New York : un chef d’orchestre fait monter le public sur scène

5 novembre 2017 10:15 Mis à jour: 9 novembre 2017 22:46

Comment les orchestres de musique classique peuvent-ils rajeunir leur public ? C’est en cherchant à surmonter ce défi que le chef d’orchestre David Bernard s’est souvenu avoir été fasciné par la musique la première fois qu’il s’était assis dans un orchestre.

D’où son idée d’offrir cette opportunité au plus grand nombre, en faisant monter le public sur scène pendant un concert de son orchestre Park Avenue Chamber Symphony de New York.

Des dizaines de chaises ont été installées parmi les musiciens pour les spectateurs qui, ainsi, peuvent aussi voir le maître de face plutôt que l’apercevoir seulement de dos.

« Il y a beaucoup de discussions sur le fait que la musique classique est collet monté et a trop de contraintes. Et que ça nuit au plaisir d’écouter de la musique classique », a récemment déclaré à l’AFP M. Bernard.

« La question est : Comment faire d’un concert de musique classique une expérience à part entière », a-t-il ajouté, estimant que son concept – baptisé « InsideOut » qui pourrait être traduit par « devant et derrière la scène » – est le premier au monde à une telle échelle.

Il a surtout puisé son inspiration dans le théâtre interactif pour ce projet.

Selon lui, la musique classique a tenté à maintes reprises d’être plus attractive en enrichissant les représentations d’effets visuels, de danseurs ou de célébrités de la musique pop.

Il a choisi une approche diamétralement opposée en se concentrant encore davantage sur la musique, sans même imprimer de programme qui pourrait distraire le spectateur.

Lors d’un concert récent autour du thème de Halloween avec la Danse Macabre de Camille Saint-Saëns et la Symphonie Fantastique d’Hector Berlioz, des dizaines de spectateurs ont été conduits sur scène et invités à déplacer leurs sièges pour avoir une perspective différente au sein de l’orchestre.

Ressentir la réaction du public plus rapidement

« Je pense que, à coup sûr, ça a été une expérience encore plus immersive, plus intime et ça a facilité la connexion avec les musiciens », a raconté Leana Johnson, une spectatrice.

John et Jennie Doggett ont remarqué une nouvelle dimension dans les sensations générées par la musique. « Vous la ressentez dans vos entrailles, en particulier la contrebasse », s’est souvenu M. Doggett.

La salle du concert, le DiMenna Center for Classical Music, dispose d’un équipement acoustique qui permet d’ajuster la réverbération, et ainsi de réduire mais pas supprimer les déséquilibres que les spectateurs pourraient entendre en étant assis près de certains instruments.

Le chef d’orchestre a reconnu qu’il peut y avoir des moments étranges, notamment lorsqu’il fait face à 300 personnes dont la plupart ne sont pas des musiciens.

Selon lui, ce programme « InsideOut » permet également aux musiciens de « percevoir et de ressentir la réaction du public plus rapidement et plus clairement » que dans une disposition traditionnelle. Ils vivent par conséquent eux aussi « une expérience plus spéciale ».

La violoniste Gabrielle Miskovitz a expliqué que ce format pouvait parfois être perturbant car les spectateurs gigotent sur leur chaise.

« Mais c’est vraiment plaisant et vous pouvez regarder quelqu’un les yeux dans les yeux et, d’une certaine façon, partager cette expérience. Donc c’est assez cool », a-t-elle relevé.

Le prochain concert du genre, en « trois dimensions » comme le souligne le chef d’orchestre en début de représentation, est prévu le 3 février 2018. Il doit explorer le lever du jour, avec notamment le romantique Daphnis et Chloé de Maurice Ravel.

Si toute la saison de l’orchestre qu’il dirige depuis 1999 se fera dans ce format « InsideOut », il ne cherche pas à faire des émules car son objectif est de servir de port d’accès aux concerts traditionnels de musique classique.

« Il y a aujourd’hui la notion que le public doit être rigoureusement au courant de l’œuvre, du compositeur et du langage musical pour pouvoir l’apprécier », relève le chef d’orchestre. « Pourtant, historiquement, le public (…) prend du plaisir avec les œuvres simplement en étant là et en les appréciant ».

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