Pourquoi pleurons-nous et comment cela nous aide-t-il ?

Des scientifiques ont découvert dans les larmes des composés uniques qui confirment une ancienne conception chinoise des pleurs

Par Emma Suttie
13 avril 2022 23:30 Mis à jour: 28 avril 2023 21:16

Peu d’entre nous y réfléchisse, se posent des questions quant au fait de pleurer, de fondre soudain en larmes sans trop savoir pourquoi. Pleurer parce que nous sommes affectés, touchés d’une manière profonde, est beaucoup plus significatif qu’il n’y paraît.

Dans la médecine chinoise, les pleurs signalent une libération importante. Les pleurs nous permettent d’exprimer des émotions qui, autrement, resteraient refoulées dans le corps et, si cela perdure, entraîneraient des maladies. Un concept appelé stagnation explique ce phénomène et fonctionne à deux niveaux.

La stagnation existe à la fois au niveau énergétique et au niveau physique. La stagnation est une cause importante de la maladie, et la stagnation émotive n’y fait pas exception.

Pleurer est une des façons d’évacuer du corps et de la psyché ces choses qui se sont accumulées. Les pleurs font partie d’une réaction émotionnelle cathartique, qui nous permet de ressentir nos émotions honnêtement, et une façon pour elles de quitter le corps afin qu’elles ne puissent s’accumuler causant la stagnation.

La science des pleurs

Au cours des dernières décennies, la recherche médicale moderne s’est penchée sur cette conception des pleurs devenue un sujet d’importance dans les milieux scientifiques.

Bien que les pleurs soient un comportement universel et propre à l’être humain, les scientifiques ne s’y sont guère intéressés avant les années 1980. Même après quatre décennies de recherches et d’études, il reste de nombreuses inconnues sur les pleurs, leurs origines et leur raison d’être.

Les différents types de larmes

Notre corps produit en fait trois types de larmes à but curatif spécifique :
a) les larmes réflexes ;
b) les larmes basales ;
c) les larmes émotionnelles.

Larmes réflexe

Les larmes réflexes composées à 98 % d’eau et produites lorsque l’œil entre en contact avec de la poussière, de la fumée ou d’autres irritants tels que des produits toxiques. Elles ont pour but de nettoyer les yeux des particules nocives.

Larmes basales

Les larmes basales produites en continu maintiennent les yeux hydratés en permanence. Elles contiennent du lysozyme, un produit chimique qui agit comme un antibactérien protégeant les yeux contre les infections. Les larmes basales contiennent également de l’eau, des lipides et des protéines. Ces larmes se répandent dans l’œil chaque fois que vous clignez des yeux, le gardant humide et protégé. Les larmes basales circulent également dans le canal lacrymal jusqu’au nez, qui reste humide et exempt de bactéries.

Larmes émotionnelles

Les larmes émotionnelles sont les plus intrigantes, et c’est là que les connaissances de la médecine traditionnelle chinoise deviennent particulièrement intéressantes. En effet, les chercheurs ont découvert que les larmes libérées en réponse à des états émotionnels semblent contenir des hormones, des protéines et d’autres toxines qui s’accumulent dans l’organisme lors d’événements stressants.

Le Dr William Frey, biochimiste de renom s’est penché sur le contenu des larmes émotionnelles dans les années 1980. Cet « expert en larmes » a écrit un livre sur le sujet intitulé « Crying : The Mystery of Tears ». [Pleurer : Le mystère des larmes ndt.] Ses recherches suggèrent que ces larmes émotionnelles entraînent également la production d’endorphines, les hormones de bien-être du corps.

Les recherches du Dr Frey concluent que les pleurs émotionnels ont deux fonctions, d’une part de rééquilibrer le bien-être sur le plan émotionnel, d’autre part sur le plan physiologique de débarrasser le corps des hormones de stress nocives ainsi que des toxines. Ces hormones de stress et ces toxines s’accumulent suite à un événement stressant.

Pleurer est une fonction exocrine, explique Dr Frey. Cela signifie que les pleurs font partie de ces fonction qui sécrète des substances liquides. D’autres fonctions exocrines, comme l’expiration, l’urination, la défécation et la transpiration, sont autant de moyens de se libérer des substances toxiques et de maintenir le mouvement essentiel dans le corps.

