création de danse de Frankenstein.

Après la Révolution culturelle, les instituts à travers le pays ont été remplacés par diverses troupes d’arts scéniques, dont beaucoup ont changé de nom plusieurs fois au fur et à mesure du redécoupage des districts. Il y avait encore des écoles de ballet, a dit Mme Guo, mais il n’y avait rien qui s’appelait « danse traditionnelle chinoise » ou « danse classique chinoise. » Divers éléments de la danse traditionnelle chinoise, comme les techniques de culbutes ou les coups de pied spectaculaires, ont été utilisés par tout un chacun comme il le souhaitait, notamment dans les compétitions de gymnastique et d’acrobatie. La danse était un mélange de tout et de rien, sauf peut-être pour éblouir, impressionner et attirer un maximum de public. Il n’y avait pas d’autre moyen pour un artiste de gagner sa vie dans une société qui avait supprimé la culture.

« C’était une période très désordonnée », a dit Guo. « Le pire était probablement que les Chinois ne pouvaient plus reconnaître dans les arts les aspects qui étaient chinois. Nous ne pouvions pas reconnaître notre propre tradition. »

Redécouvrir la culture chinoise

Mme Lee se souvient qu’elle n’avait jamais été particulièrement fière d’être chinoise jusqu’à ce qu’elle commence à apprendre la danse classique chinoise et, par extension, la culture traditionnelle chinoise.

« J’ai dû réaliser ce qu’était la culture. »

– VINA LEE

 

« Je n’avais pas compris auparavant, et franchement, je ne m’intéressais pas aux arts chinois. Je ne savais pas comment les apprécier », dit elle. « J’ai dû réaliser ce qu’était la culture. »

Elle l’a décrit comme un processus d’apprentissage qui revient à l’essentiel, tant au niveau de l’esprit que du corps.

Tout comme le ballet a été, au fil des siècles, une expression de diverses cultures occidentales, la danse classique chinoise peut être bien comprise comme l’expression de la culture chinoise traditionnelle par le mouvement esthétique.

Nous devons tenir compte du fil du temps : C’est une civilisation qui s’étend sur 5 000 ans, avec des personnages emblématiques telles que Confucius et Lao Tseu qui étaient des contemporains proches de Socrate, considéré comme le père de la philosophie en Occident – il y de cela deux longues civilisations.

Il y a seulement moins d’un siècle que le PCC, en prenant le pouvoir, a coupé le fil continu d’une longue tradition séculaire et ancestrale jusque-là ininterrompue.

Lao Tseu chevauchant un bœuf, Dynastie Ming (1368-1644), par Zhang Lu. musée du Palais national. (Domaine public)

Alors, qu’est-ce que la culture traditionnelle chinoise ? À sa base même, il y a l’idée d’harmonie entre le ciel et la terre, et la vénération du divin. On dit qu’elle est « d’inspiration divine », car les anciens Chinois croyaient que la vie elle-même était donnée par le divin, tout comme la plupart des aspects de la culture chinoise.

Avant l’établissement de la première dynastie, il y avait les Trois Souverains ou demi-dieux : Suiren, qui a inventé le feu ; Fuxi, qui a inventé la chasse et la pêche ; et Shennong, l’inventeur de l’agriculture. Puis il y a eu les premiers empereurs, dont on croyait qu’ils avaient des capacités divines ou qu’ils pouvaient communiquer avec des êtres divins. Tout, de la langue écrite aux vêtements et à la façon dont les empereurs régnaient, avait un certain lien, un lien explicite, avec le divin.

Dans les écrits des érudits et historiens couvrant des millénaires, il y a des mentions constantes du divin et de la vie vertueuse, en accord avec le ciel, afin que les gens puissent recevoir des bénédictions des dieux. Les leçons de l’histoire à travers les nombreuses dynasties sont comprises comme étant distillé dans les cinq vertus cardinales de la bienveillance, de la droiture, de la bienséance, de la sagesse et de la loyauté. Inextricables de la culture sont également les trois religions du bouddhisme, du taoïsme, et du confucianisme.

Mme Lee poursuit en expliquant que ce système de valeurs est un élément important pour comprendre ce qu’est la danse classique chinoise, en partie parce que, sachant cela, on commence à voir la raison pour laquelle on se déplace de telle ou telle façon pour transmettre une idée ou un sentiment. La danse classique chinoise est typiquement une forme d’art du conte, et pour dépeindre ou comprendre de grandes figures historiques comme l’empereur Kangxi, le général Yue Fei ou le poète Li Bai, il faut comprendre le contexte culturel de leurs histoires. Si vous enlevez la culture de la danse chinoise, ce n’est pas vraiment de la danse chinoise.

