Oui à l’immigration, mais une «immigration sélective» pour répondre aux besoins des métiers en tension

Par Anais Duroy
12 septembre 2023 21:51 Mis à jour: 12 septembre 2023 21:51

« La réindustrialisation de la France ne se fera pas sans immigration », a estimé mardi le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, réagissant à la tribune publiée dans Libération par 35 députés et sénateurs qui réclament la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les « secteurs en tension ».

Mardi, une dizaine de députés de la majorité ont cosigné avec des élus de gauche une tribune pour défendre le projet « humaniste » de régularisation des travailleurs sans-papiers dans les « secteurs en tension », mesure controversée du projet de loi immigration, combattue par l’aile droite politique.

« Cette tribune, je la soutiens d’abord en tant que citoyen (…). L’accueil, l’intégration par le travail, ça fait partie des valeurs qui ont fait la France », a déclaré le ministre sur France Info. La réindustrialisation du pays « ne se fera pas sans immigration », selon lui. Déjà « un industriel sur deux recrute de la main-d’œuvre étrangère » aujourd’hui, selon une enquête de la Banque publique d’investissement, rapporte le ministre.

Pourquoi une immigration sélective ?

« D’ici 10 ans, nous aurons besoin d’environ 1,3 million de personnes dans l’industrie : des ingénieurs, des soudeurs, des techniciens », a souligné M. Lescure. Si une bonne partie de cette main-d’œuvre viendra de France, « il va sans doute falloir aller en chercher ailleurs aussi », a expliqué le ministre.

Cependant, l’immigration doit être sélective, à l’image du « Canada (qui) le fait depuis des années » et de « l’Allemagne qui devra le faire aussi », explique-t-il. « On ne va pas ouvrir les portes en grand, on sélectionnera », a précisé M. Lescure, mais « il faut intégrer les gens qui nous aident à nous développer et à nous projeter vers l’avenir ». « Aujourd’hui on a des restaurants et des usines qui ne tourneraient pas sans l’immigration étrangère », a mis en exergue le ministre.

« Ce n’est pas la formule magique »

À la question si cette immigration est indispensable pour réindustrialiser le pays, le ministre a toutefois pondéré ses propos : « ce n’est pas la seule solution », avant d’évoquer les « enjeux de formation ». « On a encore 7% de chômage, on a des quartiers dans lesquels les jeunes doivent sortir et à qui on doit donner envie de l’industrie ».

« Ce n’est pas la formule magique, évidemment (…). Les enjeux d’intégration sont énormes : on a encore du chômage trop important des populations immigrées. » Souhaitant combattre les « caricatures », le ministre a appelé à « objectiver les débats » à l’Assemblée nationale et reconnaître qu’« on a des besoins (…) et qu’on peut y répondre, en partie, par l’immigration sélective », a-t-il conclu.

En l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, le gouvernement tente de trouver un compromis avec LR sur le projet de loi immigration, mais plusieurs ténors de droite ont réaffirmé ces derniers jours leur opposition au volet régularisation du projet de loi.

Le gouvernement pourrait être contraint de recourir à l’arme constitutionnelle du 49.3 pour faire passer le texte sans vote.

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