Des recherches ont également montré que notre rythme cardiaque et notre respiration diminuent après des larmes émotionnelles, et que nous entrons dans un état psychique et physiologique plus calme. Les larmes émotionnelles apaisent l’esprit.

Pourquoi pleurons nous ?

Alors, pourquoi pleurons-nous ? Y a-t-il une autre fonction que celle de relâcher des émotions telles que la tristesse, la colère, la peur ou la joie ? Comme c’est le cas pour de nombreux éléments de la physiologie humaine et de la nature, une seule action présente de nombreux avantages.

Selon les données objectives de la science, des études suggèrent que les pleurs pourraient être un comportement d’attachement conçu pour s’attirer l’aide d’autrui.

Une étude menée à l’université de Tilburg, aux Pays-Bas, montre qu’on apporte un soutien émotionnel plus important à celui qui pleure, ce qui, on l’espère, est un résultat attendu. Il est prouvé que les pleurs libèrent des endorphines responsables de la réduction de la douleur.

Des recherches menées par des psychologues de l’Université de la Floride du sud montrent que la sensibilité de la peau s’accroît et que la respiration s’approfondit pendant et après les pleurs.

« Il est possible que les pleurs soient à la fois un signal de détresse et un moyen de rétablir l’équilibre psychologique et physiologique », affirment les chercheurs. D’autres scientifiques suggèrent que les larmes émotionnelles peuvent signaler la détresse, promouvoir un comportement de groupe, encourager le soutien social et inhiber l’agression.

Les bienfaits des larmes sur la santé

Les larmes émotionnelles contiennent une teneur élevée en manganèse, un nutriment essentiel – ce qui signifie que le corps en a besoin pour fonctionner correctement. Un faible taux de manganèse ralentira la coagulation sanguine, causera des problèmes de peau, un ralentissement de la cicatrisation et une baisse de la fertilité. À l’inverse, un excès de manganèse est toxique et peut provoquer des symptômes neurologiques tels que des tremblements, des difficultés à marcher et des spasmes faciaux.

Les larmes émotionnelles contiennent également du potassium, responsable du système nerveux, du contrôle musculaire et de la pression artérielle.

La prolactine est une hormone impliquée dans le stress, ainsi que dans la fonction immunitaire. La femme a généralement un taux de prolactine plus élevé que l’homme, et son taux augmente pendant la grossesse car c’est l’hormone qui produit le lait maternel chez celle qui allaite. De nombreuses études ont montré que les femmes pleurent plus que les hommes (5 pour 1), et cette hormone pourrait en être une des raisons. Les raisons culturelles pour ce phénomène sont actuellement à l’étude.

On a découvert que les personnes qui pleurent plus semblent moins souffrir de maladies induites par le stress, telles que les maladies cardiaques, les ulcères et les colites. Bref, les personnes souffrant de maladies induites par le stress ont tendance à moins pleurer que leurs homologues en bonne santé.

En Occident, on évite les choses jugées désagréables. Beaucoup d’entre nous trouvent plus facile d’ensevelir quelque chose de douloureux que de se libérer en pleurant une bonne fois. La vie nous présente continuellement des situations qui font surgir des émotions compliquées.

Apprendre à les gérer et à les ressentir pleinement est une façon de cultiver l’intelligence émotive, et les pleurs en sont le résultat naturel.

Le fait de pleurer fait sortir ces émotions complexes du corps tout en nous permettant de nous rapprocher les uns des autres en demandant de l’aide et du réconfort. En versant des larmes, nous signalons silencieusement à notre entourage que nous sommes en détresse.

Recevoir du réconfort et du soutien est une des façons dont nous interagissons les uns avec les autres. Cela nous touche tous. C’est un rappel que nous sommes des êtres profonds et que nous ne sommes pas seuls.

Emma Suttie est acupunctrice et fondatrice de Chinese Medicine Living, un site Web consacré à l’utilisation de la sagesse traditionnelle pour mener une vie saine dans le monde moderne. Elle a vécu et pratiqué dans quatre pays et travaille aujourd’hui à partir de son cabinet Thrive Consulting. Elle aime la nature, les arts martiaux et une bonne tasse de thé.

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