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plus-iconPrévenir et accompagner l’obésité infantile

Obésité chez l’enfant : des solutions qui vont bien au-delà du simple « calories ingérées, calories dépensées »

L’obésité chez l’enfant n’est pas un défaut de caractère : elle résulte de la biologie, de l’environnement et des habitudes familiales — autant de leviers que les parents peuvent transformer pour aider leur enfant.

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Photo: Natalia Lebedinskaia/Getty Image

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Durée de lecture: 9 Min.

L’obésité chez l’enfant n’est pas un défaut de caractère : elle résulte de la biologie, de l’environnement et des habitudes familiales – autant de leviers que les parents peuvent transformer pour aider leur enfant.
Lily, huit ans, est venue dans mon cabinet avec ses parents, frustrés. À première vue, ils faisaient ce que la plupart des gens considéreraient comme « tout ce qu’il faut ». Lily buvait rarement des sodas, elle évitait le fast-food et elle mangeait chaque jour des fruits et du yaourt. Malgré tous ces efforts, son poids continuait d’augmenter.
Ses parents m’ont posé la question que j’entends souvent : « Si nous faisons des choix sains, pourquoi est-ce qu’elle rencontre encore autant de difficultés ? »
Les histoires comme celle de Lily ne sont pas rares. L’obésité infantile aux États-Unis a plus que triplé depuis les années 1970. Pendant des années, le message dominant est resté simple : les enfants prennent du poids parce qu’ils mangent trop et bougent trop peu. Mais pour de nombreuses familles, cette explication sonne creux.
L’obésité infantile en France a connu une progression préoccupante ces dernières décennies. Depuis 1997, sa prévalence a doublé, passant d’environ 8,5 % à 17 % des enfants en 2025. Les projections pour 2030 estiment une hausse de l’obésité infantile pouvant atteindre entre 25 % et 29 % des enfants en France, malgré les nombreuses campagnes de prévention engagées depuis le début des années 2000.
En réalité, le corps n’est pas une calculatrice : c’est un laboratoire de chimie. Les calories comptent, certes, mais elles sont loin de tout expliquer.

Les limites du modèle « calories ingérées, calories dépensées »

Le modèle traditionnel suppose que si un enfant mange moins de calories qu’il n’en brûle, il perdra du poids. Sur le papier, c’est vrai. Pourtant, dans la réalité, deux enfants qui mangent les mêmes aliments peuvent avoir des résultats très différents. Le métabolisme est influencé par les hormones, l’inflammation, la santé intestinale, le sommeil et même les expositions chimiques.
Comprendre ces facteurs cachés est la première étape vers de véritables solutions.

1. Inflammation

Pensez à l’inflammation comme à l’alarme interne du corps. Un peu d’inflammation est protectrice, mais lorsqu’elle reste activée en continu, les problèmes commencent. Une inflammation chronique de bas grade, souvent déclenchée par des aliments transformés, un mauvais sommeil ou le stress, peut perturber des hormones comme l’insuline et la leptine, l’hormone qui signale la satiété.
Les recherches montrent que l’inflammation chronique contribue à l’obésité en perturbant l’équilibre énergétique et en favorisant le stockage des graisses.
Solution familiale :
Se concentrer sur des aliments entiers anti-inflammatoires comme les fruits, les légumes et les poissons riches en oméga-3.
Prioriser le sommeil : la lumière bleue des écrans perturbe la mélatonine et aggrave l’inflammation.
Encourager un mouvement quotidien, qui réduit lui-même l’inflammation.

2. Résistance à l’insuline

Le rôle de l’insuline est de transporter le sucre du sang vers les cellules pour produire de l’énergie. Lorsque les cellules cessent de répondre, un état appelé résistance à l’insuline, le corps compense en produisant davantage d’insuline. Un excès d’insuline pousse le corps à stocker les graisses.
Il est important de noter que la résistance à l’insuline peut toucher les enfants même avant un diagnostic de diabète de type 2. Les études montrent qu’elle est de plus en plus fréquente chez les enfants et fortement liée à l’obésité.
Solution familiale :
Associer les glucides à des protéines et à des graisses saines pour limiter les pics de sucre.
Éviter les boissons sucrées, même les « jus 100 % », qui peuvent faire grimper la glycémie.
Encourager une activité légère après les repas, comme une courte marche, ce qui améliore la sensibilité à l’insuline.

