Philippines: la popularité de Duterte propulse sa fille à la vice-présidence

Par Epoch Times avec AFP
10 mai 2022 11:15 Mis à jour: 10 mai 2022 11:15

Le président philippin sortant Rodrigo Duterte a beau être menacé de poursuites devant la justice internationale pour sa guerre sanglante contre la drogue, la victoire éclatante de sa fille dans la course à la vice-présidence prouve que sa popularité reste au sommet.

Sara Duterte, 43 ans, a gagné lundi avec plus de la moitié des voix l’élection à la vice-présidence, un scrutin séparé de la présidentielle qui avait lieu le même jour.

Ce triomphe traduit un soutien sans équivoque pour un patronyme devenu synonyme de brutalité et d’impunité aux Philippines, un pays ravagé par la pauvreté et la violence.

Selon des chiffres officiels, plus de 6.200 personnes ont été tuées dans la campagne antidrogue menée par Rodrigo Duterte depuis son accession à la présidence en 2016. Selon les organisations de défense des droits humains, le nombre de morts s’élève en réalité à plusieurs dizaines de milliers.

Deux enfants de dirigeants autoritaires au pouvoir

Ces exécutions extrajudiciaires de trafiquants de drogue réels ou supposés ont été largement condamnées dans le monde et ont déclenché une enquête de la Cour pénale internationale. Mais la justice expéditive de Duterte a plu à de nombreux Philippins lassés de la bureaucratie, de la corruption et des dysfonctionnements en tout genre qui affectent leur vie quotidienne.

La popularité du père a déteint sur sa fille, que ses partisans considèrent comme une héritière sûre, capable de le protéger des poursuites pénales après son départ du pouvoir le 30 juin.

La victoire de Sara Duterte cimente la place de la famille au cœur du pouvoir pour six années supplémentaires, même si la fonction de vice-présidente est essentiellement honorifique.

Elle garantit aussi que le nom Duterte restera sur la liste des puissantes dynasties politiques aux Philippines.

Avec l’élection de Ferdinand Marcos Junior à la présidence, ce sont deux enfants de dirigeants autoritaires qui se retrouvent élevés aux plus hautes fonctions du pays.

Un mariage politique avait été scellé

Pendant leurs campagnes respectives, ils ont affiché leur soutien à de nombreuses politiques de Duterte-père, ce qui a alarmé les militants des droits humains, les journalistes et les chefs des communautés religieuses.

Tous s’attendaient, au départ, à ce que Sara Duterte tente de briguer la présidence.

Mais à la stupéfaction générale – et apparemment aussi à celle de son père – elle a conclu un accord avec Ferdinand Marcos Junior, fils de l’ancien dictateur du même nom et candidat à la présidence, et s’est présentée à la vice-présidence.

Déjà en novembre dernier, lorsqu’elle avait marché au bras de Marcos Junior lors du mariage d’une puissante famille près de Manille, le symbole n’avait pas échappé aux Philippins: un mariage politique avait été scellé.

L’arrangement a impliqué plusieurs puissantes dynasties politiques qui contrôlent des pans entiers du pays, et qui ont les moyens de persuader les électeurs de soutenir le candidat de leur choix.

Sara Duterte toujours restée en phase avec son père

Selon les analystes, la popularité du clan Duterte dans le sud des Philippines a joué un rôle crucial dans la victoire de Marcos Jr.

« L’avance de Marcos est en grande partie attribuable à Sara Duterte et au pouvoir des Duterte », estime l’analyste politique Richard Heydarian.

« Je pense que nous aurions assisté à une course complètement différente si Sara Duterte avait décidé de se présenter à la présidence. Il est probable que Marcos ne se serait pas présenté du tout », ajoute-t-il.

Si elle entretient des relations houleuses avec son père, Sara Duterte est toujours restée en phase avec lui sur le plan politique.

Connue pour son caractère colérique – elle a notamment frappé un huissier d’un tribunal devant les caméras de télévision – elle a un penchant pour les grosses motos et les tatouages.

Entrée en politique en 2007

Elle est mariée et a trois enfants surnommés « Sharkie », « Stingray » et « Stonefish », le premier surnom faisant référence à un « petit requin », et les deux autres à des poissons dotés de dards venimeux.

Elle est entrée en politique en 2007, en devenant pendant trois ans l’adjointe de son père à la mairie de Davao, le fief familial des Duterte. Père et fille ont ensuite échangé leurs postes pendant les trois années suivantes, et Sarah Duterte est redevenue maire quand Rodrigo a été élu à la présidence en 2016.

Elle a fait office de première dame lors de certains des voyages officiels de M. Duterte à l’étranger pendant son mandat.

Elle avait également pris sa défense pendant sa campagne de 2016, quand il avait soulevé un tollé international en plaisantant au sujet d’une missionnaire australienne violée et assassinée dans une prison à Davao en 1989.

« Ce n’est pas une blague. Je suis une victime de viol. Mais je voterai quand même pour le président Duterte », avait-elle écrit dans un post sur Instagram, effacé depuis.

***
Chers lecteurs,
Abonnez-vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.