Pékin indique ce qu’il veut des relations sino-américaines par le biais de ses médias

Par Nicole Hao
10 février 2021 21:14 Mis à jour: 10 février 2021 21:14

L’agence Xinhua, porte-parole de l’État-parti chinois, a publié une série de quatre commentaires dans lesquels elle appelle la nouvelle administration américaine à « remettre sur les rails les relations sino-américaines » après des années de ce qu’un article a appelé « lancer du poison » sur ces relations.

« Traiter la Chine comme un concurrent stratégique majeur ou même comme un rival est une erreur historique, directionnelle et stratégique [que les États-Unis ont commise] », a écrit Xinhua dans son premier commentaire publié le 4 février. « Maintenant, la tâche la plus urgente [des États-Unis] est de se corriger pour prendre le bon chemin… Il est temps pour les États-Unis de faire preuve de clairvoyance politique et de s’approcher de la Chine. »

Le commentaire a ensuite critiqué l’Amérique pour avoir ruiné ces relations au cours des quatre dernières années, attaquant indirectement l’administration Trump.

« Certaines personnes croyaient aveuglément en ‘Amérique d’abord’, pensant de manière illusoire que le ‘découplage’ et la ‘rupture des chaînes d’approvisionnement’ pourraient arrêter la mondialisation de l’économie », affirme l’article de Xinhua.

L’ancien président Donald Trump avait suggéré l’idée de « découpler » les économies chinoise et américaine. Les responsables de son administration ont également souligné les risques pour la sécurité nationale américaine de dépendre de l’industrie manufacturière chinoise et ont appelé à la relocalisation en Amérique des secteurs critiques.

Le même jour, Xinhua a également publié un deuxième commentaire critiquant le gouvernement américain pour ses politiques qui empêchaient les chercheurs chinois d’obtenir les visas d’entrée aux États-Unis.

L’administration Trump a introduit des restrictions de visa pour les chercheurs ayant des liens avec des institutions affiliées à l’armée chinoise, en invoquant les risques d’espionnage et de vol de propriété intellectuelle au profit du régime chinois.

L’agence de presse officielle chinoise a aussi affirmé que les États-Unis « ont lourdement endommagé les échanges en sciences humaines entre l’Amérique et la Chine » en ajoutant que de nombreux étudiants chinois choisissent de rester aux États-Unis après avoir obtenu leur diplôme.

Cependant, le commentaire n’abordait pas du tout les préoccupations des États-Unis.

Le troisième commentaire a été publié le 5 février, portant sur les relations commerciales sino-américaines.

Xinhua a critiqué l’administration Trump pour avoir tenté de réduire les investissements américains en Chine, avoir encouragé les entreprises américaines à quitter la Chine et avoir réprimé les sociétés chinoises en Amérique. Les deux premiers points de ces critiques évoquaient probablement les conséquences des tensions de la guerre commerciale : les États-Unis avaient introduit des droits de douane punitifs pour lutter contre les pratiques commerciales déloyales de la Chine et celle-ci a réagi en introduisant des tarifs douaniers en représailles. L’administration Trump a également placé plusieurs sociétés chinoises sur une liste noire commerciale à cause des risques de leurs activités à la sécurité américaine ou de leur rôle dans les violations des droits de l’homme en Chine.

Toutefois, l’article de Xinhua ne mentionne pas les raisons de ces politiques de l’ancienne administration américaine.

Les troupes chinoises défilent sur la place Tiananmen à Pékin, le 1er octobre 2019. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

Le quatrième commentaire a été publié le 6 février. Il mettait l’accent sur la coopération technologique.

« Le dernier gouvernement américain a supprimé et a exclu de façon déraisonnable la science et la technologie chinoises sous prétexte de sécurité nationale. Ces méthodes étaient dégoûtantes et choquantes », lance cet article. « Le confinement technologique est similaire au chemin tortueux de l’auto-isolement. »

De nombreuses sociétés chinoises mises sur la liste noire étaient des entreprises technologiques, ce qui les empêchait de faire des affaires avec les fournisseurs américains.

Puis, le 7 février, Cui Tiankai, l’ambassadeur chinois aux États-Unis, a critiqué la politique de l’administration Biden à l’égard de la Chine lors d’une interview accordée à CNN. Interrogé sur le récent entretien téléphonique entre Antony Blinken, secrétaire d’État américain, et Yang Jiechi, diplomate de haut rang chinois, Cui Tiankai a déclaré : « Vous n’avez pas de politique étrangère efficace en vous contentant de parler durement ou de jouer les durs. »

M. Blinken avait remarqué que les États-Unis défendraient les droits de l’homme et les valeurs démocratiques au Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong.

La récapitulation de cet entretien téléphonique par Xinhua a été faite sur un ton nettement différent.

« [Blinken a dit que] les États-Unis étaient prêts à développer des relations bilatérales stables et constructives avec la Chine », a rapporté cette agence officielle d’État.

Le secrétaire d’État adjoint américain Antony Blinken serre la main de Yang Jiechi, conseiller des affaires de l’État chinois, avant une réunion à Zhongnanhai, l’enceinte de la direction du Parti communiste chinois à Pékin, le 8 octobre 2015. (Mark Schiefelbein/AFP via Getty Images)

Yang Wei, commentateur spécialisé sur les affaires chinoises, a conclu que les récents articles de Xinhua et la rhétorique des responsables chinois montrent qu’ils « essayent de menacer l’administration Biden pour qu’elle s’agenouille et les écoute ».

« En fait, nous avons vu le résultat : le gouvernement américain et Pékin n’ont pas pu s’entendre sur presque tous les sujets », a-t-il écrit dans un commentaire publié dans l’édition chinoise d’Epoch Times du 7 février.

Li Linyi, un autre commentateur sur les affaires chinoises, a expliqué que les articles de Xinhua démontraient ce que l’État-parti chinois espère de l’administration Biden.

« Le régime chinois met les cartes sur la table« , a-t-il expliqué lors d’un entretien téléphonique, et teste si la nouvelle administration répondra à ses demandes.

Joe Biden prend la parole à la Maison-Blanche à Washington, le 5 février 2021. (Stefani Reynolds/Pool/Getty Images)

Lors d’une interview accordée à l’émission Face the Nation de la chaîne CBS, diffusée le 7 février, le président américain Joe Biden a déclaré « qu’il va y avoir une concurrence extrême [entre les États-Unis et la Chine] », mais que les nouvelles relations qu’il veut établir ne doivent pas nécessairement être conflictuelles.

Le 5 février, le président français Emmanuel Macron a également annoncé lors d’un événement organisé par Atlantic Council basé à Washington : « La Chine est à la fois un partenaire, un concurrent et un rival systémique. »

Macron a expliqué que la Chine était un partenaire dans le domaine du changement climatique, un concurrent dans le domaine du commerce et un rival compte tenu de ses ambitions géopolitiques et de ses violations des droits de l’homme.

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