3. Perturbateurs endocriniens

Certains produits chimiques présents dans les plastiques, les pesticides et les aliments transformés imitent ou bloquent les hormones. Par exemple, le bisphénol A (BPA), utilisé dans certains plastiques et revêtements de boîtes, a montré qu’il pouvait modifier la régulation de l’appétit et le stockage des graisses. Les enfants y sont particulièrement vulnérables, car leur corps et leur système hormonal sont encore en développement.
Solution familiale :
Conserver les aliments dans des récipients en verre ou en acier inoxydable plutôt qu’en plastique, surtout pour les plats chauffés.
Laver soigneusement les fruits et légumes pour réduire les résidus de pesticides.
Choisir des bouteilles et des contenants sans BPA lorsque c’est possible.

4. Microbiote intestinal

Des trillions de bactéries présentes dans l’intestin participent à la digestion, au métabolisme et même aux envies alimentaires. Un microbiote sain et diversifié produit des acides gras à chaîne courte qui améliorent la sensibilité à l’insuline et réduisent l’inflammation. En revanche, les déséquilibres peuvent augmenter les lipopolysaccharides, substances qui favorisent le stockage des graisses et l’inflammation chronique.
Solution familiale :
Nourrir l’intestin avec des fibres prébiotiques présentes dans les bananes, les oignons, l’avoine ou les haricots.
Ajouter des probiotiques issus du yaourt, du kéfir ou des aliments fermentés.
Limiter les aliments ultratransformés, qui nuisent à la diversité du microbiote.

Commencer dès aujourd’hui

Les familles n’ont pas besoin d’être parfaites, seulement de progresser. Voici des stratégies fondées sur la recherche, directement liées aux causes profondes de l’obésité infantile :
Le mouvement par le jeu : une activité ludique améliore la sensibilité à l’insuline et réduit l’inflammation. Une méta-analyse en réseau a montré que des activités comme la danse, le vélo ou les jeux actifs peuvent diminuer significativement le risque d’obésité chez les enfants.
Priorité aux aliments complets : les aliments entiers régulent mieux la glycémie que les snacks ultratransformés. Construire les repas autour d’aliments à un seul ingrédient.
Les habitudes familiales comptent : les repas partagés sont associés à des habitudes alimentaires plus saines et à de meilleurs résultats pondéraux chez les enfants.

Sans honte, porteur d’espoir

L’obésité n’est pas un défaut de caractère. C’est un défi de santé façonné par la biologie, l’environnement et les habitudes familiales. Pourtant, les familles ont des ressources.
Lorsque parents et enfants avancent ensemble, l’objectif ne se résume pas au poids : il s’agit d’énergie, de liberté face aux coups de fatigue liés au sucre et de résilience pour la vie.
La famille de Lily a finalement découvert que de petits changements partagés – passer aux aliments complets, prioriser le sommeil et intégrer davantage de mouvements ludiques – l’aidaient à se sentir mieux, bien au-delà de la question du poids. Même si la perte de poids n’était pas le seul objectif, ni même le principal, son énergie, son humeur et sa santé se sont améliorées. Elle nous rappelle que les enfants peuvent s’épanouir sans transformations spectaculaires sur la balance, et que le véritable but est d’élever des enfants qui se sentent forts, en bonne santé et confiants dans leur corps.
Joel « Gator » Warsh, du populaire Instagram parental @drjoelgator, est un pédiatre certifié à Los Angeles, en Californie, spécialisé dans la parentalité, le bien-être et la médecine intégrative. Il est l'auteur de « Parenting at Your Child's Pace : The Integrative Pediatrician's Guide to the First Three Years ».

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