Le spectacle de danse de Tony Xue Le Jeune Han Xin, un hommage au grand général historique chinois, lui a valu une part du premier prix dans la division masculine junior du Concours international de danse chinoise classique 2009 de New Tang Dynasty Television. (Edward Dai / The Epoch Times)

Retrouver les mouvements

Les campagnes communistes ayant laissé la culture traditionnelle chinoise en ruine, les artistes ne pouvaient plus compter sur grand-chose, même s’ils souhaitent reconstituer quelque chose d’authentique.

Mais si vous comprenez la culture traditionnelle, selon ces danseurs, vous avez déjà un grand nombre de pièces avec lesquelles vous pouvez construire quelque chose d’original, mais de traditionnel.

Il y a des idéaux clairs de féminité et de masculinité, par exemple, a dit Mme Lee, et il n’est pas difficile de dire si votre danse exprime cela. Vous commencez aussi à comprendre ce qu’est l’art traditionnel chinois et vous pouvez voir quand il y a une pièce qui ne correspond pas tout à fait ; une langue auparavant étrangère devient plus facile à déchiffrer.

« Avec la culture traditionnelle chinoise, dans l’art, une grande partie provient d’un endroit clair et calme de l’esprit. Une sorte de paix qui est précisément une oasis dans notre vie moderne et trépidante », a déclaré Mme Lee.

Avoir une compréhension fondamentale de la culture traditionnelle chinoise devient utile pour reconnaître la technique et le système de mouvements inhérents à la forme de danse également.

Beaucoup de ces mouvements ressemblent aux arts martiaux, par exemple, qui se sont développés parallèlement à l’art esthétique de la danse au cours des 5 000 ans. Mme Lee fait remarquer qu’en chinois, les deux mots partagent un homophone. Les arts martiaux sont nommés wushu, tandis que la danse est wudao, bien que le caractère wu soit écrit différemment pour chacun.

L’un des candidats au concours international de danse classique chinoise de NTDTV. (Dai Bing / The Epoch Times)

Ces formes, en fait, partagent de nombreux mouvements. Mme Lee démontre un coup-de-poing, puis de nouveau avec un début plus rapide et une fin plus douce et un tour de main pour terminer. « Vous embellissez les mouvements quand vous les utilisez en danse », dit-elle.

Les mouvements de la danse classique Chinoise ont été transmis par les cours impériales et les productions d’opéra régionales pendant des milliers d’années avant d’être éliminés pièce par pièce après la fin de la dernière dynastie. Mais les mouvements d’arts martiaux n’ont pas été affectés de la même manière.

Même lorsque les arts martiaux avaient perdu de leur popularité, ou après avoir perdu leur composante spirituelle, les mouvements et les ensembles de mouvements n’avaient pas changé, et les anciens pratiquants d’arts martiaux dans les montagnes les transmettaient encore.

« Vous ne pouvez pas changer les mouvements, parce qu’ils sont fonctionnels », dit Mme Lee. « Si vous les changez, ils ne sont plus efficaces. » Si quelqu’un vous frappe, vous dois quand même esquiver. Il y a évidemment une meilleure ou une pire façon d’utiliser une lance ou une épée. Il n’y a pas d’inventions quand on va sur le champ de bataille.

Ainsi, une grande partie des mouvements et aussi la façon dont ils se combinent ont été conservés, et beaucoup voient cela comme une bénédiction.

Ces mouvements retenus dans les arts martiaux, ainsi que la façon de se déplacer, tirée de l’opéra chinois, créent un langage très vivant.

Les mouvements eux-mêmes, ainsi qu’une approche systématique de la façon dont ces mouvements devraient être liés entre eux – inspirés du long héritage de la danse et de l’opéra – créent un langage très vivant.

Comme l’expliquent les experts, la danse classique chinoise est si expressive parce que c’est le sens d’un mouvement qui entraîne le corps dans le mouvement.

C’est ce que l’on appelle le yun, ou l’allure du danseur, qui peut incarner un empereur ou un héros précis d’une légende, ou un personnage moins précis, comme un érudit de la dynastie Tang, ou une princesse de la cour de Mandchourie.

L’impact de la culture

C’est pourquoi la technique ne suffit pas. Vous pouvez être un danseur avec les plus hauts levés de pied et les sauts les plus impressionnants, mais si vous n’avez pas le vocabulaire – la méthode de mouvement, la compréhension culturelle – lorsque vous montez sur scène, vous ne pouvez pas faire un portrait convaincant de qui que ce soit.

