Le géant des pneumatiques Goodyear, soupçonné d’avoir dissimulé les défauts de certains de ses pneus à l’origine d’accidents mortels en France, est convoqué à partir de mardi par un juge d’instruction de Besançon, en vue d’une éventuelle inculpation.
Les représentants légaux de deux entités de la multinationale américaine, la SAS Goodyear France, distributeur des pneumatiques, et la SAS Goodyear Operations, qui a produit les pneus incriminés et dont le siège est au Luxembourg, sont attendus dans le bureau du juge d’instruction Marc Monnier mardi et mercredi, selon une source proche du dossier.
Le magistrat décidera ou non de l’inculpation de ces personnes morales pour « homicides involontaires », « tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise » et « pratiques commerciales trompeuses », comme annoncé en avril dernier par le procureur de Besançon, Étienne Manteaux.

Ces deux derniers chefs feraient encourir au troisième fabricant mondial de pneus « une amende maximale qui peut monter jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires », avait alors souligné M. Manteaux, qui avait également précisé que des incidents similaires avaient touché d’autres pays en Europe.
Trois dossiers de collisions mortelles par l’éclatement du pneu avant gauche
L’enquête porte sur trois dossiers de collisions mortelles impliquant des poids lourds équipés de pneus Goodyear dans la Somme (nord), le Doubs (est) et les Yvelines (région parisienne), en 2014 et 2016, qui ont fait quatre morts au total. Elle a donné lieu en mai 2024 à des perquisitions chez Goodyear en France, au Luxembourg et au siège européen de l’entreprise à Bruxelles.
D’après les investigations, les accidents ont été provoqués par l’éclatement du pneu avant gauche des camions, faisant perdre le contrôle du véhicule aux chauffeurs. Pour chacun de ces dossiers, des experts différents ont conclu que l’éclatement de ces pneus Goodyear Marathon LHS II ou Marathon LHS II+ n’était pas dû à une cause extérieure mais à un défaut de fabrication.
Pas de rappel « impératif » des pneus concernés
Il est reproché au géant américain d’avoir eu connaissance de ce défaut sur ces deux modèles, mais de ne pas en avoir averti ses clients. A partir de 2013, Goodyear a mis en place des « programmes volontaires d’échange », ce qui lui a permis de récupérer environ 50% des équipements incriminés.
Mais le groupe n’a pas procédé à une campagne de rappel « impératif » des pneus concernés, dont certains sont toujours disponibles sur des sites de ventes d’occasion en Europe de l’Est, selon le procureur.
La veuve d’un chauffeur routier décédé à l’origine de l’enquête
L’enquête avait été ouverte en 2016 à Besançon après le dépôt de plainte de la veuve d’un chauffeur routier de 53 ans, décédé en juillet 2014 dans un accident. Refusant la « fatalité », elle avait mené sa propre enquête sur internet.
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