Pour le général Soubelet, « nos élites ont perdu de vue leur rôle, qui est de servir les autres »

28 novembre 2018 22:39 Mis à jour: 28 novembre 2018 23:59

À l’occasion d’une tribune publiée dans Le Figaro, l’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale a profité des remous provoqués par l’affaire Carlos Ghosn pour livrer son sentiment à propos du rôle que les « élites » doivent jouer dans la société et des valeurs qu’elles sont censées incarner.

Général de corps d’armée et ex-numéro trois de la gendarmerie nationale, Bertrand Soubelet avait fait parler de lui  en 2016 au moment de la publication du livre Tout ce qu’il ne faut pas dire. Succès de librairie avec plus de 100 000 exemplaires vendus, l’ouvrage dressait un bilan sans concessions de la situation française.

En 2013, cet ancien élève de Saint-Cyr avait déjà dénoncé les dérives du système judiciaire pendant une audition devant la mission parlementaire d’information et de lutte contre l’insécurité de l’Assemblée nationale. Il avait profité de l’occasion pour exposer sans détours les difficultés rencontrées par la gendarmerie dans le cadre de sa lutte contre la délinquance.

« Six mille emplois supprimés, une procédure trop complexe, une justice sans moyens, des délinquants dans la nature malgré l’engagement des gendarmes et des magistrats, des coupables mieux considérés que les victimes », avait regretté le haut gradé à l’époque.

Des prises de position courageuses qui avaient toutefois signé la mise au placard du général dont la carrière avait subi un coup d’arrêt aussi soudain que brutal.

Le prisme de l’affaire Carlos Ghosn

Désormais entrepreneur et vice-président du mouvement politique Objectif France, Bertrand Soubelet est revenu sur l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon dans une tribune publiée dans les colonnes du  Figaro le 23 novembre 2018.

« Sans préjuger des suites judiciaires » de l’affaire, le général s’interroge notamment sur « le modèle de grands patrons que produit la France ».

Il souligne que la plupart des cadres et des patrons des grands groupes industriels, « sortis de plusieurs grandes écoles » comme Polytechnique, Les Mines, HEC ou l’ENA, présentent un cursus relativement similaire.

Loin de critiquer la réussite de ces patrons, le haut gradé pointe néanmoins leur« rapport à l’entreprise, aux salariés et à la rémunération »

Un rapport qui serait selon lui« fondamentalement différent » de celui des chefs d’entreprise « propriétaires de l’outil de production ».

Pour le général Soubelet, « l’entreprise est un patrimoine à préserver et la vision à long terme l’emporte sur les dividendes à servir aux actionnaires ».

Il confie d’ailleurs avoir « beaucoup de respect pour ces entrepreneurs plutôt ‘familiaux’ » dont il loue la discrétion, la mesure, ainsi que la capacité à garantir un « équilibre social dans la durée ».

Limiter le rôle de « l’État actionnaire »

Selon le militaire, le rôle joué par « l’État actionnaire » dans la nomination des patrons de certains fleurons nationaux comme Renault serait susceptible de « mener à des excès ».

« Ces excès résultent de la conception bien française d’hommes ‘providentiels’ qui concentrent entre leurs mains des responsabilités écrasantes. La réussite s’évalue par des niveaux de rémunération qui deviennent un critère et une référence mais qui précipitent parfois les intéressés dans des comportements irrationnels », souligne Bertrand Soubelet en faisant référence au statut et au train de vie quasi présidentiels de Carlos Ghosn.

Pour le haut gradé, ceux que l’on considèrent comme les élites doivent absolument « être au service des entreprises et, pour le service public, être au service du bien commun ».

L’auteur de Tout ce qu’il ne faut pas dire estime d’ailleurs qu’un dirigeant se doit d’être honnête, modeste et exemplaire, aussi bien dans le domaine professionnel que dans sa vie personnelle. « Une cohérence indispensable » pour le général Soubelet.

« L’ambition personnelle ainsi que le désir de réussite et de reconnaissance sont respectables, mais ils ne doivent jamais prendre le dessus », conclut l’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale.

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