Répétition générale au Fei Tian College Middletown, le seul collège du pays qui offre des diplômes de danse classique BFA et MFA aux côtés de diplômes en ballet classique. (Collège Fei Tian Middletown)

Lorsque vous comprenez parfaitement la danse classique chinoise, vous vous dites : « Oh ! C’est un langage riche et complexe qui lui est propre », a déclaré Mme Lee.

Si vous parlez aux danseurs chinois classiques aujourd’hui, y compris Mme Lee, beaucoup d’entre eux comparent le processus créatif de l’apprentissage de la danse chinoise classique à celui de l’apprentissage de ce que signifie être humain. C’est en partie parce qu’en tant qu’artiste de la scène, on sert souvent de traducteur de la profondeur et de la brillance de l’expérience humaine. Tout comme les musiciens classiques interprètent pour les auditeurs les partitions de compositeurs géniaux disparus depuis longtemps, les danseurs chinois classiques interprètent en fait la culture et l’histoire divinement inspirées de la Chine ancienne.

« Ces histoires ont toutes un contexte culturel », a dit Mme Lee. « Si vous ne comprenez pas la pureté et le calme, vous ne pouvez pas l’exprimer. »

« Pour apprendre la danse classique chinoise, il faut avoir ce fondement moral et culturel – c’est pourquoi les gens la trouvent belle », a dit Mme Lee. Le public lui dit souvent que c’est si beau, mais il comprend comment et pourquoi il ressent ce calme presque éthéré.

C’est parce que ces artistes recherchent la beauté d’une nature transcendante, comme dans la beauté, la vérité et la bonté. Il suffit d’une simple torsion du regard ou d’une légère rotation du corps pour que cette beauté se dissipe – en passant de quelque chose de sincère à quelque chose d’ironique, ou pire, de vulgaire.

« Cela vient de votre état d’esprit », répète-t-elle. Votre intention dirige votre mouvement, et à travers un langage aussi riche et expressif, le public est sûr de comprendre ce que vous avez transmis. Bien que la forme elle-même ne soit pas sans limites, elle peut transmettre des choses sans limites, dit-elle.

C’est le type d’expression où votre âme est exposée.

Se tourner vers la tradition

Mme Guo, qui est la directrice de l’Académie des arts Fei Tian, et Mme Lee ont tous deux été directrices de compagnie pour Shen Yun Performing Arts, la compagnie basée à New York qui a mis la danse classique chinoise sur pied.

Certaines écoles en Chine, qui ne comprennent pas la culture traditionnelle, ont essayé de bricoler des mouvements et des styles avec beaucoup moins de succès. Ceux qui ont travaillé avec Shen Yun reconnaissent qu’elle est devenue la meilleure compagnie de danse classique chinoise à l’échelle internationale, mais ils disent que ce n’est pas parce que c’était le but recherché.

« Ces traditions de 5 000 ans, elles sont très précieuses, destinées à être préservées. » 

– GUO HUA PING

« Ces traditions de 5 000 ans, elles sont très précieuses, destinées à être préservées », a dit Mme Guo. « La tradition est de notre responsabilité, nous ne pouvons pas nous départir de cette responsabilité. Chacun d’entre nous [les artistes] avons une responsabilité. »

« Nous retournons vers la tradition et les valeurs traditionnelles – ce n’est pas facile. Même le système de valeurs ici est différent, de sorte que tout ce que nous exprimons [par rapport aux autres écoles] semble différent. Que ce soit Han Xin, ou Yue Fei, ou Wu Song, comment pouvez-vous exprimer ces personnages avec une sensibilité moderne ? Elles seraient méconnaissables », a-t-elle dit. « Et qu’essayez-vous de donner au public ? Nous ne sommes pas là pour vendre des billets, mais pour donner au public ce qu’il y a de mieux, le meilleur de la culture humaine, de la sagesse et des relations. »

Bien qu’il n’y ait pas de « répertoire classique » en ce qui concerne la danse classique chinoise, et peut-être que la pédagogie a été réinventée par diverses écoles au cours des dernières décennies, les gestes, le système de mouvements, la technique, les histoires et l’âme expressive de la forme d’art sont des choses qui sont le fruit de 5 000 ans de civilisation inspirée par Dieu.

Ceux qui poursuivent aujourd’hui la danse classique chinoise ne sont pas à la recherche de « spectacles historiquement inspirés », mais cherchent à se reconnecter profondément avec une culture qui a été violemment arrachée au peuple chinois il y a moins de cent ans. Les développements de la danse chinoise que Mme Guo a vus au cours de sa vie sont, en réalité, des développements dictés par l’État ou un résultat de la poussée de l’idéologie marxiste de l’État, et pas du tout des changements organiques menés par les artistes. Jusqu’à aujourd’hui, c’est ainsi.

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